Le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) a rencontré ce mercredi les responsables des médias et les hommes de culture. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’informer toutes les franges de la société de l’état d’avancement des travaux préparatifs du dialogue national inclusif (DNI). Reportage.
« La culture doit être au début et à la fin du système de développement », avait dit le premier président sénégalais Léopold Sedar Senghor. Mais, au Tchad, elle est au bas de l’échelle. C’est ce qu’estime la quasi-totalité des artistes-musiciens, comédiens, peintres et autres présents dans la salle. Ces artistes ont suivi plus de 2 heures d’exposés présentés par les responsables des 5 sous commissions thématiques du CODNI. C’est depuis presque 10 jours déjà que le CODNI fait cet exercice avec les différentes entités.
Le directeur de la réglementation, du suivi et de l’encadrement du secteur du secteur artisanal au ministère du Développement touristique et de l’artisanat, Koula exprime sa reconnaissance aux responsables du CODNI pour le travail qui touche toutes les sensibilités. En revanche, il déplore le fait que le secteur artisanal soit impliqué à la dernière heure. Il interpelle les autorités du CODNI d’inscrire l’artisanat au programme des débats lors du dialogue prochain. Il estime que l’artisanat peut constituer une réponse non négligeable du problème de l’emploi des jeunes. Selon lui, l’artisanat occupe 70% de la population active au Tchad.
Dans le même registre, Ngakoutou Hommel, ancienne comédienne, souligne que le slogan du CODNI « ensemble pour un dialogue inclusif et réussi », ne colle pas à la réalité. Elle estime que le CODNI ne semble pas impliquer tout le monde. Certaines entités de la société comme les artistes ne sont que des figurants dans la feuille de route de l’organisation. La comédienne souhaite qu’ils soient plus impliqués.
Un autre artiste et architecte militaire, Roger Boriata exprime son désaccord par rapport à la terminologie du mot réconciliation. Pour lui, il faut d’abord concilier les tchadiens avant de parler réconciliation. Il indique que depuis les indépendances, le pays cherche toujours la conciliation. Au sujet du dialogue, l’artiste note que l’on ne doit pas se presser pour un organiser un dialogue bâclé ni prendre un chronogramme téléchargé de quelque part. selon lui, c’est depuis 62 ans que les Tchadiens n’ont pas réussi à se réconcilier, même si la transition doit durer 62 ans, il le faut pour donner une fondation solide au pays.
Même son de cloche pour le coordinateur de l’union des organisations culturelles et artistiques du Tchad (UNOCAT), Dounia Tog-Yangar, précise souligne que si le pays ne donne pas la place qu’il faut à la culture, il serait difficile de développer ce pays. Car dit-il, même les pays les plus puissants comme les USA se sont basés sur la culture pour développer leur pays. Parlant de la refondation du Tchad, Dounia Tog-Yangar, s’interroge si les autorités n’accordent pas qu’il faut à la culture, comment peut-on parler de la refondation d’une nation ? Selon lui, le Tchad est tombé dans une crise généralisée parce qu’on n’a pas impliqué les hommes de culture dans les réflexions pouvant aider le pays à se relever.
Dans ce débat passionnant et parfois houleux, les responsables des médias présents dans la salle sont passés inaperçus. Aucun responsable de médias n’a pu poser des questions de compréhension ni fait des suggestions pour améliorer les conditions de travail de journalistes tchadiens. Selon le système des Nations Unies, le Tchad est l’un des pays au monde, où exercer le métier de journalisme est le plus dangereux.
Jules Doukoundjé