Le Tchad est l’un des pays de la sous-région d’Afrique centrale où son système de santé peine à bien fonctionner. Certains services comme la radiologie manquent d’un plateau technique et de ressources humaines pour prendre en charge les patients. Le président de l’Ordre national des Médecins du Tchad (ONMT), Dr Mbaïnguinam Dionadji, égrène le chapelet de difficultés que rencontre le personnel soignant et appelle les autorités à ne pas politiser le système de santé. Reportage.
Des hôpitaux du Tchad souffrent d’un manque criant de plateau technique, surtout au service de la radiologie et de l’imagerie médicale. Depuis des années, ce service rencontre d’énormes difficultés. Presque pas de ressources humaines et un plateau technique adéquat permettant de poser certains diagnostics. Depuis le 5 septembre dernier, l’unique scanner du service de la radiologie de l’Hôpital général de référence nationale (HGRN) les 3 scanners que possèdent les hôpitaux publics sont en panne. Avec une population d’environ 13 millions d’habitants, le Tchad ne possède que 3 scanners. Un scanner à l’hôpital moderne la renaissance, un scanner à l’hôpital de la Mère et de l’Enfant et un autre à l’HGRN, actuel centre national hospitalier universitaire de N’Djamena.
Depuis plus de 2 ans le scanner du service de la radiologie des hôpitaux Mère et enfant et la renaissance ne fonctionnent plus. Le service de la radiologie de l’ HGRN qui dessert tous les hôpitaux du pays de Toumaï. Depuis le 5 septembre dernier, l’unique scanner en opération 24 heures sur 24 ne fonctionne plus. Pour certains techniciens qui travaillent au service de la radiologie, ce scanner installé depuis 2013 devrait durer juste 5 ans. Pour ces techniciens en imagerie médicale qui souhaitent s’exprimer sous couvert d’anonymat, rien ne marche au service de radiologie, tout est arrêté. Ils affirment ne pas savoir quoi faire avec plusieurs patients sur les bras. Selon eux, même la radio ne fonctionne plus et le service utilise un numériseur de petite capacité installé au pavillon des urgences pour faire certains diagnostics. Ils ont toutefois précisé que depuis une semaine, l’on a pu réparer le scanner, mais il ne fonctionne pas à plein temps comme auparavant. Dans les couloirs de l’ HGRN, plusieurs gardes malades munis de documents les orientent les patients au service de la radiologie. Mais, peine perdue, le service ne peut fait pour le moment moins de 10 scanners par jour. Quand ce service fonctionnait à plein temps, c’est plus de 30 scanners par jours.
Pour avoir plus d’information, la rédaction s’est rapprochée de l’Ordre national des médecins du Tchad (ONMT). Dr Mbaïnguinam Dionadji reconnaît que le service de radiologie souffre du manque d’un plateau technique. Il explique la situation actuelle de pannes qui peuvent arriver et que ce n’est pas le nombre de scanner qui est important. Il insiste qu’il faut aussi de ressources humaines. Pour le médecin et enseignant à la faculté de science de la santé, le Tchad possède moins de 10 radiologues. « Ce n’est pas par gaieté de cœur que le médecin peut observer son malade sans réagir » regrette-t-il. Au sujet du manque de médecin, il ajoute que le pays a connu des années de guerre et que ce retard serait dû à notre système de gouvernance. Pour lui, les choses sont en train d’être rattrapées, même si la progression est lente. Le président de l’ONMT révèle que la médecine n’a pas été épargnée à cause de tout ce qui s’est passé et se passe au Tchad.
Le système de santé à reconstruire
Au sujet de manque de scanners dans le pays, il précise que c’est un outil d’exploration, il y a plein de choses qui manquent dans le domaine de la santé que les populations ignorent. Pour lui, ce n’est pas le scanner qui traite, c’est juste un outil d’exploration. « On manque de beaucoup d’autres moyens d’explorations que les gens ne savent pas », dit Dr Mbaïnguinam Dionadji. À son avis, le pays est en insécurité sanitaire. Selon lui, les autorités sanitaires disent que la santé est prioritaire, mais dans les faits, pas grand-chose n’est fait. Le médecin affirme qu’il y’a trop de discours politiques, mais en réalité, c’est autre chose. « Nous les professionnels de la santé, nous utilisons les moyens de bord pour faire face aux problèmes dans le système de santé », dit-il. Pour lui, le système de santé a besoin d’être reconstruit pour être à la hauteur de l’attente de la population. Il estime que la santé est quelque chose de précieux qu’on doit prendre au sérieux. « On met tout sur le dos du médecin. Le système est malade, ce n’est pas le médecin qui va changer quoi que ce soit à seul. Il faut que le système soit dynamique, qu’on mette les gens qui peuvent faire le travail », explique le président de l’ONMT. À son avis, si on joue sur les fibres politiques, ça ne peut pas marcher. S’exprimant sur le manque de scanner au Tchad, il souligne que ce sont les choses qui peuvent être momentanément résolues. Pour lui, le vrai souci ce qu’on fait croire que ce sont les agents qui ne font pas bien leur travail. Il a cité plusieurs hôpitaux publics du pays qui n’ont pas de services de réanimation et qu’il faut s’attaquer à ce problème.
Jules Doukoundjé