La semaine passée s’est enchevêtrée de grèves des agents de l’État dans quelques départements ministériels. À l’éducation, les enseignants scientifiques au secondaire réclament leur reversement dans le statut général de la Fonction publique, mais aussi leurs arriérés de salaires. Le SG du Syndicat national des enseignants du Tchad (SET), Blaise Ngartoïdé, dans un entretien à Ialtchad Presse regrette cette situation. Entrevue.
Le Syndicat national des enseignants du Tchad (SET) s’indigne de ce qui se passe par rapport au traitement des enseignants scientifiques et des maîtres communautaires. « Nous avons pour fonction d’alerter le gouvernement par rapport à des points de revendications. C’est ce que nous avons fait en tant que syndicat responsable. D’abord pour les maîtres communautaires qui constituent près de 70% des enseignants. Cela n’a pas été entendu, le budget de l’État étant voté sans la prise en charge de ces derniers » dit Blaise Ngartoïdé, SG national du SET. Selon lui, cette situation a causé trop du tort à l’école tchadienne. Il affirme que dans toutes les zones méridionales les maîtres communautaires sont en grève. Les professeurs scientifiques, dit-il, ont dans un premier temps signé des contrats avec le ministère de l’Éducation nationale. Certains ont perçu la totalité de leur traitement, d’autres non, souligne le SG du SET. Il soutient que plus de 98% n’ont pas perçu leurs arrêtés de contrat. Il signale tout de même, le reversement d’une petite partie est à l’origine du déclenchement de la grève des professeurs scientifiques contractuels, dit M. Blaise.
Le syndicaliste soutient que le SET n’a pas baissé le bras. « Nous avons écrit au ministre de l’Éducation nationale, nous avons aussi fait une fiche portée à l’attention du Chef de l’État. Il a réagi en contactant le ministre de Finances et du Budget. Il a demandé que le SET lui clarifie sa revendication. Et préciser ceux qui sont concernés par les arriérés et ceux qui n’ont pas été encore reversés. Nous l’avons fait par le biais du secrétaire général des Finances ». À son avis, les choses sont en cours d’être examinées. Seulement, note-t-il, nous sommes dans un pays ou les paroles des autorités ne sont pas prises au sérieux par les travailleurs. Du côté des maîtres communautaires, le ministère des Finances est en train de se grouiller pour qu’ils soient satisfaits, soutient M. Blaise. Il indique que le SET a délégué ses membres qui ont travaillé sur le dossier de l’arrêté de reversement des contractuels. L’équipe du SET assure-t-il, attend d’un moment à l’autre cet arrêté. Il remarque que de façon individuelle, certains professeurs scientifiques se sont fait payer. « Seulement, ceux qui ont des arriérés sont plus nombreux. Ce qu’il faut retenir, nous attendons l’arrêté pour aller vers les professeurs scientifiques et faire de concession avec eux. Si pour ce mois de février, la totalité de leurs arriérés est prise en compte, nous pouvons leur demander la reprise si l’arrêté apparaît », livre le SG.
Un souci orienté vers le devenir de l’école tchadienne
Le SG national du SET affirme, lorsqu’on va vers son employeur avec de revendications à 100%, il faudrait au moins qu’on totalise 60 à 70 % de compromis. Ce qui vaudra pour le syndicaliste que la négociation continue et la reprise soit effective. Pour l’instant exprime-t-il, le SET ne peut pas forcer la main des professeurs scientifiques à reprendre les cours, ils sont dans leurs droits. « Notre plaidoyer c’est un souci orienté vers le devenir de l’école tchadienne. Ça nous gêne de voir nos enfants vadrouillés dans les quartiers. Si le mois de février finit sans une satisfaction aux revendications de ces professeurs, ils totaliseraient déjà deux mois sans cours. L’enjeu est d’ores et déjà important pour les élèves surtout ceux des classes d’examens », constate M. Blaise. Il précise que sans doute, le volume horaire pour composer les examens de fin d’année sera atteint. Le technicien de l’éducation imbu du danger plaide afin que le ministère de Finances décante plus rapidement cette situation. Il révèle aussi, le sort des nouveaux recrûs au ministère de la Jeunesse et des Sports qui n’ont pas perçu la totalité de leur salaire en grève.
La section SET de N’Djamena, dit-il, est en train de préparer une grève de soutien. « Il faut qu’une solution globale et définitive soit trouvée pour toutes ces revendications. Il faudrait que le gouvernement s’attelle afin que l’année ne soit plus perturbée, remettre notre éducation sur les rails. Créer des conditions favorables pour l’organisation des examens de fin d’année », suggère le responsable du SET. L’enseignant estime que ce sera une expression de joie des élèves, des parents, du gouvernement ainsi que nos partenaires éducatifs.
La grève des enseignants scientifiques a été lancée annoncée par le rapporteur adjoint de l’amicale Djiraïbé Kosmadje, le 03 janvier 2022. Ils revendiquent : les reverser sans condition à la Fonction publique, payer intégralement leurs arriérés de salaire conformément au pacte social (50% en octobre et 50% en décembre 2021).
Moyalbaye Nadjasna