En Décembre 1990, le renversement du régime du Président Hissein HABRE et la prise de pouvoir par les combattants armés du Mouvement Patriotique du Salut, MPS, ont entraîné une nouvelle ère politique au Tchad. Après l’engagement solennel du Colonel Idriss DEBY en faveur du multipartisme et de la démocratie, l’installation du nouveau régime s’est suivie par la création de quelques formations politiques à partir de 1992.
Aussitôt, les leaders de ces Partis politiques avaient exigé la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine. Ce forum, à la mode en Afrique, était un cadre idéal de concertation sur les conflits du Tchad et pourrait aboutir à des solutions communes et acceptables pour tous. Le contexte d’après la Conférence de la Baule aidant, cette idée a été encouragée vivement par la Communauté internationale et les pays amis du Tchad, dont certains avaient même contribué financièrement. Mais pour les stratèges avertis de la politique africaine de la France, la C.N.S. n’était qu’une opportunité de faire légitimer le nouveau régime de N’Djamena.
Bref, après de longues et difficiles confrontations politiques entre le Pouvoir et les Partis de l'Opposition, cette Conférence Nationale Souveraine s'est tenue du 15 Janvier au 7 Avril 1993. Certains Mouvements de l'Opposition politico-militaires n'avaient pas y participé. Et au cours même du déroulement des travaux de la C.N.S., des affrontements armés avaient eu lieu dans certaines régions du pays, entre les forces gouvernementales et de Groupes des rebelles. Malgré cela, les bases des Institutions étatiques ont été revues et mises en place. Une période de transition difficilement expérimentée avait conduit à l'adoption par référendum d'une Constitution. Cette Loi fondamentale de la République devrait régir le fonctionnement des Institutions et Organes de l'Etat. Alors, comment se présente aujourd’hui la situation politique du Tchad ?
De 1990 à nos jours, trois élections présidentielles avaient été organisées en 1996, 2001 et 2006, aboutissant à la victoire du parti au pouvoir et à l'élection du président Idriss DEBY ITNO. Quant aux élections législatives, elles ont abouti à la mise en place des Parlements en majorité MPS, mais regroupant aussi quelques représentants des partis politiques de l'Opposition, y compris ceux de la mouvance présidentielle.
Malgré la présence des Observateurs internationaux, ces élections ont été souvent contestées. Mais les vives tensions survenues se sont vite dissipées, du fait de la menace de répression brandie par le pouvoir, mais aussi à cause de l’incapacité notoire des leaders de l’Opposition politique à mobiliser les populations tchadiennes contre une éventuelle usurpation de l’expression de leur suffrage.
De même, plusieurs Gouvernements avaient été constitués et dissous, occasionnant parfois une valse d’entrées et de sorties des Ministres, dont certains sont expérimentés et rompus aux affaires alors que d’autres ne maîtrisent pas assez les questions politiques et de gestion de l'Etat. Leur nombre total aujourd’hui est aussi pléthorique que celui de nos Généraux et Officiers supérieurs, dont certains n’ont jamais effectué de simple visite à une École de Guerre. En fait, qu'est-ce que ces Messieurs ont-ils réalisé pour notre pays ? Quelle est donc la situation politique du Tchad actuel, treize ans après la Conférence Nationale Souveraine ?
D’abord, il faut noter que depuis l’arrivée du Président Idriss DEBY ITNO au Pouvoir, presque tous les leaders de l’Opposition et les Politico-militaires, avaient participé à la gestion du pays, soit par eux-mêmes, soit par leurs représentants au Gouvernement. C’est lorsqu’ils sont remerciés ou parfois éjectés comme des ballons, qu’ils commencent à diaboliser le Pouvoir et nous rappeler leurs propres et tristes défaillances. Certains cessent de claironner, dès qu’ils reçoivent des subsides financiers occultes ou de simples promesses de poste au Gouvernement ou dans des Conseils d’Administration des Entreprises et Sociétés d’Etat. D’autres, le Pouvoir les a laissé engloutis dans leur opposition radicale, alors ils crient au scandale et réclament des Tables rondes pour espérer revenir encore aux affaires.
