Depuis le 10 janvier, les réfugiés camerounais installés provisoirement à Milézi Farcha dans le 1er arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne sont en train d’être relocalisés dans plusieurs camps. À Guilmey, à environ 15 kilomètres plus de 859 ménages sont déjà relocalisés et enregistrés. Reportage.
Fané Nguini, une vieille dame de 60 ans est la cheffe de ménage de 3 personnes. Elle a sa petite fille à ses genoux, avec toute la tendresse de « Kaka », grand-mère en arabe. Elle est moins heureuse, mais satisfaite de la tente qui lui sert de maisonnée. Seulement, Fané Nguini se plaint du manque de la nourriture. Elle affirme qu’elle reçoit une petite ration qu’elle doit gérer pour un mois. « À l’instant, tout est fini. Jusque-là je n’ai rien et je suis en pleine méditation de notre sort. En tout cas Allah est le maître de notre destin, nous nous remettons à sa Miséricorde », dit-elle.
Kola Wangnamou lui préside la sous-commission d’éligibilité de la Commission nationale d’accueil de réinsertions des réfugiés et des rapatriés (CNARR) au camp de Guilmey. Il précise qu’au camp de Guilmey depuis 10 janvier, les enregistrements continuent. C’est l’enregistrement niveau 2. Il consiste à prendre toutes les informations sur la personne. « Nous avons enregistré provisoirement, 859 ménages pour 3121 personnes. La relocalisation continue, ce vendredi nous avons relocalisé 180 ménages soit 582 personnes comprises dans la statistique globale. Dans tout cet enregistrement, on a détecté à la date du 25 janvier, 58 Tchadiens qui se sont infiltrés », dit M. Kola. À son avis, une fois l’opération d’enregistrement terminée, la CNAR va mettre la liste des Tchadiens détectés à la disposition de la sécurité. La hiérarchie en collaboration avec la sécurité décidera de leur sort, précise-t-il. Pour l’instant, ces infiltrés sont gardés dans le camp et pris en charge. « Le camp c’est pour les réfugiés camerounais et non les Tchadiens », insiste-t-il.
Le préalable d’enregistrement passe obligatoirement par la CNARR rapporte le président de la sous-commission. La CNARR gère un bureau de contentieux et de protection en même temps. Il rapporte que l’objectif n’est pas d’enregistrer les Tchadiens, car on ne peut pas être réfugié chez soi. Pour M. Kola, la sociologie de la frontière a fait que les mêmes gens qui se trouvent au Cameroun se trouvent aussi au Tchad. Cela pose un problème sérieux, se lamente-t-il. « Si on trouve une femme âgée de 60 à 70 ans avec un enfant de moins de 5 ans, on lui demande ou est-ce qu’elle a eu cet enfant. Car son âge ne lui permet pas de donner un enfant », affirme le président de la sous-commission.
M. Kola Wangnamou soutient que beaucoup de choses louches se passent. Il cite en exemple la substitution de token. Le token, indique-t-il, c’est un ticket blanc remis sur le site d’accueil de Mielezi. Il arrive d’après lui qu’avec plus de subtilité certains bénéficiaires le passent d’une main à une autre. « De tels cas sont considérés comme de la fraude. Toutefois, si le détenteur de token présente sa pièce d’identité camerounaise, il est enregistré. Concernant le mécanisme de prise en charge, plusieurs ONG interviennent dans différents domaines (santé, éducation, assistance sociale, distribution des vivres, etc.) ».
La CNAR dit le président de la sous-commission, a reçu les assistances du gouvernement camerounais. À son avis, la distribution a eu lieu déjà deux fois au camp de kalambaré. « Ici à Guilmey aussi les planifications sont en cours. Dès demain ils vont partager aux bénéficiaires. Ceux qui sont enregistrés légalement. Nous ne pouvons pas quantifier à notre niveau l’assistance du gouvernement camerounais maintenant ».
La CNARR explique que la procédure d’enregistrement a 6 étapes : l’accueil, le service biométrique, le service de protection et de litiges, le service informatique, le service de la vérification et la documentation. Le service de la documentation explique M. Kola, s’occupe de la délivrance des pièces officielles aux réfugiés. Mais présentement, il y a quelque souci technique. Il affirme que les réfugiés légalement enregistrés bénéficient provisoirement de cartes de ration estampillées par taille de ménage. « Si le HCR arrive à résoudre ce problème, ils vont leur tirer de document d’identification du statut de réfugié. Ce document leur permettra de circuler librement dans le pays et même de voyager », soutient la CNARR.
Moyalbaye Nadjasna