Le Tchad à l’instar des autres pays du monde, célèbre ce 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse. À cette occasion la rédaction Ialtchad Presse a rencontré le vice-président de l’Union des journalistes tchadiens (UJT) et quelques confrères pour avoir leurs points de vue sur la condition de travail des journalistes, mais aussi le niveau de la liberté de presse dans notre pays. Reportage.
Le 3 mai a été proclamé journée mondiale de la liberté de la presse par l’assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la conférence générale de l’UNESCO en 1991. C’est aussi l’occasion d’informer le public sur les violations de la liberté de presse, mais aussi sur la condition difficile de travail des journalistes.
Le vice- président de l’Union des Journalistes du Tchad (UJT), André Kodmadjingar, dit qu’il a envie de pleurer quand on parle de condition de travail des journalistes tchadiens. Selon lui, depuis des années, la presse tchadienne n’a pas eu des subventions. Il ajoute que l’aide à la presse a été coupée depuis 2014 et depuis ce temps jusqu’aujourd’hui, les journalistes travaillent dans de situations difficiles. Le confrère souligne qu’en janvier dernier, la corporation des journalistes avait présenté ses vœux au président du conseil militaire de la transition (PCMT), et à cette occasion, le PCMT avait instruit ses services de lever le blocus aux subventions à la presse. « Des instructions ont été données, mais jusqu’aujourd’hui, nous sommes restés comme sans rien obtenir », regrette André Kodmadjingar. Il exhorte au ministère des Finances de tout faire pour débloquer la situation. Le vice-président a aussi déploré la situation dans laquelle se trouvent nos confrères de l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE). Il explique que la presse est au service du public, et donc l’État a cette obligation de financer les médias. Il ajoute que les médias contribuent à l’encrage de la démocratie dans notre pays. André Kodmadjingar soutient que l’UJT a demandé à l’État d’augmenter l’aide pour permettre aux journalistes de faire normalement leur travail. Il affirme que les patrons de presse aussi sont responsables de la condition difficile de travail des journalistes.
Au sujet du niveau de la liberté de la presse au Tchad, André Kodmadjingar est formel, le niveau est trop bas. Il précise que depuis la mort du président Idriss Deby Itno, et avec cette période de transition, l’UJT a enregistré plusieurs menaces, des intimidations et des assassinats. Il évoque le cas de notre de la radio Lotiko, une radio communautaire basée à Sarh qui a été assassiné à Sandana, dans le Moyen Chari, et bien d’autres cas.
Abondant dans le même sens, la rédactrice en chef adjointe de la radio FM liberté Narbaye Halimé, note que c’est regrettable, les journalistes exercent un métier noble, mais travaillent dans de conditions difficiles. Elle affirme aussi le manque de matériels de travail et l’état défectueux de ces matériels. La consœur explique aussi qu’au Tchad, le public ne connaît pas encore bien l’importance de la publicité. Elle ajoute qu’un média ne peut fonctionner qu’à travers la publicité, alors que beaucoup d’entreprises ne font pas les annonces. Mme Narbaye Halimé ajoute aussi le problème d’électricité qui rend difficile le travail. « Nous sommes dans un pays où les gens pensent que les journalistes peuvent tout donner et peut-être l’État et les partenaires peuvent aider, mais la communauté n’est pas arrivée à ce stade où elle peut donner un coup de pouce », dit-elle. À propos de l’accès à l’information, elle dénonce le comportement de certaines autorités qui rendent l’accès aux sources d’information.
Selon Salomon Ndakohm, journaliste stagiaire à la radio FM liberté, les journalistes jouent un rôle important dans le développement. Il estime que les journalistes sont négligés et considérés comme des mendiants au Tchad. Le jeune confrère constate aussi que la vérité est détestée dans notre pays et que les journalistes disent la vérité, ils sont détestés pour cette raison.
Jules Doukoundjé