Au Tchad, la gestion de l’Administration du pays est souvent confisquée par les Hommes du pouvoir, un cercle de nomenklatura très restreint échappant même aux membres du Gouvernement. Parfois et selon les circonstances, elle est partagée de temps à autre, entre les uns et les autres, partisans et adversaires du régime. En fait, il n’y a que le Pouvoir qui souffle le chaud et le froid sur l’Opposition politique ou sur les Politico-militaires. Au-delà de leur agitation et tapage, les gouvernants tout comme les Opposants ne défendent que leurs intérêts personnels. Ainsi, les populations tchadiennes subissent et le pays en pâtit.
Alors, quelle que soit la volonté et le talent de nos leaders politiques au pouvoir ou de l’Opposition, l’important pour les populations, c’est la paix et la stabilité. Cela pourrait peut-être encourager les opérateurs économiques nationaux et étrangers à investir sereinement dans le pays. Mais faut-il encore que nos gouvernants veillent au respect des lois et règlements pouvant garantir les droits et obligations de chacun.
Malheureusement tel n’est pas le cas et c’est dommage…De plus, le tribalisme et le régionalisme voilés sous le couvert de la géopolitique et liés au clientélisme partisan, étaient érigé implicitement en méthode de gouvernance. Cette stratégie qui permet en fait de récompenser certains parents et amis, avait conduit à l'exclusion systématique et injuste d'autres Hommes et Femmes de grande valeur, plongés dans l’anonymat
Est-il normal que dans un Etat dit républicain, tous les Régies et Services financiers soient attribués systématiquement aux originaires d’un ou deux groupes ethniques, apparentés au sommet du Pouvoir ? Il en est de même dans l’Armée, la Gendarmerie et autres Services de Défense nationale ou encore dans certaines Sociétés d’Etat et des Missions diplomatiques.
L’exception ou du moins l’ouverture temporaire opérée récemment, n’est que la conséquence des dernières défections des parents du Chef de l’Etat, partis en rébellion armée, après avoir longtemps opprimé les populations, abusée du pouvoir et des fonds de l’Etat. Si le Tchad était un Royaume, cela se comprendrait. Et même dans les systèmes monarchiques, le pouvoir est largement partagé pour encourager l’adhésion de toutes les couches sociales de la population, afin de préserver au moins l’idée d’une certaine nation commune. La pauvreté quotidienne et la misère sociale dans le pays avaient transformé certains de nos dirigeants qui refusent d’appliquer les principes élémentaires d'un véritable Etat de Droit, pouvant régir tous les citoyens tchadiens sans aucune discrimination.
Lors des Déclarations générales à la C.N.S. en 1993, un des éminents intervenants avait souligné que «le Tchad est pris en otage depuis 1979 par certains groupes». Ce réel constat difficile à accepter, avait suscité des vives réactions diverses, à la fois positives et négatives. Mais aujourd’hui encore, cette déclaration reste actuelle et valable, tant pour nos gouvernants au pouvoir, que pour ceux de l’Opposition armée. Ce sont les mêmes groupes qui gouvernent le pays et le gèrent souvent de manière sectaire. Et ce sont toujours les mêmes qui se rebellent indéfiniment, tentent de déstabiliser à la fois le pays et son Opposition armée. Jusqu'à quand pourrait-on continuer à tolérer de telles pratiques ? En effet, d'autres déclarations plus sévères avaient été faites, mais cela n'a pas altéré la volonté des participants à la C.N.S. et des Tchadiens en général, de rester et vivre ensemble dans un Etat unitaire et laïque, fondé sur les principes de Droit.
La C.N.S. qui est aujourd’hui classée au calendre grec, avait été réclamée et suivie avec beaucoup d'intérêt. Bien que ses résultats n’aient pas été à la hauteur des attentes de nos concitoyens, l'ensemble des participants avait opté pour restaurer des Institutions légales, qui vont assurer la régulation des Organes d'un Etat tchadien de type républicain. Ce choix confirme certes le rejet de la prise ou du maintien du pouvoir par la force. C'est aussi en fait, la volonté du consensus national en vue de maintenir la paix et la stabilité dans notre pays. Alors, est-ce que nos dirigeants et leaders politiques ont-ils pu préserver cet acquis essentiel ?
