Cours en ligne, à la télévision, à la radio, reprise express, le gouvernement a tenté de sauver l’année scolaire en cours. Il y a trois jours, les cours en présentiel sont terminés. Ialtchad Presse est allé à la rencontre des élèves qui apprécient diversement les différentes méthodes utilisées. Reportage.
« La pandémie du coronavirus nous a empêché de bien fréquenter. » C’est par ces mots de mécontentement de Mahamat Abakar, élève en Terminale G1 au Lycée Technique Commercial Boudjouri que nous abordons notre sujet. En effet, l’apparition du tout premier cas du coronavirus au Tchad le 19 mars passé a amené les autorités à interdire tout rassemblement de plus de 50 personnes. Ce qui a conduit à la fermeture des établissements scolaires. Mais pour sauver l’année scolaire en cours, le gouvernement a pris l’initiative, début avril, de donner les cours via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (télévision, radiodiffusion, plateforme) pour les élèves en classe d’examen, notamment la 3e et la Terminale.
Nguinambaye Rose, élève en Terminal A4 (TA4) au lycée Felix Éboué, dit n’avoir pas pu bien profiter de ces cours. « Moi je n’ai pas pu suivre le cours une seule fois. Dans notre quartier, l'électricité est rare. En un mois, on n’est alimenté que 4 ou 5 fois », dit-elle. À cela, il faut ajouter aussi le coût de la connexion Internet. « Pour avoir accès aux cours en ligne, il faut se connecter. Et le coût est cher et la connexion ne dure pas. Toutes ces difficultés ont fait que je n'ai pas pu profiter de ces cours », explique-t-elle.
Course contre la montre
Après trois mois de cours dispensés en ligne, le gouvernement vient d’autoriser à nouveau les cours en présentiel pour 45 jours. Ils ont commencé le 25 juillet en mode express. Pour les élèves le délai est jugé trop court. Conséquence, c’est la course contre la montre. « Le retour n'était vraiment pas facile, mais avec le temps on s'est adapté. Les enseignants ne donnent plus le cours comme d'habitude. Pour avancer vite et faire le nécessaire, ils étaient obligés de résumer les cours. On n’utilisait que les polycopies. Les enseignants se présentent juste pour expliquer », dit Mounira Ousman, élèves en TA4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno de Farcha. Malgré ce rythme, les enseignants n’ont pas pu finir les programmes. Pour se rattraper, Mounira est active dans d’autres groupes. « On n’a pas pu finir avec les programmes. Je me suis donc inscrite au cours préparatoire du bac et je m'entraîne aussi avec les amis d'un lycée privé pour combler le vide », ajoute-t-elle.
Si dans certains établissements, la suspension des cours a joué sur leurs programmes, d’autres étaient nettement en avance. « Avant d'aller en congé forcé, nous avons fait la moitié des programmes parce que nous avons déjà composé le deuxième trimestre », déclare une élève du Lycée Acdiffus. Même son de cloche du côté du Lycée Académie Royale où les élèves se réjouissent de la création d’une plateforme. « Grâce à notre plateforme, certains enseignants ont pu finir leurs programmes », dit Amma Koissé Limane, élève en TC. Selon Mlle Amma, le retour à l'école est une occasion pour certains enseignants de pouvoir finir leurs programmes et pour d’autres de commencer avec les exercices.
Au Lycée Hérédité par exemple, un groupe Whatsapp est créé pour chaque filière pour assurer la continuité des programmes. Ce que déplorent les élèves de cet établissement, ce que les choses sont allées trop vite avec la reprise en présentiel. « Au retour, l'ambiance n'est plus la même, les enseignants ont leur objectif à atteindre, celui de finir les programmes. Cela fait qu'ils ne prennent plus le temps de bien expliquer les cours », se plaint Bodré Jean, élève en TD au lycée Hérédité. Néanmoins celui-ci se dit rassuré pour les examens. « C'est pour la deuxième fois que je vais composer. Et comme j’ai mes cours de l'année passée, je suis prêt pour l'examen, mais je crains le sort des nouveaux », affirme-t-il.
Au moment de publier cet article, les cours ont déjà pris fin. Et les candidats au baccalauréat sont appelés à composer le 17 août. Selon l’Office national des examens et concours du supérieur (ONECS), ils sont 87 500 cette année.
Orthom L’Or