« Le monde est maintenant dirigé par un casino financier mondial. Des banquiers anonymes et de spéculateurs en fonds de placement en sont les maîtres. C’est une machine qui fonctionne dans le secret. Chaque jour, deux billions de dollars s’échangent à travers globe. L’objectif : le profit rapide avec comme conséquence la turbulence des marchés boursiers. Ces nouveaux maîtres détruisent les économies des nations. Ils achètent et vendent des sociétés et utilisent des dirigeants politiques pour servir leurs intérêts » affirme DAVID KORTEN
Depuis que la Banque Mondiale a ouvert la voie aux ajustements structurels pour réduire la dette et consolider l’économie des pays africains. Ces derniers ont payé cher leur adhésion à cette stratégie. Le Tchad n’a pas échappé. Prenons l’exemple de la fameuse STEE (Société tchadienne d’Eau et d’Électricité).
Société anonyme d’économie mixte, la STEE traverse une crise particulière. Elle subit la pression des grands lobbies de la mondialisation économique. Pire, elle est d’une part la vache à lait du gouvernement et d’autre part le nid des bons de commandes. Malgré tous les efforts de partenariat et de la privatisation, elle est jusqu'à présent incapable d’assurer à sa clientèle un bon service. Tout en continuant à facturer sa clientèle, le plein tarif.
Le gouvernement tchadien a cédé à la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, en remettant cette société aux mains des Barons de l’eau. Reconnu dans le monde des affaires comme l’une des plus grandes transnationales en matière de l’eau, Vivendi et son dauphin Suez possèdent ou contrôlent les compagnies d’eau dans plus de 120 pays, sur cinq continents.
C’est Vivendi que le gouvernement tchadien a choisi comme partenaire lors de la cette privatisation. Cette société a exigé du gouvernement tchadien qu’il déréglemente, éliminent les obstacles à l’investissement. En un mot d’abandonner le contrôle de ce secteur. Le gouvernement tchadien a fait preuve d’une maladresse en acceptant cette transaction nébuleuse. Vivendi est aujourd’hui dans le rouge. Elle est incapable de respecter ses engagements d’investissements. Résultat : des milliers d’abonnés sont privés d’eaux et électricité pendant des jours.
Ce manque d’approvisionnement en eau a eu comme conséquence l’apparition des maladies telles que le choléra, la déshydratation et la dysenterie. L’incapacité du gouvernement à reprendre en main la gestion des services d’eau et d’électricité, permet à cet transnationale d’imposer ses intérêts au gouvernement.
Le problème d’accessibilité à l’eau potable et à l’électricité au Tchad est alarmant. Aujourd’hui on consomme dans le monde sept fois plus de l’eau qu’au 19ème siècle. La population tchadienne, elle, paie en moyenne 12 fois plus cher le litre d’eau que les autres populations de la terre. Des robinets sont déconnectés parce qu’un nombre croissant des familles tchadiennes n’arrivent plus à payer leurs factures. Leur seule alternative est de s’approvisionner dans des sources d’eau non potable. Et bonjour les maladies de toutes sortes.
Un des responsables de cette situation est la Banque Mondiale (BM) avec sa politique de recouvrement des coûts. La BM exige comme condition indispensable, l’octroi de nouveaux prêts, la privatisation du secteur lié à l’eau et à l’électricité. Dans la majorité des cas, cela se fait au détriment des intérêts des pays en voie de développement.
Il serait souhaitable que le gouvernement et le conseil économique et social prennent leurs responsabilités. La liquidation de ces institutions publiques, voire le quasi-bradage des sociétés parapubliques à des sociétés étrangères, doit faire l’objet des débats publics.
La privatisation de l’eau est immorale. Car l’eau n’est pas une marchandise. C’est un Bien commun d'importance majeure. Il représente la vie. Toute question concernant cette ressource doit faire l’objet d’un débat public. Les compagnies sont motivées par le gain des profits à tout prix. Alors que l’eau comme ressource naturelle doit être au service du Bien-Être des populations. Et non pas céder au monde des affaires. Le gouvernement tchadien doit renoncer à la privatisation de ce secteur stratégique pour l’intérêt national.
Lona Ouaidou, Ramadan