La Coordination des actions citoyennes, Wakit Tama, vient d’achever sa 2e marche pacifique ce, 07 août 2021. L’itinéraire est le même. Rassemblement et départ au Rondpoint Hamama, 8e arrondissement de Ndjamena, capitale du Tchad. Le mouvement boude le Conseil Militaire de la Transition(CMT), exige, la révision de la charte de transition et le décret de création du Conseil National de la Transition (CNT)
Kiri Justin, vit au quartier Walia, 9e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Il est une victime, blessée lors de la manifestation du 27 avril dernier sévèrement réprimée par les forces de sécurités. Ce jeune d’environ 29 ans se sert de sa béquille pour se mettre en rang avec ses camarades ce samedi 07 août. « Mais je ne vais pas croiser les bras, je continuerais à marcher tant que je vivrai pour une cause noble. La justice est rendue au nom du peuple tchadien et il faut qu’elle soit une réalité dans cette nation. Je suis déterminé et je vais foncer malgré mon état, car mon avenir et celui de mes cadets et cadettes y dépendent », dit-il. Noudjiram Jean Paul, un autre marcheur, il est écrit sur sa pancarte : non à la France. « Tant que la charte n’est pas révisée, nous ne cesserions pas de marcher jusqu’à ce que cela change. Nous ne voulons pas du CMT. Nous voulons un pays de liberté, un pays où il fait bon vivre. Nous ne voulons pas que la France se mêle de nos affaires ». Alladoum Maxime aussi marche et en donne ses raisons, « le CMT a une manœuvre inconnue. Et nous lui disons non. Le peuple tchadien est longtemps opprimé et martyrisé et cela suffit. Nous ne voulons plus demeurer dans l’esclavage, il faut que cela cesse. Nous sommes fatigués de tout dans ce pays. »
Arriver au point de chute, palais du 15-janvier de N’Djamena, la parole a été donnée aux représentants des jeunes sans-emploi, aux personnes handicapées, aux retraités, aux victimes de l’ancien président dictateur tchadien Hissène Habré et aux coordonnateurs de la plateforme Wakit Tama. Le Représentant de la plateforme des diplômés sans-emploi a lancé un appel aux diplômés sans-emploi d’aller se faire recenser. Il précise que, l’opération de recensement a débuté depuis le 02 août. Selon lui cette identification va leur permettre d’envisager d’éventuelles actions à mener. Pour le représentant des victimes de Habré, c’est la corruption et la méchanceté qui mettent aujourd’hui les gens dans la route. « Il faut que nos dirigeants comprennent que le Tchad appartient à tous. Nous voulons changer le comportement de tous les Tchadiens, à travers Wakit Tama », déclare-t-il. Les retraités affirment qu’ils ont 5 mois d’arriérés de pensions. « Ceux qui ont marché et qui ont été gazés par la police, un de leur qui est asthmatique vient de rendre l’âme. J’ai marché à cause de ses trois slogans du CMT, non au CMT révisé la charte et le décret concernant le CNT », dit leur représentant.
« Wakit Tama arrêtera que si l’étendard de la justice est élevé »
Monsieur Younous Mahadjir, Vice-président de l’UST affirme que c’est par la lutte qu’on peut libérer notre pays. Selon lui, il faut que ce système soit abattu, avant d’ajouter que, si un peuple veut se libérer il doit braver le destin, casser la chaîne de l’esclavage. « Celui qui participe dans la compromission n’existera pas dans l’histoire », précise-t-il. Mahamat Nour Ibedou abonde dans le même sens : « nous voulons la justice pour la jeunesse. Elle marche pour arracher son destin et tous nous disons non à ce système. »
Dr Sitack Yombatnan, citant un éminent penseur relate que « le monde n’est pas dangereux à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui restent dans le mal et qui accompagnent le mal. Ceux qui se mettent à accompagner le mal et ne disent rien et jouent à l’indifférence sont plus dangereux que ceux qui tuent les gens. »
Pour clôturer la manifestation pacifique, Me Max Loalngar, Coordonnateur de Wakit Tama, salue la mémoire des jeunes tombés dans la lutte. « Un pas encore un pas et tenir à gagner chaque pas », affirme Me Loalngar. Selon lui, le mouvement Wakit Tama arrêtera que si l’étendard de la justice s’est élevé. Il rajoute que si l’on veut un Tchad juste pour tout le monde il faut être déterminé. Il apprécie le génie créateur des jeunes marcheurs, qui ont initié un chant révélateur. « Ils nous ont dit qu’il est mort au combat, mais en réalité c’est un coup d’État », réitère-t-il.
Le coordonnateur de Wakit Tama annonce qu’une rencontre d’évaluation de la marche va se tenir le lundi prochain afin de déterminer la date d’une autre marche.
Moyalbaye Nadjasna