Malgré les multiples sensibilisations faites sur le problème de la défécation à l’air libre dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Rien n’y fait. L’incivisme de certains les conduits à se soulager non loin de la Maison de Dieu entre la tente d’assignation de l’Église catholique et la propriété de l’ambassade du Nigeria. En face de la Place de la Nation, c’est un champ de selles humaines. Reportage.
Le soleil est à son zénith. Derrière la tente d’assignation de la Paroisse Notre Dame, un air chaud brille les visages. Des odeurs suffocantes des selles humaines prennent en tenaille narines et gorges des passants. Ici des carcasses des chats morts. Là des tas d’immondices. Tous les soirs sur cet espace les jeunes jouent au football. Tous les matins des apprentis conducteurs s’entraînent en vue de passer leurs permis de conduire de voiture ou de motos. Apparemment, personne ne se soucie de l’insalubrité dû à l’incivisme. Même pas les responsables de la Mairie.
Pour Abbé Achille, responsable de la Paroisse Notre Dame, des efforts ont été faits autour de ce lieu. Il propose que la Mairie place de bacs à ordures autour ça pourrait être une solution. « Plusieurs convoitent cet espace et estiment qu’il devrait être un site commercial », dit le religieux. Selon lui, il y a longtemps, la Paroisse a adressé une lettre au Maire sortant pour dénoncer l’incivisme des citoyens et le développement d’un marché illégal autour d’eux. D’après Abbé Achille, le ministère de la Défense est venu chasser les gens de ce marché illégal. Mais actuellement et à leur grande surprise, tout a repris, se plaint-il. « C’est dommage, les gens n’ont pas peur même du lieu saint. Nous pensons que nous sommes comme en Égypte et un jour nous allons repartir à Canaan, la terre promise ».
Lui, c’est Ahamat Souleymane, « Ici c’est le cœur de la ville, mais ce qui se passe est terrible. Les gens défèquent partout en plein jour sans être inquiétés. Dès qu’on leur signifie leur incivisme, ils deviennent agressifs », dit-il. Le feu est au rouge à la Place de la nation, Poradoum Ngartolnan, un passant s’arrête et commente, « ceux qui font cela sont des ennemis de la santé publique. Je propose à la mairie de construire les latrines publiques. Ou alors affecter autour du site des policiers municipaux pour donner amender les contrevenants ».
Rappelons que l’Objectif de développement durable (ODD), vise à mettre fin à la défécation à l’air libre. Il vise aussi à favoriser l’accès de tous aux conditions équitables des services d’assainissement et d’hygiène adéquats. En juillet 2017, un rapport de programme conjoint de monitorage (JMP) fixant la ligne de base des nouveaux indicateurs relatifs aux ODD. En même année, une enquête relève que 90% de la population tchadienne n’a pas de toilettes ou en disposent d’une toilette, mais elles ne sont pas conformes à une gestion hygiénique des excréments. « 68% soit 9,5 millions de personnes défèquent à l’air libre. Seulement 10% de la population tchadienne dont 4 millions utilisent un service d’assainissement hygiénique avec élimination des matières fécales surplace ou traitement hors site», précise toujours le rapport. La ville de N’Djamena contribue avec 2,6% de taux de défécation à l’air libre, indique le rapport.
L’analphabétisme et l’ignorance de la population tchadienne constituent un grand défi pour mieux comprendre l’hygiène. Si les Tchadiens veulent vivre dans un environnement sain, chacun à son niveau doit arrêter et sensibiliser les autres sur les méfaits de la défécation à l’air libre, uriner sur les murs ou coins et recoins des édifices publics. Ces pratiques sont nuisibles à la santé de tous.
Moyalbaye Nadjasna