Les bouillons culinaires ou épices sont incontournables dans la plupart de plats tchadiens, mais sa consommation ou sa surconsommation pose problème de santé à l’organisme. Malgré les sensibilisations et les études qui ont montré le côté néfaste du bouillon chimique, le choix de ce produit va croissant. Le bouillon comme les grains de nérés (dawdawa) semblent revenir en force dans le panier de la ménagère, grâce à la sensibilisation des vendeuses de ces grains. Reportage.
Les grains de Nérés sont des matières organiques d’origine végétales parfumées et piquantes qui relèvent le goût des aliments ou d’une sauce. Pour se passer du cube Maggi, certains consommateurs portent leur choix sur le « dawdawa » et le sel naturels. Ces grains sont aussi utilisés pour des soins pour soulager le rhumatisme, selon les vendeuses sur la place du marché.
Selon Marte Dénémadji, les grains de nérés appelés dawdawa sont des bouillons utilisés et consommés par ses grands-parents jadis quand il n’y avait pas encore de produit chimique comme les cubes magies. Et ils ne se plaignaient guère. Ils cultivaient eux-mêmes ces plantes pour en consommer, c’est avec le temps qu’ils ont commencé à le commercialiser. « Les grains de nérés peuvent aussi remplacer la viande ou les poissons dans la marmite. Si je n’ai pas de pattes d’arachide, je m’en sers de ce grain comme la patte et j’obtiens à peu près la sauce que je voudrais. Depuis que j’ai commencé à consommer le cube Maggi, je commence à sentir les maux au niveau de jambes, je sais que c’est nuisible pour la santé, mais je consomme quand même. Cela fait 20 ans que je consomme le cube Maggi et les grains de nérés en même temps, j’ai voulu cesser, mais les enfants refusent de manger sans le cube donc j’étais obligé d’utiliser les deux ingrédients. À 50 FCFA tu as de l’arôme naturel sain et de qualité », explique-t-elle.
Les grains de nérés après leur cueillette sont bouillis et séchés avant d’être utilisés comme bouillon. La plante de ces grains pousse généralement au sud du Tchad, c’est une plante qui a beaucoup de vertus.
Pour Solmem Marine Baysegoum, vendeuse et consommatrice de grains de nérés, il faut une sensibilisation de masse pour que les femmes connaissent l’importance du « dawdawa », certaines femmes pensent ce produit naturel n’est pas un bon ingrédient à cause de son odeur désagréable. « La majorité de femmes N’Djamenoises ne savent pas l’utiliser. Mais pour le bon fonctionnement de mon commerce, j’étais obligé d’adapter une stratégie de communication, donc j’ai commencé à demander toute cliente qui vient acheter chez moi du poisson sec ou fumé quelle sauce elle voudrait préparer? Si elle me répond, je lui propose de prendre un sachet de « dawdawa » gratuitement, parfois elles refusent de prendre, mais j’insiste pour qu’elles prennent pour goûter. Ensuite, je leur explique et leur montre son utilisation. Au fur et à mesure que je donnais, elles reviennent prochainement acheter et y’ a même certaines qui me remercient pour mon conseil », dit-elle.
À côté il y a l’étale de Mme Yolande vendeuse, elle aussi, de poissons fumés affirme, « je mettais 3 à 5 cubes dans ma cuisson, mais heureusement j’ai eu la chance d’avoir une voisine infirmière retraitée qui m’a éveillé avec ses conseils sur les dangers du cube Maggi. Elle m’a donné l’exemple de sa sœur qui est morte de cancer dû à la consommation du cube Maggi. Grâce à elle j’ai diminué ma consommation ».
Selon plusieurs spécialistes, pour une bonne santé, épanouie, le choix de consommer des produits locaux et naturels est sage.
Maryam Mahamat Abakar