L’arrestation des leaders de la coalition d’opposition et de la société civile Wakit Tama, fait réagir plusieurs membres de la société civile et certains partis d’opposition. Ils dénoncent cette arrestation et estiment que c’est un mauvais signal pour la démocratie. Reportage.
L’arrestation des 3 leaders de la plateforme des actions citoyennes Wakit Tama a fait réagir plusieurs. Ils ont été poursuivis pour avoir organisé une marche pacifique le 2 octobre passé. Pour Younous Mahadjir, vice-président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), l’arrestation et la garde à vue des leaders de Wakit Tama, dont Barka Michel, président de l’UST est inopportune. Selon lui, on arrête des citoyens connus pour les interroger, parce qu’on les accuse des choses qui n’existent pas. Le syndicaliste estime que cette arrestation est une intimidation et que ce pouvoir ne connaît rien d’autre que la force. « C’est un pouvoir barbare, il a toujours été barbare depuis 30 ans et on l’a combattu et nous allons continuer à le combattre », affirme, Younous Mahadjir. Le vice-président de l’UST indique que ses actes ne vont pas émoucher leur volonté de lutte contre ce système de mauvaise gouvernance qui a existé depuis 30 ans et qui est en train de perpétrer en pis par le fils de Deby qui a pris le pouvoir illégalement et illégitimement. Il promet que l’UST qui est membre de Wakit Tama ne va pas courber l’échine. Pour eux, leur lutte est légitime, légale et que la plateforme des actions citoyennes Wakit Tama est une organisation de la société civile, des forces vives et par conséquent, ils ne lâcheront pas. « L’arrestation de nos camarades nous donne plus de forces, que de faiblesses. Nous pensons que le pouvoir va comprendre un jour que c’est notre pays et nous avons le droit d’exiger la justice dans ce pays », affirme-t-il.
Le bureau exécutif de l’UST s’est réuni hier en urgence pour se pencher sur l’arrestation de leurs camarades et de leur président Barka Michel. Au cours de cette rencontre, le bureau exige la relaxe pure et simple des leaders de la plateforme des actions citoyennes qui n’ont fait qu’exprimer la liberté de manifester inscrite dans la constitution du Tchad.
Le vice-président de l’UST, a par ailleurs indiqué que le gouvernement doit continuer les négociations avec les leaders de Wakit Tama au lieu de montrer ses muscles par cet acte d’intimidation. Il met en garde les autorités de la transition sur cette dérive qui risque en cause tout accord de paix postérieur et éventuellement celui qui pourrait advenir. Younous Mahadjir appelle les travailleurs à suivre avec minutie la procédure judiciaire contre leur camarade Barka Michel et les autres leaders de Wakit Tama. Pour lui, il est inadmissible d’arrêter des leaders de travailleurs et des leaders de la société civile en général. Par conséquent selon toujours le syndicaliste, au cas où cette arrestation se confirme, ils vont revoir leur position, surtout en ce qui concerne la signature du pacte social qui a eu lieu le 04 octobre dernier.
Abondant dans le même sens, le président de l’UNDR, Saleh Kebzabo dénonce l’arrestation des leaders du mouvement des actions citoyennes Wakit Tama. Pour lui, on ne peut pas être traîné en justice et gardé à vue parce qu’on a organisé ou soutenu une manifestation. « Autant j’ai toujours dénoncé les brutalités policières, autant je désavoue la justice dans ce cas », dit l’homme politique. Saleh Kebzabo qui soutient le gouvernement du CMT estime que l’arrestation de ces leaders est un mauvais signal pour notre démocratie.
Gardés à vue lundi soir dans les locaux de la police après leur audition par la police judiciaire, les 3 leaders de Wakit Tama, Barka Miche, Sitack Yombatinan Béni et Félix Marting ont été présentés mardi au procureur de la République. Ils ont été libérés, mais la justice pourrait demander à leurs avocats de les ramener chez le juge à tout moment.
Jules Doukoundjé