Le collectif des lauréats de l’Écoles normales et professionnelles en instance d’intégration à la fonction publique organisé un set in aujourd’hui, 23 mars au ministère tchadien de l’Éducation nationale. Ils expriment leur mécontentement suite au retard de leur recrutement à la fonction publique. Reportage.
Le temps n’était pas doux ce matin du mardi, 23 mars à N’Djamena capitale tchadienne. C’est sous une chaleur brûlante que les lauréats des Écoles normales et professionnelles ont campé dans la cour du ministère tchadien de l’Éducation nationale au quartier Moursal. Pancartes en mains, on peut lire « jusqu’à quand la fin de notre calvaire », sifflets à la bouche, chants de malheur, telle est l’ambiance qui a prévalu autour du rond-point du building.
M. Djabar Ahamat est un lauréat de l’École normale d’enseignement technique de Sarh, très remonté. Il dit qu’il est ici à N’Djamena en solidarité avec ses collègues pour revendiquer l’intégration à la Fonction publique de tous les lauréats de l’école normale. « Écoutez dans la logique, on ne devrait pas sortir et se placer sous le soleil pour exiger notre recrutement à la Fonction Publique. Nous sommes entrés dans les écoles normales par voie de concours. Nous sommes alors formés pour enseigner. On devrait être automatiquement déployés sur le terrain pour travailler. Ce n’est pas digne du tout », exprime-t-il. A son avis, ce sont les autorités en charge du système éducatif au Tchad qui ont tué l’éducation dans ce pays. Il poursuit qu’elles tiennent des réunions avec les partenaires pour dire qu’il faut améliorer le système éducatif pour rien. M. Djabar Ahamat trouve triste de parler d’une quelconque amélioration du système éducatif au mépris des ressources humaines formées et prêts à l’emploi abandonnées à elles-mêmes. « L’éducation c’est la lumière et lorsqu’on l’enterre, on va vivre mille ans dans l’obscurité », relate-t-il.
Selon Asrabaye Félicité, une des leaders du collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique, c’est une expression du ras-le-bol. Elle explique que les autorités tiennent des fausses promesses. La jeune dame rappelle qu’il n’y a pas longtemps une des plus hautes autorités les rassurait de faire partie d’une commission de recrutement qui sera mis en place. Or c’était juste pour les berner, dit-elle. « Franchement nous sommes fatigués de tout ce mensonge. Ce matin une équipe dite de négociation est venue nous voir. Ils ont promis revenir nous trouver, on ne bouge pas jusqu’à ce qu’ils reviennent nous trouver. C’en est de trop-là. Le PCMT a ordonné qu’on intègre 5000 jeunes, quelle est l’autorité plus grande que lui dans ce pays », s’interroge Mme Félicité ?
Pour M. Neuzilka Emmanuel, porte-parole du collectif des lauréats, c’est une expression de mécontentement suite au retard de leur intégration à la Fonction publique. « Voyez-vous que nous sommes légalement formés pour le besoin de cause. Malheureusement jusqu’aujourd’hui, nous en souffrons. Nous avons eu beaucoup des rencontres avec les plus hautes autorités assorties des promesses non réalisées. Nous avons estimé que ça ne va pas continuer de la sorte. Et c’est pour cette raison que nous sommes ici », signifie-t-il. Selon lui un adage dit que, la vérité ne s’expire pas, mais seul le mensonge s’expire. D’après le porte-parole des lauréats, les autorités sont prises à la gorge et ils n’ont rien à leur proposer actuellement. « Nous allons rester dans ce lieu et nous ne quitterons pas si rien n’est fait », lance-t-il. M. Neuzilka Emmanuel souligne que personne ne s’est intéressé à eux ce matin, même le ministre a quitté le bureau. Selon lui ils disent que, le pays est en phase de dialogue et dans cet état c’est difficile à trouver de solutions pour les faire sortir de cette situation précaire. « Sincèrement c’est déplorable pour notre pays », déclare-t-il.
Le porte-parole des lauréats rapporte que la sécurité s’est déployée, mais ils ne les ont pas bousculés. Il indique qu’ils ne vont pas baisser les bras, mais ils vont continuer la lutte jusqu’à la satisfaction.
Moyalbaye Nadjasna