Depuis hier jusqu’aujourd’hui 4 février 2022, les élèves du lycée de Gassi dans le 7e arrondissement de la capitale tchadienne N’Djamena boudent le remplacement d’un enseignant vacataire par un titulaire décidé par l’Administration. Le débordement de cette manifestation a conduit la police à faire l’usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Il y a eu quelques blessés et des arrestations affirme un de censeur rencontré dans l’établissement. Reportage.
Vendredi 4, 11h. Un silence de cimetière plane le lycée de Gassi. Un vieux gardien vient à notre rencontre. Nous déclinons nos identités : journalistes. Il nous accueille et nous montre les bâtiments de l’administration. Il nous dit que le proviseur est absent. Au coup d’œil, toutes les portes de salles de classe sont fermées. Nous sommes chanceux, Luwheta Moïse, censeur chargé de la classe de 2d littéraire est là. Il nous rapporte les faits.
Selon lui, un enseignant vacataire a été recruté pour donner des cours aux classes de 1re S et 2d L2. Il avait remplacé une collègue titulaire absente pour maladie, précise-t-il. Sur instructions de médecin dit-il, elle a bénéficié de deux mois de repos. En attendant, le proviseur a décidé de faire appel à ce vacataire, explique le censeur. Un arrêté d’affectation a été signé récemment. « Deux chargés de cours de Français et un chargé de cours de philosophie ont été mis à la disposition de l’administration. « Naturellement, l’administration a décidé de retirer l’emploi du temps du vacataire et le confier au titulaire. Les élèves se sont opposés et ont dit qu’ils ne veulent plus d’un autre professeur », dit M. Luwheta Moïse.
Selon le censeur, les élèves disent s’être habitués au vacataire et qu’il est hors de question de le remplacer. Le nouveau venu devrait avoir cours hier, mais les élèves refusaient, soutient l’administrateur. Sur des bouts des papiers, les élèves ont écrit le nom de l’enseignant vacataire et criaient « Éric, Éric! » « On a essayé de les calmer et de leur demander de regagner leurs salles en vain », souligne M. Luwheta. À son avis, les élèves semblent se préparer d’avance à cet évènement. « Alors qu’on se démêlait pour mettre certains en salle, d’autres nous jetaient des pierres. Quelques minutes après, ils se sont retrouvés sur la route entrain de troubler l’ordre public. La CSP 16 juste à côté les a aperçus et elle a appelé le proviseur avant de venir les disperser à coup de gaz lacrymogène », dit le censeur. Hier matin rappelle le censeur, un élève a eu une fracture au bras et dans l’après-midi, un autre s’est fracturé la jambe. Il rajoute qu’un élève était blessé, il a été conduit à l’hôpital par ses parents. « Une vingtaine d’élèves sont arrêtés et gardés au CSP16. Ce matin, nous sommes allés les voir. Nous allons vérifier d’ici là leurs identités pour nous rassurer s’ils sont réellement nos élèves avant que le proviseur n’intervienne », assure le censeur de la 2de.
M. Luwheta signale l’absence du proviseur du lycée littéraire qui se serait rendue à la délégation ce matin. Seulement, déclare le censeur, leur souci est de libérer ces élèves à temps pour ne pas susciter d’autres problèmes. Il insiste et précise que le proviseur n’a pas frappé les élèves. « C’est un chef d’établissement, c’était juste une intimidation pour les faire regagner leurs salles de classe. Naturellement il est dans son rôle », conclut le censeur.
Moyalbaye Nadjasna