Les travailleurs et travailleuses tchadiens célèbrent ce 1er mai 2022 la fête de travail. La Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) ne défile pas, mais se contente d’une déclaration faite par son secrétaire général M. Chérif Ben Seïd. L’Union des Syndicats du Tchad (UST) par contre garde la tradition du défilé. Ialtchad a côtoyé les deux centrales syndicales. Reportage.
Il n’y a pas assez de mouvement cette année pour les préparatifs de la fête de travail. À la veille comme au jour J, 1er mai 2022, l’ambiance n’arrache pas la curiosité ici à la Bourse de travail de N’Djamena, capitale tchadienne. La centrale syndicale dénommée la Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) s’est résumée en une déclaration faite par son secrétaire général, M. Ben Saïd. Il justifie leur abstention par le contexte du jeûne pour le ramadan marqué par une chaleur accablante. Selon le SG de la CLTT leur thème cette année est, « définir un avenir social pour un Tchad nouveau. » À travers ce thème, il dit que les travailleurs et travailleuses de la CLTT réclament la paix et la justice sociale. Et pour cela, dit-il, il faut un nouveau contrat social pour le Tchad afin de garantir la sécurité sociale. Ce contrat précise, M. Ben Saïd, doit induire une harmonie sociale. « La CLTT constate avec amertume les licenciements abusifs, les départs forcés, les discriminations, la confiscation des droits sociaux, des travailleurs et travailleuses des grandes institutions fusionnées ou dissoutes. Laissant nos camarades à la merci d’une souffrance inconcevable », lance-t-il.
Le SG de la CLTT affirme que la dernière décennie a été douloureuse pour les travailleurs tchadiens dans leur ensemble. Pour lui, beaucoup de sacrifices ont été consentis pour parvenir à la signature du pacte social et du protocole d’accord triennal avec le gouvernement le 20 janvier 2022. La centrale syndicale exige une garantie de conditions de vie des travailleurs à travers ce nouvel agenda social. « Les indemnités, les primes de logement, les primes de transport sont des acquis et doivent être versées à tous les fonctionnaires sans distinction », demande-t-il. M. Ben Saïd touche du doigt la situation des retraités qui exige du gouvernement une attention. Il ne perd pas de vue le recrutement 5000 jeunes à la fonction publique promis par le Président du conseil militaire de la transition (PCMT). Il trouve injuste que le Code du travail tchadien soit allègrement violé par le patronat. Le SG de la CLTT se dit être dans la dynamique du dialogue et pour améliorer les conditions de vie des travailleurs.
L’Union des Syndicats du Tchad (UST) par contre garde la tradition. Elle va défiler selon son vice-président Younouss Mahadjir. Il dévoile aussi le thème de l’UST qui est : « Le Tchad entre enjeux du pacte social et la transition : quel avenir pour les Tchadiens et Tchadiennes, travailleurs et travailleuses ? » M. Mahadjir affirme que le pacte social souffre d’application. « C’est une évaluation négative, car il n’est appliqué qu’à 10%. Nous étions bernés par le pouvoir. Nous allons apprendre une leçon comme nous l’avons toujours apprise avec le système Deby qui continue avec son fils » martèle-t-il. Concernant la transition, le vice-président de l’UST exprime que le pouvoir est en train de divertir les Tchadiens. A son avis l’UST entend mener une réflexion sérieuse sur ces deux enjeux notamment pacte social et la transition, car il en en va de la vie de notre nation. « Nous demandons au pouvoir d’arrêter de nous mentir. Nous ne sommes pas des gosses. Qu’il cesse de nous enquiquiner à travers la signature de ce pacte social qu’il ne respecte pas. Nous alertons les travailleurs que signer un pacte social n’est pas une fin en soi. Ils doivent rester solidaires et mobilisés pour continuer la lutte pour l’application effective de ce pacte social », a dit M. Younouss Mahadjir.
Moyalbaye Nadjasna