Les étudiants de l’université de Toukra et les élèves du lycée officiel de Walia se sont affrontés lors des revendications, lundi 18 janvier. Les étudiants, eux revendiquaient l’insuffisance de bus de transport. Les élèves réclamaient des professeurs scientifiques en grève pour rattraper leurs heures perdues. Ces revendications ont dégénéré en affrontement entre les étudiants de l’Université de Toukra et les élèves du Lycée de Walia. Bilan : bus d’étudiants endommagés et l’administration du lycée de Walia saccagée. Le campus de Toukra est fermé du 21 au 25 janvier. Reportage.
Le SG de l’Unet (Union nationale des étudiants tchadiens) section de N’Djamena, Yaya Barkhai Issa, affirme que le problème a commencé le 18 janvier. Selon lui, l’axe de N’guéli n’a pas un bus fixe, ce qui a conduit les étudiants habitant sur ce trajet à barricader la route. Ils revendiquaient un bus spécial pour leur axe. M. Yaya Barkhai soutient que pour la ville de N’Djamena ,le centre national des œuvres universitaires (CNOU) leur a mis seulement 9 bus à leur disposition. Or dit-il, l’Unet section de N’Djamena en a demandé 20 bus proportionnellement au nombre des étudiants, signifie le SG de l’Unet. « Aujourd’hui nous sommes 32000 étudiants, avec de nouveaux recrûs on estime être à 40 000 étudiants. Ils nous ont dit que 6 bus sont garés qu’ils vont mettre à la disposition de l’Université de Ndjamena. Jusque-là ils traînent alors que le besoin est pressant ».
L’Unet dit suivre cette affaire de près. Et est étonné par quelle alchimie hier, 19 janvier, les élèves du lycée de Walia se sont retrouvés devant la grande voie cailloux et bâtons en main. « Ils ont cassé quatre bus d’étudiants, deux hier et deux autres aujourd’hui. Alors que c’est un problème qui ne les concerne pas. Il semble qu’ils revendiquent les enseignants scientifiques en grève. Ils auraient dû se concentrer sur leurs revendications », lance-t-il. Yaya Barkhai affirme que le staff de l’Unet s’est rendu à Toukra tenir une réunion avec les étudiants. Il assure qu’ils ont dit aux étudiants qu’ils ne doivent pas riposter, car ces élèves sont leurs cadets et ils vont les suivre demain. Le SG de l’Unet de N’Djamena confirme qu’il y a eu des dégâts causés par les étudiants au lycée de Walia. Mais selon lui, c’était une salle de classe en Seko qui a été brûlée hier. « Les élèves doivent aussi comprendre que les bus qu’ils cassent aujourd’hui, ils vont les utiliser demain ».
Yaya Barkhai constate que les gens ont tendance à extrapoler les choses lorsque ce sont des étudiants qui revendiquent ce qui leur revient de droit. Il appelle ses camarades étudiants à la retenue. Pour lui, ils doivent prouver à leurs cadets qu’ils sont mâtures. « Ce sont nos cadets, il faut les conscientiser afin que les choses ne dérapent pas. Nous appelons les étudiants et les élèves au calme », insiste le SG de l’Unet.
Cours suspendus au lycée de Walia
M. Beyakba Debgaroua, proviseur du lycée scientifique de Walia affirme que les cours sont suspendus après les heurts. Pour rappeler les faits, le proviseur soutient que leurs élèves faisaient cours lorsque les policiers en voulant dissuader les étudiants, ont jeté de lacrymogènes. « Plusieurs gaz lacrymogènes sont tombés devant les classes. C’est ce qui a poussé les élèves à sortir de leurs salles. Déjà ce jour, les cours ont fini en queues de poisson. C’est ce qui a poussé les élèves à réagir », soutient le proviseur.
Selon M. Beyakba hier 19 janvier, les élèves revendiquaient les heures perdues par les enseignants scientifiques contractuels en grève. Ils se souciaient du fait qu’ils sont en classe de terminale et doivent suivre normalement les cours pour bien préparer le baccalauréat, dit-il. « Malheureusement, d’un mouvement d’ensemble, ils se sont retrouvés avec les étudiants sur l’avenue. Les bus des étudiants passaient et comme ils ont perdu leurs cours avant-hier, ils ont répondu. Et patatras, cela a dégénéré. Et les étudiants ont réagi en descendant du bus. Ils ont cassé l’entrée principale du lycée ».
Toujours selon le proviseur, vers 9h00 les étudiants sont revenus au lycée. Ils ont défoncé les portes de l’administration et ont tout saccagé, « les dossiers des élèves, les dossiers administratifs vandalisés, les salles de classe brûlée. Vous voyez c’est un dégât énorme que nous enregistrons », dit le proviseur.
M. Beyakba estime que les étudiants sont censés être des futurs cadres du pays, et par conséquent, être exemplaires. « Ils ne devraient pas répondre au mal par le mal. Quelles que soient les conditions, les élèves sont leurs petits frères. Il y a d’autres méthodes pour faire des reproches à leurs cadets, mais ne pas agir ainsi», regrette-t-il. Le SG de l’Unet de N’Djamena compte s’entretenir avec nous, mais il faudrait que cela soit des discussions constructives, insiste l’administrateur du lycée de Walia. « Je crois qu’au niveau du gouvernement les responsables cherchent une solution. À notre niveau, nous projetons de changer le portail pour le placer vers le sud afin d’éviter d’éventuelles surprises».
Moyalbaye Nadjasna