La rentrée scolaire 2020-2021 est fixée pour le 1er octobre 2020. Parents et élèves se grouillent pour être à jour. Reportage.
N’Djaména. Avenue Mobutu. Le soleil est au zénith en ce jeudi 24 septembre. Il fait légèrement chaud. C’est l’heure de la pointe, la circulation est un peu dense. L’avenue a l’air d’une avenue commerciale. Sacs, moustiquaires, cahiers et bien d’autres articles sont étalés à même le sol, d’autres accrochés sur des cordes ou même tout le long de la clôture du Lycée technique commercial. Parmi les articles, les cahiers et autres fournitures scolaires sont exposés en bonne place. C’est le signe que c’est la veille de la rentrée des classes. Séraphin pratique ce commerce depuis 8 ans. Devant son étal, des parents d’élèves se bousculent pour se procurer cahiers, stylos et autres articles pour leurs enfants.
Salaire et crédit bancaire
Kalgonbé Dédibé est enseignant et père de 15 enfants. Il est venu acheter quelques fournitures chez Séraphin. Pour lui, la rentrée des classes ne se prépare pas à la veille. « J’ai beaucoup d’enfants. Donc pour ne pas me laisser surprendre à la veille, j’ai commencé à acheter les fournitures, peu à peu, jusqu’aujourd’hui », dit-il. Si M. Kalgonbé s’est préparé depuis le mois de juillet, ce n’est pas le cas d’autres parents. Ils font les achats à la dernière minute. Lucienne, une fonctionnaire rencontrée chez Séraphin est du genre dernière minute. « J’ai compté sur le salaire de ce mois (septembre) pour préparer la rentrée de mes enfants. Et Dieu merci le virement est passé aujourd’hui », dit-elle avec un sourire en coin. « C’est un risque », a réagi M. Kalgonbé. Pour lui, on ne sait pas quand le gouvernement vire les salaires. Et compter sur le salaire du mois de septembre pour préparer la rentrée est risqué.
Si chez certains parents le salaire peut suffire pour préparer la rentrée scolaire, chez d’autres on fait recours aux crédits bancaires. C’est le cas de M. Marabeye Richard, un enseignant. « Grâce au crédit scolaire que la banque m’a accordé, j’ai pu faire la réinscription de mes enfants et les nécessaires pour leur rentrée. Maintenant, je réfléchis à comment rembourser cette dette ? », dit-il.
Pour cette année, M. Kalgonbé pense que les prix des sacs pour écoliers sont exorbitants. « Ça fait 3 jours que je traine en ville pour acheter des sacs. Mais les prix ne sont pas abordables. Pour avoir un bon sac, il faut au moins 8 000F et plus ». Mais selon Djimnayal, vendeur des sacs, les prix de vente varient en fonction de la qualité du produit.
La main à la pâte
Les parents ne sont pas les seuls à préparer la rentrée des enfants. Certains jeunes se remuent pour épauler leurs parents. Séraphin, le vendeur, est lui-même élève à Béré dans la province de la Tandjilé. Il passe en classe de Terminale. Selon lui, cela fait 8 ans qu’il fait ce commerce pour assurer sa scolarité. « À toutes les vacances, mon grand-frère et moi venions à N’Djamena faire notre petit commerce. Avec les bénéfices, je repars au village m’inscrire », raconte-t-il. Cette année, la première semaine, les affaires étaient difficiles. Mais il espère qu’avec le virement des salaires, les jours avenirs seront prospères. Comme lui, des nombreux jeunes N’Djamenois pratiquent des petites activités génératrices de revenus pendant les vacances pour préparer une bonne rentrée des classes.
Nodjibé Serge est licencié en Biologie. Il s’est lancé depuis peu dans le commerce de détail pendant les vacances. Pour son cas, il ne s’agit pas de préparer une quelconque rentrée académique, mais pour s’occuper. Il vend des chaussures pour adulte et enfant. Au début, les affaires étaient bonnes. « Mais là le marché est saturé avec la rentrée qui se pointe », se plaint-il. « Nous, les vendeurs ambulants, nous sommes nombreux et les affaires tournent difficilement bien », affirme-t-il.
Par contre, les vendeurs de tissu et les tailleurs se frottent les mains. « Dans les marchés, les allées de ces vendeurs ne désemplissent pas », dit un élève rencontré sur le marché de Dembé. Les prix des tissus varient. « Le super cent se vend à 3 000F le mètre et le tissu simple à 2 000F », explique Abdoulaye Tidjani, commerçant au marché de Dembé.
Moussa Diop est un tailleur de nationalité sénégalaise, il s’est installé au quartier Moursal. Dans son atelier, son équipe et lui sont mobilisés. « Les commandes des tenues nous submergent. Nous travaillons d’arrache-pied pour satisfaire la clientèle », dit-il. Un pantalon se confectionne à 4 000F et une chemise à 3 000F.
En attendant la rentrée officielle des classes le 1er octobre, parents et élèves ont encore quelques jours pour être fins prêts.
Christian Allahdjim
Orthom L’Or