Le syndicat des Enseignants du Tchad (SET) sonne le glas. Il alerte le gouvernement sur ses revendications relatives aux indemnités, des effets financiers des actes administratifs, mais également la sécurité des enseignants déployés dans les centres d'examens du baccalauréat. Ialtchad pour vérifier de plus près l'information, a visité, jeudi 14 juillet, le SET mais aussi le jury du baccalauréat session 2022. Reportage.
Le secrétaire Général national du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), Mbairiss Ngartoidé Blaise dénonce l’insécurité et les conditions dans lesquelles travaillent le corps enseignant. Il estime incompréhensible que les enseignants, formateurs des autorités et de l'homme, soient traités de la manière la plus ignoble. Pour lui, l'État a la charge d'éduquer la nation et cela passe par les enseignants. A son avis les enseignants sont en insécurités partout dans leur mission d'État. On les tue, on les renvoie et même on les traite comme des esclaves dans certaines localités, affirme-t-il. « On note une attitude complice de l'État, en l'occurrence les autorités locales. Les tueries, les menaces à mort des enseignants à l'extrême nord, dans le Wadifira, Fada et autres, les enlèvements, récemment à Mbaïbokoum, se passent sous les regards impuissants des autorités locales », dit amer M. Ngartoidé Blaise. Le SG du SET regrette que l'éducation soit reléguée au second rang dans notre pays. Il estime que les enseignants n'ont pas une garantie sécuritaire pour assurer leurs responsabilités d'éduquer.
« Le cas ignoble est celui d'un candidat libre au Baccalauréat à Bol qui avait tiré à bout portant sur le président du centre d'examen et qu'on ne retrouve pas. Cela démontre que la police n'existe pas dans notre pays », dit le syndicaliste. Il estime que c'est inadmissible qu'on ne retrouve pas ce tireur qui est candidat avec une adresse au complet. Il doigte le flou dans cette affaire. Selon lui, ils ont appris que, même le Président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) a donné des instructions pour que ce dernier soit arrêté. « Si la décision du PCMT n’est pas encore respectée, qu'allons-nous devenir nous enseignants sur le terrain? Quelle est notre protection ? Qui doit garantir notre sécurité ? Nous attendons de pied ferme que ce garçon soit arrêté et traduit devant la justice », déclare le SG du SET. D'après lui, avoir une arme en main ne doit pas nous donner la liberté de faire tout ce qu'on veut. Il faut que ces choses cessent et qu'on ait de la considération pour l'être humain, car la vie humaine est sacrée, s'insurge-t-il. Pour Ngartoidé Blaise, prendre de disposition dans ce pays, c'est se tromper largement. « Je pense qu'il faut tirer les choses au clair avant d'engager les gens dans la seconde série de baccalauréats. Au cas contraire, on ne peut pas livrer les enseignants ainsi dans une insécurité totale », confie-t-il.
Du point de vue du président du jury du baccalauréat Dr Andjaffa Djaldi Simon, tous les acteurs: le gouvernement, les candidats et parents d'élèves, ceux impliqués de près ou de loin dans l'organisation de cet examen doivent se mobiliser. Pour, dit-il, que des incidents, comme ceux de Bol, ne se reproduisent plus. « Nous souhaitons que les choses à l’avenir se passent dans les règles de respect de l'art. il n'y a pas lieu d'attenter à la vie d'un homme et surtout d'un père éducateur envoyé dans un centre pour assurer le bon déroulement d'un examen. Nous disons avec le SET que cet examen qui se pointe à l'horizon puisse se dérouler bien », affirme M. Andjaffa Djaldi. D'ordinaire, dit-il, les forces de sécurité sont mobilisées pour la protection dans différents centres. Ce qui s'était passé à Bol, ce qu’il y a eu des failles et des manquements à cause de la journée perturbée, assure le président du jury. Mais ils estiment que l'équipe compte toujours sur les agents de sécurité pour le bon déroulement des examens à venir. « Concernant l'arrestation du tireur de Bol, je ne peux ni confirmer ni infirmer cela ».
Le gouvernement doit satisfaire à nos revendications...
Le SET demande au gouvernement de se préparer à répondre à un certain nombre d'exigences des revendications non satisfaites. « D'un côté des individus cachent des sacs d'argent, des milliards dans leurs maisons, cela veut dire qu'il y a de l'argent où les gens se partagent allègrement en appauvrissant le Trésor public, rendant l'État incapable à tenir à ses engagements. Face à une telle situation, on ne peut pas continuer à observer le silence », lance Ngartoidé Blaise. Pour lui, même si les examens de fin d'année sont organisés, une autre année scolaire va bientôt commencer. Si le gouvernement ne bouge pas pour régler certains points de nos revendications, il nous rencontrera sur son chemin, avertit le SG du SET.
Moyalbaye Nadjasna