Selon une déclaration ce 03 février 2022 à New York, l’Unicef évoque que des millions de filles sont exposées à un risque accru de mutilations génitales féminines. Cause, la persistance de la pandémie de COVID-19.
Selon le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (Unicef), la persistance du covid-19 reste un indicateur de risque accru de mutilations génitales féminines. « Avec la fermeture des écoles, les confinements et la perturbation des services visant à protéger les filles contre cette pratique nocive, deux millions de victimes supplémentaires risquent d’être recensées au cours de la prochaine décennie », soutient l’agence des Nations-Unies.
Nankali Maksud, conseillère principale de l’Unicef chargée de la prévention des pratiques nocives, dit que la lutte mondiale pour mettre fin aux mutilations génitales féminines perd du terrain. Ce recul, dit-elle, a des conséquences dévastatrices pour des millions de filles dans les régions où cette pratique est extrêmement répandue. La conseillère estime que, les filles qui n’ont pas accès aux services vitaux, aux écoles et aux réseaux de la communauté sont les plus exposées. Pour Mme Nankali Maksud, une telle pratique compromet la santé, l’éducation et l’avenir des filles. La chargée de la prévention appelle à un renouvellement d’engagements de tous face à cet important défi. À son avis, l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines doit conduire à une action concertée. Elle propose que cette action soit financée de manière adéquate afin de regagner du terrain et de mettre fin à cette pratique.
La conseillère principale de l’Unicef soutient que les mutilations génitales féminines constituent une violation des droits des filles. Elle insiste sur le fait qu’elles peuvent provoquer de graves complications de santé, voire des décès. Les filles victimes de cette pratique sont exposées à un risque accru au mariage précoce et au décrochage scolaire. « Une situation qui menace leur capacité à bâtir un avenir meilleur pour elles-mêmes, mais aussi pour leur famille et leur communauté », dit-elle. Selon elle, les dernières données disponibles révèlent au moins 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie, victimes des mutilations génitales. Il pourrait y avoir deux millions de victimes supplémentaires d’ici à 2030 à cause de la COVID-19, informe la conseillère. Ce qui représenterait une baisse de 33 % des progrès accomplis pour mettre fin à cette pratique nocive, dit Nankali Maksud.
Une tendance alarmante
L’Unicef affirme que près d’une fille ou d’une femme victime de cette pratique sur quatre, soit 52 millions de femmes dans le monde a été mutilés par un professionnel de santé. « Cette proportion est deux fois plus élevée chez les adolescentes, ce qui indique que la pratique fait l’objet d’une médicalisation croissante », explique l’agence de Nations-Unies.
Sur 31 pays disposant de données sur les mutilations génitales féminines, 15 pays sont déjà aux prises avec un conflit et une hausse de la pauvreté et des inégalités, déclare l’Unicef. Ce qui crée une crise à l’intérieur de la crise pour les filles les plus vulnérables et les plus marginalisées du monde. Des progrès peuvent être accomplis, espère l’agence des Nations Unies. « Le risque pour les filles d’aujourd’hui d’être victimes de cette pratique a baissé d’un tiers par rapport à celui que les filles couraient il y a trois décennies. Cependant, nous devons progresser au moins 10 fois plus vite pour réaliser l’objectif mondial visant à éradiquer cette pratique d’ici à 2030 »,affirme l’Unicef. La survenue de crises simultanées, telles que la COVID-19, l’augmentation de la pauvreté, les inégalités et les conflits, expose des millions de filles à un risque accru de mutilation.
Au cours des deux dernières décennies, la proportion de filles et de femmes opposées à cette pratique dans les pays enregistrant une prévalence élevée a doublé. Il est essentiel de garantir l’accès des filles à l’éducation, aux soins de santé et à l’emploi pour accélérer l’élimination des mutilations génitales féminines et permettre aux filles de contribuer à un développement social et économique équitable.
Moyalbaye Nadjasna