Il y a 72 heures, le Conseil militaire de la transition(CMT) dirigé par Mahamat Idriss Deby, a amnistié une vingtaine de rebelles et opposants tchadiens incarcérés à la maison d’arrêt de Klessoum, à N’Djamena la capitale tchadienne. Raison évoquée, permettre la participation des groupes armés au dialogue national, prévu le 15 février prochain. Le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme(LTDH) dénonce un traitement sélectif et discriminatoire. Selon le Coordonnateur et porte-parole de la plateforme, Convergences des organisations politiques(COP), c’est un « faire semblant de prendre le chemin de la paix. » Reportage.
Me Boukar Adoum, président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme(LTDH) considère la libération des prisonniers de guerre et prisonniers politiques détenus, depuis 2018 par le Conseil militaire de la transition(CMT) de pas positif. Seulement déplore-t-il que la loi d’amnistie ne concerne que quelque 200 personnes. Il soutient qu’une frange importante des prisonniers de guerre n’est pas concernée par cette loi. « Si on veut aller au dialogue, c’est pour éponger tous les problèmes du pays. Donc on doit libérer tous les prisonniers de guerre qui se trouvent dans la même situation. Cette amnistie est sélective. Nous exigeons à ce que tous les prisonniers de guerre, de délits d’opinions soient aussi mis en liberté avant qu’on aille au dialogue ».
Selon lui, lorsqu’on gracie une partie et on laisse une autre en détention, cela veut dire que le problème n’est pas totalement réglé. « Je ne suis pas d’accord parce que tous les rebelles sont arrêtés pour être responsables de la mort de quelqu’un. Le chef de l’État c’est un soldat qui est mort aussi au combat de la même manière que les autres soldats tchadiens tombés aux fronts », dit le président par intérim de la LTDH. Il estime que si on veut régler le problème du Tchad, on doit le faire définitivement. Il propose que tous les prisonniers de guerre sans exception et sans discrimination soient libérés. Me Boukar assure que cette libération partielle risque de créer des frustrés et des mécontents. « L’amnistie c’est un pardon légal, un traitement sélectif et discriminatoire ne peut pas favoriser la bonne tenue du dialogue ».
Pour M. Salibou Garba, Coordonnateur et porte-parole de la plateforme, Convergences des organisations politiques(COP), « on ne doit pas faire semblant de prendre le chemin de la paix. »
Le garde des Sceaux Mahamat Ahmat Alhabo a dit le lundi dernier à Kléssoum que l’amnistie est un acte de pardon. C’est un gage de rétablissement de confiance entre les fils du Tchad et la paix sociale tant réclamée, a-t-il ajouté. « Sur les 44 détenus concernés par la loi 7, 22 ont été identifiés comme étant présents à la maison d'arrêt et de correction de Kléssoum. Par conséquent, ils bénéficieront des effets de cette loi. 44 divisé par 2 faits 22. Cela signifie que 22 ne sont pas présents aujourd'hui. Ils se sont certainement échappés de cette prison », a précisé Ahmat Alhabo. Il faut rappeler que l’amnistie est l'une des exigences des principaux groupes rebelles pour venir à la table des négociations à l'invitation du président Mahamat Idriss Déby Itno. Sont concernés « 39 personnes condamnées pour des faits d'atteinte à l'intégrité de l'État et de délits d'opinion » et « 257 membres » des groupes armés, détenus et jugés notamment pour « terrorisme » après une offensive de l'Union des forces de la résistance (UFR) en 2019, qui visait à renverser le président Deby.
Selon le ministre de la Justice, cette loi ne concerne pas les prisonniers de guerre de 2020 et les membres de la rébellion du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact).
Moyalbaye Nadjasna