Aujourd'hui, treize ans après la C.N.S., les affrontements armés existent et continuent de manière sporadique. Nos leaders politiques au pouvoir ou de l'Opposition armée, persistent à lutter par la force, soit pour conserver ce pouvoir, soit pour tenter de le prendre. Les principales Institutions étatiques sont mises en place, mais leur fonctionnement laisse à désirer, faute de la capacité des Hommes qui la dirigent ou des interférences intempestives de nos gouvernants. La C.E.N.I, le Conseil Constitutionnel, le H.C.C, la Cour Suprême, etc. constituent des grosses machines qui sont plus au service du Pouvoir que des citoyens. Les Partis politiques, les Associations de la Société civile, tout comme les Mouvements de lutte armée se sont multipliés de manière anarchique. Leur nombre exact est difficile à évaluer et ils n’ont aucune stratégie d’encadrement des populations. Et le Tchad reste plongé dans la recherche de la paix et de sa stabilité.
S'agissant des élites et cadres de l'Administration publique, qui doivent répondre aux sollicitations des citoyens et assurer la pérennité de l'Etat, beaucoup sont plongés dans la course de réussite facile et dans la corruption généralisée, oubliant parfois de préserver leur dignité, honneur et intégrité.
Quant aux membres des Gouvernements, chefs de nos Administrations, il y a certes, une petite minorité qui tente difficilement de sauver l’honneur de la Nation. D’autres utilisent des intrigues pour faire semblant de travailler ou impressionner le Chef de l'Etat. Au lieu de s’atteler au travail pour mériter leur éphémère position, ils ne s’investissent que pour faire obstruction à certains de leurs collaborateurs qui ont des compétences et références sérieuses. Par des subterfuges ridicules, ils les empêchent souvent de participer à la gestion des grands dossiers de l'Etat. A quand cela pourrait-il continuer ?
En faisant fi des conseils techniques de leurs collaborateurs, certains de nos Ministres persistent dans l’erreur et posent des actes qui portent atteinte aux intérêts du Tchad. La gestion de notre Administration et du pays en général, se fait au jour le jour, selon leurs humeurs sensibles et leurs intérêts personnels. Les exemples sont multiples et connus de tous. La négociation du Contrat d’Exploitation du Projet pétrolier de Doba en est un. Et, «les exonérations abusives attribuées aux Compagnies pétrolières par des simples notes ministérielles» méritent une méditation profonde. Heureusement que le Chef de l’Etat s’est enfin réveillé pour tenter de mettre un peu de l’Ordre. Si cette vigilance pourrait s’étendre sans complaisance, à tous les secteurs de l’Etat, ça serait un déclic honorable pour le Tchad.
L’une des malheureuses conséquences inévitables de cette situation est que des remaniements ministériels se succèdent, créant ainsi une instabilité gouvernementale chronique et un nomadisme abusif des responsables et chefs des services. Cela entrave certes le suivi et l’évaluation des dossiers importants de l’Etat et surtout sa défense vis-à-vis des partenaires extérieurs et pays amis. Lors de notre récent contentieux avec la Banque Mondiale, certains de nos gouvernants s’étaient brillamment distingués par un mutisme absolu. Dans l’Opposition politique et au sein de la Société civile, certaines personnes passionnées avaient même dénoncé la position du Tchad et soutenus celle de la Banque Mondiale. En tant que personnalité indépendante, nous avons dit NON et dénoncé clairement la mainmise de la Banque Mondiale sur notre pays et sur ses revenus. L’inévitable question est que:Où étaient donc passés les défenseurs des intérêts et de la souveraineté de notre pays à cette période cruciale? Le Dossier Pétrole du Tchad est encore d’actualité et le débat reste ouvert, car chacun aura son mot à dire…
Plongé ainsi de facto dans cette lutte d’intérêts entre ses collaborateurs politiques, et préoccupé surtout par la stabilité de son régime, le Chef de l’Etat qui devrait être le garant de nos Institutions, est souvent lui-même débordé. Certains de ses Ministres l’amènent parfois à prendre des Actes sans évaluer les conséquences et risques qui pourraient porter atteinte à son pouvoir et entraver la crédibilité du pays.
Quant à ses Conseillers et Chargés de mission dont le nombre s’accroît en fonction des événements et du contexte politique, certains n’existent que par leur présence symbolique au Palais rose. Quant aux autres qui assument correctement leur fonction, leurs efforts sont anéantis par la nonchalance de ceux qui préfèrent la figuration politique. Quel travail sérieux pourrait-on faire, dans un tel encombrement du Haut Sommet de l’Etat, par des gens qui ne font pratiquement rien, alors que des compétences nationales sérieuses sont ignorées ou exclus. Ce paradoxe n’encouragerait-il pas certains à recourir à la lutte armée pour tenter de prendre le pouvoir par la force ?
