Pour immortaliser certaines personnalités qui ont marqué la vie tchadienne, les autorités municipales ont baptisé quelques rues de la capitale en leurs noms, le 7 juillet dernier. C'était dans le cadre du projet « N'Djamena, ville de la paix ». Il s'agit de Lol Mahamat Choua, Général Mamari Djimet Ngakinar, Général Massoud Dressa, Mme Bintou Malloum, Général Routouang Yoma Golom, et le Sultan Chérif Kachallah Kasser. Ialtchad est allé plus loin sur le sujet, vendredi, 8 juillet avec l'enseignant-chercheur Sali Bakary, docteur en Histoire. Reportage.
Dr Sali Bakary, Enseignant-chercheur, docteur en Histoire, rappelle que le baptême des rues n'est pas un phénomène récent. Cela remonte à l'époque coloniale quand les forces coloniales étaient arrivées ici au Tchad, explique-t-il. Il précise que pour certains soldats français tombés sur le sol tchadien, des rues et villes ont été baptisées en leurs noms. Fort-Lamy, Fort Archambault par exemple, sont des anciennes appellations de N'Djamena et Sarh dit-il. Il renseigne que les Commandants, Lamy et Chambault étaient à la tête des forces françaises en conquête au Tchad.
Seulement, l'enseignant-chercheur indique qu'ici au Tchad, on n'a pas une très bonne politique dans ce sens. Normalement poursuit-il, le baptême des rues doit prendre en compte les personnes de différentes sensibilités sinon l'élite tchadienne dans sa globalité. Il s'agit selon lui, des chercheurs, des producteurs d'idées, des cadres civiles ou militaires. « Malheureusement, on fait seulement la part belle aux militaires comme ils sont toujours devant la scène politique, ils dictent ainsi les choses », affirme l'historien. Heureusement constate Dr Sali Bakary, on trouve les noms de Lol Mahamat Choua, le Sultan Chérif Kachallah Kasser, Bintou Malloum et autres civiles. Sinon il fait constater qu'il suffit de circuler dans la ville de N'Djamena pour se rendre compte que les rues ne portent que les noms des militaires.
M. Bakari affirme qu'on n'a un problème de mémoire avec notre histoire. À son avis, il faut se poser une question honnête : pourquoi il n'y a pas une rue ou un monument portant le nom de Rabah ? Et pourtant justifie-t-il, c'est un grand résistant aux conquérants français. « Il n'y a rien sur lui mais beaucoup sur ceux qui l'ont tué. Il faut que les tchadiens se réapproprient leur histoire et se réconcilie avec leur mémoire », Dr Sali Bakary. Les critères sont simples d'après lui, il faut des gens qui ont marqué l'histoire du pays et non ceux qui n’ont rien fait pour la population. Il ne s'agit pas de ceux qui ont contribué seulement à la consolidation de leurs ethnies, clans ou communautés au détriment du peuple tchadien. Le baptême ne doit concerner que des gens qui ont réellement édifié le pays, souligne le chercheur. Au Tchad, le peuple est pris en otage par l'armée, dit l'historien. « Lorsqu'on connait plusieurs années de guerres, l'État devrait être reconstruit. La guerre n'a pas seulement une fonction destructive. Une guerre placée sous le sceau de l'Etat doit construire. Bien dommages, nos guerres sont ethniques et claniques donc elles détruisent l'État et construisent les communautés et les familles", déplore Dr Bakary. Le chercheur insiste en disant que les baptêmes des rues doivent imposer des valeurs au travers lesquelles, les gens se reconnaissent en induisant leur histoire.
Pour la journée d'hier, ce sont les personnalités suivantes qui ont étét immortalisées. Il s'agit de, Lol Mahamat Choua (rue 3.632 au quartier Klémat, 2ème arrondissement), Général Mamari Djimet Ngakinar (voie de Contournement Farcha, 1er arrondissement), Général Massoud Dressa ( rues 1.516, 1.716, Farcha 1er arrondissement), Mme Bintou Malloum (rue 2.136, Ambassatna 3ème arrondissement), Général Routouang Yoma Golom ( rue Corniche, Sabangali 3ème arrondissement), et le Sultan Chérif Kachallah Kasser ( rue Corniche 3ème arrondissement). C'était en prélude au Dialogue National Inclusif que ces avenues ont été baptisées selon les autorités communale et gouvernorale.
Au total, 34 personnalités qui ont marqué positivement l'histoire de notre pays qui vont être immortalisées, dit le maire de N'Djamena Ali Haroun. Tout s'était déroulé en présence du Délégué Général du Gouvernement auprès de la Commune de N'Djamena, Général Brahim Seid Mahamat ainsi que des maires des Communes d'Arrondissement.
Moyalbaye Nadjasna