Le mois d’octobre est appelé aussi « Octobre rose ». C’est le mois de sensibilisation contre le cancer. Cette année, l’accent est mis sur le cancer du sein. Au Tchad, la Ligue tchadienne de lutte contre le cancer mène des activités dans la capitale pour commémorer cette journée. Reportage.
13 heures passées, nous entrons dans le bureau de Dr Manikassé Palouma. Il est le président de la Ligue tchadienne de lutte contre le cancer (LTLCC). Après les convivialités d’usage, nous échangeons sur le problème du cancer, précisément sur le cancer du sein. Selon lui, le cancer du sein est la multiplication des cellules du noyau du sein de manière incontrôlée et indéfinie. Le gynécologue obstétricien précise que c’est le premier cancer féminin qui touche beaucoup des femmes. Il soutient que les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estiment à 10 millions de nouveaux cas du cancer du sein sont détectés par an. « Une femme sur 9 sera atteinte du cancer et une femme sur 27 en mourra. Au Tchad, le cancer du sein représente 33,5 % de cancer féminin », explique-t-il.
Dr Manikassé Palouma dit qu’en 2018, la LTLCC a procédé au dépistage du cancer du sein et de l’utérus. « Elle a détecté 457 cas suspects donc 156 cas du cancer du sein et 291 du cancer du col de l’utérus », ajoute-t-il. Pour Dr Manikassé Palouma président de cette ligue, on fait plus de mal que de bien aux femmes dépistées. « Ces cas suspects restent à confirmer par des examens complémentaires. Les patientes n’avaient pas les moyens pour faire ces examens parce qu’ils coûtent cher. Au final, ces femmes sont restées avec le doute et sont abattues psychologiquement. En principe la ligue qui a osé faire ce dépistage devrait prendre les femmes en charge. Malheureusement elle venait de voir le jour donc elle n’a pas non plus les moyens de le faire», explique-t-il.
Selon lui, il est inadmissible qu’au 21e siècle, un pays comme le Tchad ne dispose pas d’un plateau technique ou d’une unité de prise en charge des femmes victimes du cancer. Tout de même, la LTLCC plaide auprès des partenaires et surtout du ministère de la Santé publique de trouver de toute urgence une unité de soins palliatifs pour les malades du cancer. Le président de la ligue indique que cette unité de soins palliatifs ne demande pas beaucoup de moyens.
Le cancer du sein est une maladie qui peut se soigner avec une guérison totale à la seule condition qu’on arrive à poser le diagnostic très précocement, dit le gynécologue obstétricien. Dr Manikassé Palouma déplore le fait que toutes les femmes qui se présentent à l’hôpital avec un cancer du sein sont déjà à un stade avancé de la maladie. Et ne peuvent plus être soigné malheureusement. Il conseille aux femmes âgées de plus de 35 ans de faire le dépistage précoce. De faire, elle-même, l’auto palpation de leur sein tous les soirs. Un élément essentiel selon lui. « Ou alors se mirer seins nus pour constater s’il existe une différence entre les seins ou une modification de la peau du sein », ajoute-t-il. Le président de la LTLCC affirme aussi que la tumeur n’atteint pas 1,5cm, ce qui la rend difficilement repérable. Aussi, les femmes sont appelées à se faire suivre très tôt et faire la mammographie tous les deux ans afin de détecter précocement le cancer pour espérer le guérir. Des activités de conférences-débats, de formations, d’émissions radiophoniques et de marche sont prévues par la LTLCC afin de marquer ce mois d’octobre rose.
Kouladoum Mireille Modestine