Le Tchad n'est pas une propriété de quiconque et ne le sera jamais. Le silence et la patience de certains ne les empêchent pas de recourir aussi à la lutte armée pour défendre leurs droits. Les révoltes populaires de Fort Lamy en 1963 et de MANGALME en 1965, sont anciennes mais restent toujours une référence de réaction contre l’injustice et la discrimination.
L'histoire contemporaine du Tchad nous a montré que la rébellion armée pouvait perdre des batailles, mais pas la guerre. Elle pourra accéder au pouvoir, soit par la force, soit par des négociations politiques. Les anciens présidents TOMBALBAYE, MALLOUM, GOUKOUNI et HABRE ont tous combattu la rébellion armée, parfois avec l’appui des Forces étrangères, sans pouvoir l’éradiquer définitivement. Le président DEBY ITNO n’a pas intérêt aujourd’hui à suivre leur exemple, car le Tchad est un pays fragile et tout peut se passer. Par contre, la lutte armée depuis le FROLINAT en 1966, en passant par les Tendances Politico-militaires des années 1980 et les multiples Fronts actuels, n’a jamais servi d’alternative crédible de stabilité politique au Tchad. Alors, le dialogue politique est donc toujours nécessaire.
Certaines personnes s’arrogent naïvement la capacité ou la qualité de guerriers et rejettent toute culture de tolérance et de paix. Aussi, à l’ère du millenium, des méthodes ancestrales révolues ne pourront jamais permettre de gouverner un Etat moderne. La prise de pouvoir par la force relève des pratiques anciennes du Moyen Age. Mais excédés de fois par des méthodes de gouvernance dans notre pays, certains patriotes sont de plus en plus favorables pour une réelle lutte armée, en vue d’une alternance au pouvoir. Les gouvernants actuels semblent les ignorer et les rejeter, même si la Communauté internationale nous encourage de dialoguer et de trouver un consensus global. Pourquoi alors nos dirigeants au pouvoir ou de l'Opposition ne tirent pas les leçons utiles de notre passé récent ?
Pour les Opposants politiques et les politico-militaires, c’est le président DEBY ITNO qui serait l’obstacle principal de la paix au Tchad. Certains lui reprochent son incapacité de bien gérer le pays et d’autres son refus de mettre en place un Etat, fondé sur les principes de démocratie et du respect des Droits de l’Homme. Mais tous l’accusent de rejeter les offres de négociation globale et de persister à maintenir le Tchad dans les conflits armés.
Pour le Pouvoir de N’Djamena, le dialogue politique est important et il reste disposé à l’entreprendre avec ceux qui veulent la paix. Mais vu le nombre pléthorique de ces Opposants politiques et politico-militaires, comment et surtout avec qui négocier ? Néanmoins, il préfère se concerter avec l’Opposition politique de l’intérieur et non pas avec ceux qui ont opté pour la lutte armée.
Et même dans ce cas, aucun effort substantiel ne semble avoir été fait pour aller vers un consensus sérieux avec l’Opposition pacifique de l’intérieur. Le Pouvoir a préféré composer surtout avec les formations politiques qui ont accompagné le président DEBY ITNO à briguer encore un autre mandat. Ainsi, avec l’exclusion systématique des politico-militaires et le contournement de l’Opposition dite radicale, il n’y a pas en fait un réel consensus pouvant aboutir à la paix et à la stabilité dans le pays.
Les négociations, quelles que soient leur nature, politique, économique ou sociale, dépendent toujours des enjeux et des rapports de force. Et pour dialoguer ou négocier, faut-il encore avoir en face de soi, des adversaires et partenaires organisés, crédibles et capables de s’engager à prendre des décisions et de respecter leur application.
Politiques ou politico-militaires, la situation des Opposants tchadiens avec leurs structures multiples, reste confuse et délicate. Au lieu de se concerter pour avoir une stratégie de lutte commune, ils perdent le temps dans des querelles de leadership ou de Commandement de leurs troupes. La réalité est que, tous traînent avec eux, comme nos dirigeants au pouvoir, des germes sensibles du tribalisme. Leurs visions et intérêts divergent, tout comme leur expérience politique. Sont-ils réellement engagés ou décidés à changer la situation politique au Tchad ou veulent-ils simplement préserver leurs intérêts occultes en divertissant nos populations ? En fait, comment se présentent-ils ?
