La pratique de henné par les femmes, surtout les femmes musulmanes, est très rependue à N’Djamena, capitale tchadienne. Dans presque tous les quartiers nord de la capitale, on peut voir un salon dédié. Le henné est utilisé dans un cadre esthétique, mais aussi culturel. Ce produit malheureusement porte de substances toxiques pour la santé des femmes, relève le spécialiste en santé Dr Manikassé Pallouma, gynécologue obstétricien à la clinique Internationale. Reportage.
Zara Brahim Issa, une jeune femme d’une trentaine d’années rencontrée dans un salon au quartier Naga, dans le 4e arrondissement de N’Djamena. Elle refuse de s’exprimer à visage découvert. Elle rapporte tout de même qu’elle adore le henné qui constitue un ingrédient important de sa beauté. « Mon époux me donne de l’argent pour mes besoins. Chaque fin du mois, je me tresse et je change aussi la qualité de décoration de mes pieds et mains à base de henné. En tout cas cela dure déjà que je me fais la beauté en utilisant ce produit. Vous savez nous les femmes musulmanes on ne peut pas s’en passer », confie-t-elle. Un peu plus loin, la tenancière d’un autre salon de tatouage de henné nous envoie balader. « je suis désolée ici on ne reçoit aucun homme. C’est l’affaire des femmes. Alors foutez-nous la paix », lance-t-elle en colère. On quitte l’endroit, et on rencontre une femme qui arrive pour se faire tatouer. Elle s’appelle Absita Abakar Ali. Elle aussi refuse la photographie, mais très hâtive, elle dit qu’elle est tellement habituée à henné. « C’est la beauté, que voulez-vous ? Je m’en fiche des conséquences. Ce n’est pas tous les hennés qui sont dangereux. Souvent on utilise pour les jeunes filles qui se préparent pour les mariages, les « azouma » ou de grandes cérémonies. La maladie existe toujours, mais Dieu prend soin de nous », dit-elle.
Selon le gynécologue obstétricien à la clinique Internationale Dr Manikassé Pallouma, c’est une pratique très nocive dans la mesure où il y a beaucoup de conséquences. Les conséquences, dit-il, chez la femme enceinte et la femme non enceinte. Les conséquences nocives doublent la femme enceinte. Le professionnel de la santé signifie que les substances que contient henné sont très toxiques. « Lorsque ces substances pénètrent le corps de la femme, cela peut causer le cancer de la peau. Les substances toxiques pénètrent le sang, elles cheminent dans tout l’organisme et éventuellement, provoquent une mutation de cellules à tous les niveaux. La mutation d’une cellule développe ce qu’on appelle une cellule cancéreuse », affirme Dr Manikassé Pallouma.
Le gynécologue obstétricien soutient qu’il n’y a pas une étude systémique c’est-à-dire, basée sur le prélèvement sanguin pour une statistique fiable. Mais précise-t-il, des études ont été réalisées en Afrique de l’Ouest et ont prouvé la toxicité de l’utilisation de henné. Chez la femme enceinte, par exemple, a souligné le médecin spécialiste, le constat se fait tous les jours dans nos pratiques quotidiennes. « En tant que gynécologue ici à la clinique Internationale, nous constatons que les femmes enceintes qui pratiquent le hiné ont un taux de mortalité fœtale très élevé. Le fœtus meurt spontanément dans le ventre. Nous avons également remarqué que les femmes qui pratiquent le henné connaissent le taux d’avortement le plus élevé. Il y a d’autres conséquences comme l’accouchement prématuré, la mort fœtale in utero », déballe Dr Manikassé Pallouma.
Le gynécologue obstétricien rappelle avoir attiré l’attention de plusieurs femmes qui viennent en consultation dans sa clinique. Il démontre qu’ils ont pris deux catégories de femmes enceintes pour faire une comparaitrons mais le résultat montre que celles qui utilisent le henné font plus d’avortement et de mort fœtale in utero (enfants qui meurent dans le ventre). La conclusion tirée d’après le professionnel de santé, c’est que le hiné est toxique et pour la mère et pour l’enfant qu’elle porte. Il avertit les femmes, surtout celle qui sont enceintes que les conséquences liées à ce produit sont fatales.
Moyalbaye Nadjasna