Les pourparlers avec les politico-militaires de Doha au Qatar sont ouverts hier, mais suspendus à la fin de la matinée. Le groupe armé Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact) a quitté la salle pour exprimer son mécontentement dénonçant la pléthore des groupes armés pour diluer le poids des politico-militaires. Certains analystes et leaders de la société civile craignent que le départ du FACT et la suspension des pourparlers mettent en mal le processus du dialogue national inclusif (DNI), prévu en mai prochain. Reportage.
Les pourparlers entre les groupes politico-militaires ouverts hier à Doha au Qatar devraient permettre à tous les groupes rebelles tchadiens de participer au dialogue national inclusif (DNI), prévu au mois de mai prochain. Mais les travaux ont été suspendus en fin de matinée.
Pour le ministre tchadien des Affaires étrangères, Cherif Mahamat Zene, le plus important est que tous les invités sont présents. Il préfère que le FACT revienne sur la table des pourparlers. Selon lui, les responsables du FACT n’ont pas quitté la salle à cause du gouvernement, mais à cause de l’organisation. Cherif Mahamat Zene souligne que la suspension permettre aux deux parties de mettre en place de groupes de travail. Il espère que le FACT fera partie de ce groupe de travail pour revenir en salle et aborder les questions de fond. Au sujet du nombre des participants retenus, le ministre indique que c’est le travail du comité technique spécial (CTS), dissous. Il ajoute que ce débat ne concerne pas le gouvernement.
Selon le Pr Ahmat Mahamat Hassan, le départ du FACT de la salle n’est pas une surprise vu le début du processus engagé par le gouvernement de transition. Selon lui, le FACT a été contacté par le premier comité technique spécial dirigé par l’ancien président Goukouni Weddeye et avec lequel ils sont parvenus à un certain nombre de garanties et de points. Pour le Pr Ahmat, l’ancien président représentait la garantie et l’assurance pour le groupe rebelle pour intégrer le DNI prévu en mai pour une refonte du Tchad. Les rebelles de ce groupe estiment que depuis le départ du Président Goukouni, ils n’ont plus la garantie quant à la sincérité du gouvernement. « Ils pensent qu’avec ce grand nombre des politico-militaires qui se retrouvent à Doha, la majorité n’a pas de troupes sur le terrain pour inquiéter le CMT au pouvoir », explique -t-il. L’analyste politique note aussi que le regroupe rebelle pense que le Conseil Militaire de Transition (CMT) a un agenda caché pour noyer le vrai débat. L’ancien ministre de Justice, Garde des Sceaux, argumente en soutenant que le FACT pense qu’on les utilise pour légitimer le gouvernement de transition et le pouvoir du CMT qui n’a pas la volonté réelle d’aller vers un vrai dialogue. Et aboutir à une nouvelle constitution. « Le groupe rebelle soupçonne le gouvernement de transition et le CMT de ruser pour conserver le pouvoir ».
Abondant dans le même sens, le coordonnateur de Wakit Tama, Max Loalngar, affirme que cette suspension est le témoignage de l’existence des problèmes réels à résoudre. Pour lui, ce sont des problèmes qu’ils ont toujours dénoncés. Selon lui, si l’on prend le format de ce dialogue, l’on se rendra compte qu’il y a plus de 50 groupes politico-militaires. Alors que sur le terrain, les Tchadiens savent et le monde sait qu’il n’y a que 5 groupes politico-militaires actifs sur le terrain qui peuvent menacer la paix. Le coordonnateur estime que c’est avec ces 5 groupes qu’il faut négocier. « Nous avions dit que cette négociation ne saurait réunir uniquement les politico-militaires qu’il faut aussi associer les forces vives de la nation », dit le défenseur des droits humains. Il estime que ce qui se profile, c’est ce que le CMT veut servir en mai. Il dit avoir toujours dénoncé le fait qu’il ait un nombre pléthorique avec des applaudisseurs pour dénaturer le débat. C’est ce qu’ils veulent faire là-bas. Le coordonnateur de Wakit Tama soutient que ce n’est pas surprenant que ces assises aient été suspendues dès le début.
Jules Doukoundjé