Après les attentats du 15 juin à N’Djamena (capitale du Tchad), les arrestations et les mesures mises en place par les autorités, l’heure est à la revendication. L’organisation Boko Haram rebaptisée “Etat islamique, province Afrique de l’Ouest” a revendiqué les attaques. Enfin, on a pu coller des noms et des visages à ces événements.
“Le frère Abou Hamza Al-Ansari et le frère Abou Al-Sadiq Al-Ansari ont mené deux opérations martyres avec deux ceintures d’explosifs contre l’académie de police et le commissariat central. Ces attaques ont tué des dizaines d’apostats [personnes qui ont renié leur religion] et blessé plus d’une centaine d’autres – Allah est louange et gratitude ! Nous demandons à Allah d’accepter nos frères parmi les martyrs”, conclut le document signé : Etat islamique, province Afrique de l’Ouest.
Un communiqué haineux. Les mots “des dizaines d’apostats tués et blessés” glacent le sang. La haine. Toujours la haine, avec ces fous d’Allah.
Désormais la guerre est déclarée. La guerre par les armes. La guerre par les mots. La guerre par les attentats kamikazes. La riposte à tous crins suivra. La riposte à la riposte aussi. Le cercle vicieux. Celui de la légitime défense tant l’ennemi est insaisissable. Celui de la sécurité publique tant cette guerre est un nouveau défi. Mais, pour la gagner, il faut quelque chose de plus : de l’intelligence. Pas seulement de la force.
Comment faire ?
1) Investir dans le social
Le président Deby Itno ne doit plus continuer à faire du social un simple slogan quinquennal mais un vrai souci. Le gouvernement doit monter des programmes concrets afin d’aider les jeunes Tchadiens à sortir du chômage. De leur donner des perspectives d’avenir. Que ce soit par le sport, les arts ou la musique. Que ce soit par l’aide aux petits entrepreneurs. Ou par l’intégration, sans bakchich, des diplômés dans la fonction publique. Avec pour seul critère l’obtention d’un diplôme ou d’une attestation de formation.
2) Contrôler le financement des associations religieuses
Passer de fond en comble les associations aux financements douteux. Identifier qui les finance ? Vers quels secteurs sont alloués ces fonds ? Permettre certaines activités d’assistance sociale de ces associations seulement sous la supervision de l’Etat. Réguler leur fonctionnement afin d’éviter le prosélytisme.
3) Surveiller le contenu de l’enseignement religieux
Encadrer la formation des imams par un cursus bien défini. Ne peut s’autoproclamer imam n’importe qui. N’importe comment. Redonner de la visibilité à l’islam tchadien. Cet islam de confrérie “soufie”, “tidjania”… Un islam tolérant et paisible. Combattre l’islam wahhabite conquérant et agressif qui peu à peu est en passe de supplanter l’islam des origines. Boko Haram n’est qu’une des variantes du wahhabisme.
La riposte aux derniers attentats n’est que le début d’une longue guerre contre le terrorisme. La solution à ce mal ne peut être uniquement militaire. Ne peut être seulement policière. Ne peut être uniquement dans les renseignements. La solution doit être aussi sociale.
Bello Bakary