Les lauréats des écoles professionnelles de l’État entament une grève de faim de trois jours ce mercredi 30 juin. Ils revendiquent leur intégration à la Fonction publique.
Réunis pour évaluer les pourparlers avec les autorités, les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique ont unanimement décidé d’observer une grève de faim de trois jours.
« En avant, en avant pour l’exil », c’est avec ce refrain de la chanson de « souffrance » que ces lauréats se sont réunis autour du porte-parole de leur collectif, Neuzilka Emmanuel. Pour la énième fois, ils évaluent l’évolution des pourparlers engagés avec les autorités.
« Les négociations n’ont abouti à rien », annonce Neuzilka Emmanuel à ses camarades qui, déjà, ont le visage triste. « Ils vont de promesse en promesse. Et là franchement on est fatigués. On est devenus allergique au mot « patientez », fait-il savoir. Car, d’après lui, cela fait une dizaine d’années que les lauréats des écoles professionnelles attendent d’être intégrés. « On a tout vu, tout écouté, sauf l’arrêté d’intégration », déclare-t-il.
La décision, observer une grève de faim de trois jours. « Nous allons nous primer de manger. Nous sommes déjà des mourants. Donc nous allons mourir collectivement ici », harangue-t-il ses camarades de lutte.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les grévistes, venus avec des couchages, se sont installés dans la cour de la Bourse de travail. Certains sont allongés, d’autres jouent à des jeux de distraction, d’autres encore animent de petits débats. La grève de faim est lancée.
D’après le porte-parole du collectif, la grève est aussi une forme de lutte. Même si la grève de faim est assez osée, Neuzilka Emmanuel trouve que ça résume leur souffrance. « Grève de faim, si c’est fort ce n’est pas plus fort que ce que nous vivons. Nous souffrons énormément. Nous n’avons plus besoin d’égrainer ici nos situations. Cette foule que vous voyez, elle est dépourvue, sans moyen de subsistance », tempête-t-il. Toujours d’après lui, c’est aussi un moyen de faire pression sur le gouvernement afin de statuer promptement sur leurs cas. « Nous n’avons pas encore baissé les bras. Nous étudions d’autres stratégies. Et l’option de quitter le pays n’est pas non plus écartée », rappelle-t-il.
Dans l’après-midi, les grévistes ont reçu la visite de Yaya Dillo Djerou, président d’honneur de la plateforme politique dénommée Front national pour le Changement (FNC). Celui-ci est venu leur apporter son soutien dans cette lutte. D’après lui, cette situation que vivent ces lauréats est la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue depuis des décennies. « Sinon comment comprendre qu’un Etat normal mette en place des écoles professionnelles et ne trouve pas des points de chute aux personnes formées », s’interroge-t-il.
En réalité, dit-il, lorsque l’Etat créé une école professionnelle c’est pour répondre à un besoin particulier. « Créer des écoles professionnelles, former des jeunes et les laisser à la merci de la nature, je crois que cela démontre combien de fois notre gouvernement manque d’initiative et de politique efficiente pour développer le pays », juge-t-il.
Autre soutien, celui des pasteurs des églises pentecôtistes. Ces trois hommes de Dieu, suspendus par le ministère de l’Administration pour leur participation à une marche, étaient présents aux côtés des grévistes. Des prières ont été dites pour implorer la Miséricorde de Dieu. « Nous nous en remettons à Dieu », conclut Neuzilka Emmanuel.
Le 24 juin, ces diplômés en instance d’intégration ont tenté de quitter le pays. Mais ils ont été empêchés et dispersés par la Police. Les autorités ont engagé des discussions avec les leaders de ce collectif. Mais ça traine au point où cet ultime sacrifice a été décidé. Tiendront-ils ou pas pendant ces trois jours ? La suite le dira.
Christian Allahadjim