Plusieurs membres de l’opposition démocratique se sont réunis ce mercredi, 21 avril à N’Djamena, capitale tchadienne. Objectif : faire le point sur la question de la transition après la mort du président tchadien le 20 avril dernier. Quelques leaders de l’opposition se sont également prononcés à titre personnel sur cette situation militaire au Tchad. Reportage.
Dans une déclaration, ce 21 avril, les partis politiques de l’opposition démocratique, condamnent avec ce qu’elle appelle coup d’État constitutionnel opéré par les généraux après la mort du président Idriss Deby Itno. Ils rejettent toute dévolution monarchique du pouvoir au Tchad. Les leaders d’opposition appellent à l’instauration d’une transition dirigée par les civils dans le respect de l’ordre républicain à travers un dialogue inclusif. Ils mettent en garde les autorités françaises, notamment, le président français Emanuel Macron, le ministre des Affaires Etrangères Jean Yves Le Drian et les généraux de l’armée française de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures du Tchad. Ils appellent la population à ne pas obéir aux décisions illégales, illégitimes et irrégulières prises par le Conseil Militaire de la Transition (CMT). «La charte de la transition, le couvre-feu, la fermeture des frontières etc. et à demeurer vigilant contre toute forme de prise de pouvoir ou de sa confiscation par la force», indiquent-ils. D’après eux, toutes les parties en conflit doivent faire taire les armes au plus vite et à s’assoir pour une solution pacifique et salutaire pour le Tchad. Aussi demandent-ils, à la communauté internationale d’accompagner le peuple tchadien dans la restauration de l’Etat de droit et de la démocratie. «Le non-respect de ces points pourrait amener les signataires de ces déclarations à appeler la population à un soulèvement populaire», concluent-ils. Signé par le porte-parole Mahamat Bichara.
Un coup d’État ne promet jamais un avenir radieux …
Selon Masra Succès, président du parti Les Transformateurs, trois choses sont à relever par rapport à la mise sur pied du CMT. La première chose, dit-il, c’est que les tchadiens ont demandé un dialogue. «Un dialogue entre tous les tchadiens qui doit permettre de mettre sur pied des institutions de transition. Ce qui est fondamental. Nous l’avons déjà fait en 1993 et personne n’était déçu. Ce qui va être une conférence inclusive et représentative de tous les tchadiens», signifie-t-il. Pour lui, c’est ce dont le peuple tchadien attend. D’après lui, il faut faire en sorte que les acteurs qui sont les politico-militaires, les gens de la diaspora doivent se retrouvent ensemble et déterminer les organes de la transition, les modalités de la transition. «Ce qui serait une transition collective et la meilleure manière de garantir la stabilité du Tchad», précise le président des Transformateurs. La 2ème chose, a poursuivi Masra Succès, c’est le minimum à partir duquel on doit aller. Ce minimum déclare-t-il, c’est le respect de la constitution actuelle. «Ce qui va permettre ainsi, à ceux qui pourront être responsabilisés soient à même de convoquer l’organisation de ce dialogue. Ce nous permettra d’y ajouter les éléments qui manquent à cette constitution et aller de l’avant. Ce, dans une collégialité et une diversification de toutes les forces», explique-t-il.
En fin, le jeune leader politique relève que les tchadiens ne veulent pas une transition directe du pouvoir. « Ils ont d’ailleurs dit qu’ils ne veulent le système du pouvoir de Deby, et l’ont exprimé à maintes reprises. On ne peut pas commencer par un coup d’Etat et promettre un avenir radieux, ce n’est pas possible », martèle-t-il. Selon lui, la Charte de la Transition a été fabriquée dans la nuit et c’est une obscurité sans fin. «Cette charte ne prévoit pas seulement 18 mois mais 18 mois fois deux donc au minimum 3 ans. Et il n’y a pas de garantie d’une fin. On va créer toujours une situation pour le prolonger», démontre Masra Succès. Les tchadiens n’acceptent pas la confiscation du pouvoir militaire au détriment de la volonté du peuple, a-t-il terminé son propos.
Mahamat Allabo, est SG du Parti pour la Liberté et de la Démocratie(PLD). Il estime que l’opposition démocratique a déjà donné sa position. « Nous sommes contre la mise en place d’un Conseil militaire transitoire. Il s’agit pour nous d’un coup d’État. La constitution prévoit que c’est le président de l’Assemblée nationale qui assure l’intérim ». Pour lui, ce que les militaires ont fait est contraire à l’ordre constitutionnel. Selon lui, si le président de l’Assemblée nationale refuse, il a son vice-président qui peut le faire. C’est une question d’institutions et non des hommes qui vont toujours passer, clame-t-il. « On n’est pas d’accord que les militaires et les enfants Deby se mettent devant et prennent encore le pouvoir. Ce qui se passe s’appelle une succession monarchique».
Moyalbaye Nadjasna