Certains leaders, anciens et expérimentés, ont une maturité politique réelle et conséquente. Souvent, ils tentent mais n’arrivent pas à rassembler tout le monde, compte tenu de leurs interminables calculs ou de leur passé parfois compromettant. D’autres, n’ayant pas de qualification déterminée, auraient amorcé brièvement la vie active, sans avoir assez d’expérience professionnelle, ni politique. Enfin, il y a aussi, des amateurs qui étaient en général des anciens étudiants ou combattants. N’ayant jamais exercé dans la vie active, ils sont plongés ou laissés entraîner dans l’Opposition, sans aucune expérience politique, ni militaire.
En plus de l’expérience politique, un Opposant crédible doit avoir une assise sociale ou populaire, mais aussi une capacité financière qui lui permettrait de bien mener ses actions. À cela, il faut y ajouter des contacts politiques dans la Communauté internationale, qui pourrait jouer le rôle de médiation et de conciliation ou encore d’Observateur en vue de l’application et du suivi des éventuels Accords de paix à signer.
Ces critères font souvent défaut chez beaucoup d’Opposants tchadiens et cela entache leur crédibilité. Désorganisés ou pas dans leur méthode de travail, ils parviennent rarement et difficilement à adopter une stratégie commune de lutte contre le Pouvoir. Faisant des alliances et contre alliances, ils restent méfiants et isolés les uns des autres. Marginalisés et négligés, le Pouvoir ne leur accorde parfois pas de grande considération. Mais depuis le 13 Avril 2006, où des rebelles armés des roquettes sont entrés dans la capitale, nos gouvernants à N’Djamena ont compris que la menace de l’Opposition politico-militaire est réelle et pourrait un jour faire basculer le régime.
Mais en réalité, le vrai combat à mener est plutôt celui du développement économique et social. Notre pays recèle des potentialités réelles et suffisantes pour tous. Malheureusement, notre administration complètement dénaturé et dévalorisé, ne couvre pas l'ensemble du territoire national. Notre Armée et nos Forces de Sécurité ne regroupent pas des éléments suffisants en nombre et bien formés pour protéger nos populations. Pourquoi, ne devons-nous pas utiliser correctement et à bon escient, nos ressources humaines et financières ? Il est temps de mettre fin à nos interminables conflits et ne pas donner l’occasion à d'autres de s'immiscer dans nos affaires intérieures et surtout de déstabiliser notre pays ?
L'invulnérabilité du Tchad, exige que nos leaders politiques pensent enfin à une réelle alternative de négociations sérieuses et non à des simples alliances ou ralliements de façade, soit avec le Pouvoir, soit entre les factions et Mouvements politico-militaires. Cela permettrait aux uns et aux autres de préparer ensemble leur participation à la gouvernance du pays. La maturité politique n’est-elle pas aussi la capacité d’analyser objectivement des situations incontournables et d’envisager courageusement des solutions réalistes avec son adversaire d’aujourd’hui qui pourrait être le partenaire de demain ?
Les affrontements et la lutte armée n’ont jamais abouti à de solution définitive aux conflits du Tchad. Le maintien d'un pouvoir politique par la force poussera inévitablement d'autres à tenter de le renverser aussi par la force. Il ne sert donc à rien de tenter d'éteindre le feu par le feu. En fait, c'est le pays qui se consume et s’enfonce d’avantage. Et nos populations continuent à souffrir des cycles de violence, des destructions de nos infrastructures et des disparitions absurdes de nos élites politiques et militaires.
Comment peut-on espérer un jour restaurer la paix et la stabilité politique du Tchad, si on se refuse de dialoguer ou de se parler franchement ? Comment pourrait-on assurer le développement économique et social de notre pays, si certains de nos frères et sœurs, civils ou militaires, sont exclus de la gestion des affaires de l'Etat ?
L'intérêt national est toujours au-dessus des prétentions et calculs politiques personnels. Il n'est donc jamais trop tard, pour observer attentivement nos réalités et de prendre des décisions historiques, qui pourront sauver des vies humaines et restaurer la paix et la sécurité pour tous.
Hassane Mayo-Abakaka