Le glaucome est une maladie de l'œil qui provoque une diminution irréversible du champ de vision. La personne qui en souffre peut devenir aveugle si elle ne reçoit aucun traitement. Selon Dr Mahamat Ahmat Dicko, médecin ophtalmologiste au CHU la Reference Nationale et au Cabinet d’ophtalmologique « Espoir de vue », le glaucome endommage le nerf optique. IalTchad Presse s’est entretenu avec lui. Le médecin insiste sur le dépistage et la sensibilisation du glaucome. A un stade avancé de la maladie, il n’y aura plus de solution. Interview.
Qu’est-ce que le glaucome ?
Le glaucome par définition est une maladie du nerf optique. Ce nerf relie l’œil au cerveau, transmet les informations de la vue au cerveau. Le glaucome détruit les fibres optiques au niveau de la papille, qui est l’émergence du nerf optique au niveau de la rétine. Au fur et à mesure, ces cellules nerveuses au niveau de la papille sont détruites sous l’influence d’une hyperpression (augmentation de la pression au niveau de l’œil) qui est le facteur principal de survenu de cette maladie.
Qu’est-ce qui est à l’origine du glaucome ?
Dans l’étiologie ou la cause, en médecine on parle en termes de facteurs de risques. Il y a d’abord ce qu’on appelle l’augmentation de la pression oculaire. Cette pression fait souffrir le nerf optique en permanence et affaiblit les cellules au niveau du nerf optique qui à la longue peut entrainer la cécité. Ce sont des facteurs de risques héréditaires. Alors si on présente le glaucome cela veut dire qu’on a hérité d’un de nos parents. Soit du côté paternel ou du côté maternel.
Quels sont les traits caractéristiques du glaucome ?
Alors, le principal signe du glaucome c’est seulement la perte de la vue. Ce qui est dommage, les gens nous arrivent à des stades tardifs. C’est une maladie qui n’entraine pas de douleurs et il n’y a pas de symptôme qui peuvent alerter d’autant plus que la perte visuelle est progressive. Et donc si la personne qui souffre de cette maladie n’est pas très attentionnée, elle se fera découvrir tardivement. En général, la plupart des personnes qui viennent des zones reculées arrivent à un niveau très avancé avec une visibilité presque nulle. Il faut souligner que la perte de vue est irréversible. Si on reçoit un patient à un niveau avancé de glaucome, l’objectif du traitement consiste à bloquer la maladie. La vision qui est perdue est irrécupérable. Jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas des thérapeutiques qui pourront récupérer la vue perdue.
Alors que conseillez-vous à la population ?
Nous appelons la population, surtout tous ceux qui ont des antécédents familiaux de glaucome, cela veut dire les gens qui ont des parents glaucomateux, doivent faire le dépistage chaque année. Cela afin de pouvoir le dépister rapidement et instaurer très rapidement un traitement qui permettra de bloquer la maladie dès son début.
Existe-t-il des statistiques au niveau national ?
Le glaucome n’est pas récent mais une vieille maladie qui existe depuis longtemps. Malheureusement au niveau du cabinet, on n’a pas de statistiques encore. Nous envisageons des études au niveau du cabinet et à l’hôpital pour avoir de statistiques exactes. Mais il faut savoir que dans le monde il y a autour de 80 millions de personnes qui souffrent de glaucome. Et 7 millions sont déjà aveugles. Une cécité qui est irréversible. Lorsqu’on est atteint par le glaucome et qu’on développe une cécité, aucun plateau technique dans le monde ne dispose une solution thérapeutique assez important. Malheureusement ces patients vont faire de navette entre les grandes nations qui ont la médecine évoluée mais cela ne servira à rien. On donne de calmants pour atténuer la douleur si nécessaire mais la vision n’est récupérable. Le dépistage précoce est le maitre mot qu’on soit issu de la famille glaucomateuse ou pas. Prendre sa tension intraoculaire pour se prévenir.
Quelle est la situation dans votre cabinet ?
Ici je reçois tout le temps les patients. Rien que ce matin, J’ai reçu au moins 3 patients qui présentent le glaucome. Mais je voudrais dire qu’au Tchad, il n’y a pas de données récentes de la prévalence de glaucome. Toutefois, des études sont en vues pour donner de statistiques propres au pays. Cependant c’est un problème de santé mondiale. J’ai été au Sénégal et au Mali où on avait fait des études qui sont superposables à presque tous les pays de l’Afrique subsaharienne. Selon les données récentes de la France, 800 000 personnes sont suivies, 400 000 présentent le glaucome sans le savoir. Seule solution, c’est la sensibilisation et le dépistage.
Est-ce qu’il y a une stratégie nationale de sensibilisation ?
Vous savez, au niveau national, il y a un programme National de lutte contre la Cécité au sein du ministère de la Santé Publique. Ce programme normalement est sensé initié des études et des stratégies nationales de lutte contre le glaucome mais ce qui ne se fait pas actuellement. Nous avons fait de suggestions à ce Programme pour assoir de stratégies de lutte contre le glaucome qui sont en cours.
Quelles sont vos recommandations en faveur de la population tchadienne ?
Ce qu’il faut retenir le glaucome est une maladie de nerf optique. C’est un nerf qui relie le globe oculaire au cerveau. C’est pareil comme un fil électrique avec de bornes différentes, si une borne est coupée, il n’y aura plus de lumière. Le stade ultime du glaucome c’est la cécité. Si on n’a pas la vue, on n’a pas la vie. J’insiste pour dire aux membres de familles glaucomateuses de faire de consultation chaque année pour le dépistage. Il n’y a pas d’âge, les parents et les enfants tous sont appelés à faire le dépistage. Lorsqu’on découvre tôt le glaucome, on peut administrer le traitement pour éviter la cécité. Il est bien dommage que la plupart des patients qui nous viennent des villages ont une perte de vue très avancée. Ils ont constaté la baisse de vision tôt mais par négligence ou manque de d’informations, ils perdent leur temps auprès des charlatans. Au moment où ils viennent chez un ophtalmo, c’est déjà trop tard.
Interview réalisée par
Moyalbaye Nadjasna