L’artiste tchadien, auteur-compositeur et interprète, Kaar Kaas Sonn vient de publier en juillet dernier un livre intitulé « Pour l’amour de Camille ». Ce livre de 122 pages est édité au Tchad par les éditions salon des belles lettres et la coédition française (édition Lavalcades) qui parle de l’amour entre 2 jeunes européens. Dans un monde en proie à la haine et aux guerres, l’auteur tente de soigner ces maux qui minent l’humanité par l’amour, car sans l’amour, il n’y a pas d’humanisme. Entrevue.
Le livre raconte une histoire d’amour improbable entre deux jeunes Européens qui sont venus en Afrique pour des raisons personnelles et antagoniques. Gwen, le breton, est venu au Nigéria pour gagner beaucoup d’argent en faisant un travail particulier qui l’amène parfois à transporter des colis dans la région du Lac Tchad, où sévit une secte bien connue Boko Haram (BH). Tandis que Camille est une jeune Française qui croit encore à l’humanité et s’est engagée dans une ONG qui prend soin des gens qui ont survécu aux affres de la même secte et qui se sont réfugiés au Lac Tchad. Leur rencontre se fait dans une boîte de nuit à N’Djamena, au Tchad. Pour l’auteur, le choix du titre d’un Roman est souvent l’affaire de l’éditeur. Mais, c’est peut-être une histoire qui porte l’espérance. Shakespeare n’a-t-il pas dit que « ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter ». Pour lui, dans l’enfer que vivent les gens dans cette zone de l’Afrique, il y’a un puissant moteur qui les tient en vie. Expliquant le contenu son livre, Kaar Kaas Sonn cite un autre auteur, Oscar Wild qui disait « seul l’amour peut garder quelqu’un vivant ».
En réalité, l’auteur-compositeur et musicien s’inspire de l’enlèvement de près de 300 jeunes lycéennes à la mi-avril 2014 à Chibok, au Nigéria par la secte Boko Haram sans que personne ne sache où elles ont été transportées. Cette histoire effrayante a permis à Kaar Kaas Sonn qui n’est pas à son premier livre, de se poser de questions sur les ambiguïtés et les soutiens équivoques de la secte au Nigéria, et peut-être ailleurs. « Alors, j’ai commencé à me questionner, comme vous-même l’avez fait sans doute », explique-t-il. Et comme dit Zola « le roman est… une enquête générale sur l’homme et sur le monde ». Et Kaar Kaas Sonn ajoute « alors je sonde ce monde et une partie de ses mystères ».
Qui est Kaar Kaas Sonn ?
Né en 1973, Kaar Kaas Son a fait des études de droit, d’administration, de diplomatie et d’économie. Il vit et enseigne en France. Il a publié plusieurs livres de divers genres. Il est également auteur-compositeur et musicien. Le prodige natif de Sarh a enregistré une dizaine d’albums musicaux. Kaar Kaas Sonn a grandi à N’Djamena, mais comme tous les Tchadiens, il a fui la guerre civile de 1979 avec ses parents pour se réfugier à Béré, puis à Laï (Tandjilé) dans le sud où il a passé ses belles années d’enfance.
Très actif et préoccupé par la transition au Tchad. En répondant à la question, s’il croit à cette transition, il répond sèchement : « pas du tout, parce que le CMT lui-même est un fichier vérolé. Il est illégitime et veut faire croire qu’il voudrait conduire une transition ». Selon lui, avec une charte qui n’est que le continuum du régime de Deby père, il est difficile de croire à un lendemain meilleur. Il estime qu’il faut être naïf pour croire que les mêmes personnes, le même système, bref le même logiciel qui a amené le pays où il est aujourd’hui, vont apporter un changement. « Ils font feu de tout bois pour préserver leurs acquis sur la douleur et la misère des Tchadiens », affirme-t-il. Pour que la transition puisse réussir, il faudra associer la diaspora. Elle a fait de propositions très concrètes si le CMT a réellement des ambitions de réussir, il pourrait s’en servir. Mais, l’artiste regrette que ce ne soit pas le cas pour le moment. À son avis, à cette allure, le pays court vers la catastrophe.
Par amour pour l’humanité et pour le Tchad, lisez « Pour l’amour de Camille », de Kaar Kaas Sonn.
Jules Doukoundjé