Depuis quelques jours, une conversation présumée de Timan Erdimi avec une autorité centrafricaine non-identifier circulait sur les réseaux sociaux. Dans ce coup de téléphone, l’on peut écouter la voix de ces deux hommes qui demandent le soutien de Wagner en la République du Tchad pour renverser le pouvoir du Conseil Militaire de Transition (CMT) et la France. En réaction à cet audio, le ministre de la communication Abdramane Koulamallah a affirmé sur les ondes de la RFI ce 15 février que Monsieur Timan Erdimi s’auto-exclu de la tenue du pré-dialogue de Doha. Professeur Ahmat Mahamat Hassane fait une analyse politique à propos de la réaction du ministre de la communication. Reportage.
« Sous prétexte qu’il veut chasser la France et le CMT, Timan Erdimi est capable d’aller pactiser avec le diable pour venir déstabiliser le pays. C’est extrêmement grave. Nous n’accepterons pas que cet homme qui projette faire la guerre au moment où les gens veulent faire la paix puisse assister à un pré-dialogue. Nous accordons le bénéfice du doute au gouvernement centrafricain mais les autorités centrafricaines doivent donner des explications au gouvernement Tchadien ». Propos du ministre de la communication porte-parole du gouvernement Abdramane Koulamallah suite à la présumée discussion téléphonique. Professeur Ahmat Mahamat Hassane analyste politique, souhaite que les concernés que sont Timan Erdimi et l’autorité centrafricaine démentent ou confirment cette supposée conversation.
Pour lui, la réaction du gouvernement est précipitée. « Les réseaux sociaux font circuler beaucoup de fausses informations de nos jours donc pour un gouvernement responsable, on aurait dû prendre la précaution de vérifier l’authenticité de l’audio avant de prendre une position claire. À moins que le gouvernement est déjà accompli cette petite vérification préliminaire pour crédibiliser sa réaction », a-t-il indiqué. De son avis, Timan n’est pas au pouvoir pour qu’au nom de la République du Tchad puisse engager des conventions internationales avec la Russie qui est un état sujet du droit international. Il trouve la réaction du gouvernement très hâtée et légère.
L’analyste politique souligne également que le même gouvernement qui exclut Timan du pré-dialogue a affirmé à travers le premier ministre de transition que la tenue du Dialogue National Inclusif est conditionnée par le pré dialogue de Doha. « Tout me laisse croire que cette histoire de dialogue risque de ne pas avoir lieu. C’est des recherches de prétexte et c’est dommage. Monsieur Timan Erdimi a des ambitions pour le pouvoir depuis 2005 et il ne l’a jamais caché », précise-t-il. Professeur Ahmat ajoute que ça serait imprudent de prendre une telle décision pour juste une conversation téléphonique qui se limite à un simple souhait de Timan par rapport à Wagner. Ils crédibilisent le coté gouvernement centrafricain en lui accordant le bénéfice du doute poursuit-il, et s’accroche sur l’élément Timan Erdimi. L’analyste politique insiste sur l’authenticité de l’audio. Pour lui, ce n’est pas un élément crédible pour pouvoir s’accrocher dessus. « Un adversaire politique si on veut vraiment aller à un dialogue sincère avec lui, cette discussion ne peut pas empêcher qu’on puisse l’accepter à la table de négociation de Doha. Timan Erdimi n’est pas le seul à être dans les politico-militaire, il ya plusieurs groupes », argue-t-il. Il revient sur le fait que le gouvernement tchadien a pris il n’y a pas longtemps, une loi d’amnistie générale et que Timan Erdimi en bénéficie. Professeur Ahmat rappelle le caractère inclusif du dialogue que le voulait le gouvernement et réaffirme que ce dernier n’a pas à opérer une action de sélection. Il faudra un peu de calme du côté du gouvernement pour pouvoir prendre de bonnes décisions, a-t-il conclut.
Kouladoum Mireille Modestine