Selon les organisateurs, le colloque sur la refondation du modèle de l’État a réuni 180 personnalités, plus de 60 associations et plus de 100 experts nationaux et internationaux, des consultants et hauts responsables administratifs ont clos leurs travaux le 13 janvier. Les conclusions de ce colloque recommandent un État unitaire décentralisé. Reportage.
Les travaux du colloque international sur la refondation d’un État unitaire décentralisé au Tchad sont achevés. Les participants sont unanimes et soutiennent la forme de l’État unitaire décentralisé pour le Tchad. Ils motivent leurs décisions par rapport, disent-ils, à l’histoire du Tchad et à son contexte aujourd’hui. Selon eux, cette forme de l’État va mieux répondre aux aspirations de paix, de l’unité nationale et du vivre ensemble.
Selon les participants, un État unitaire mieux décentralisé correspond aux réalités socio-économiques du pays. Le système fédéral, quoique performant, risque de conduire à l’émiettement du Tchad, dit M. Mahamat Digadjimbaye, rapporteur général du colloque. Il soutient que l’exemple du fédéralisme au Soudan a favorisé un repli identitaire inquiétant. Cela a engagé les états fédérés qui font frontière avec les voisins a des velléités indépendantistes, insiste-t-il.
Le rapporteur énonce que la décentralisation n’a même pas de texte d’application au Tchad. On ne peut parler de fédéralisme, une forme complexe et plus poussée de la décentralisation à défaut de texte d’application même de la décentralisation, poursuit M. Digadimbaye. « Le Tchad en 62 ans, d’existence n’a vécu que 12 ans de stabilité pour parfaire l’État et construire une nation. Même la décentralisation n’a même pas été expérimentée », dit le rapporteur. Il précise que ce colloque a permis aux participants d’émettre des hypothèses et des suggestions pour corriger les insuffisances, dit-il.
Les participants au colloque ont formulé des recommandations. Selon eux, c’est au peuple de préserver l’unité nationale gage du développement, au gouvernement de mettre en œuvre un processus efficace de décentralisation qui respecte l’ensemble de textes de la République. Par exemple, confier la gestion des choses locales à la population locale, produire de textes d’application relatifs à la décentralisation, réviser les textes des élus locaux. Il faudra, toujours selon les participants, mettre à la disposition de ces collectivités décentralisées des ressources humaines hautement qualifiées, assurer leur autonomie financière pour garantir leur viabilité économique et socioculturelle.
Les recommandations du colloque disent aussi qu’il faudra mettre en place une structure d’appuis financiers, impliquer les autorités traditionnelles dans le processus, concevoir une véritable politique publique de la décentralisation, etc.
Les organisateurs appellent le CODNI à prendre en compte les conclusions du colloque. Aux partis politiques, selon eux d’impliquer la jeunesse dans la gestion des affaires locales, de designer des hommes et femmes capables de gérer les choses locales. À la société civile, de s’impliquer dans une démarche participative à la politique de la décentralisation. Et d’animer des universités populaires afin de fournir des documents pour améliorer la gouvernance locale. Ils appellent les partenaires techniques et financiers du Tchad, d’apporter des appuis nécessaires au gouvernement tchadien, aux collectivités locales, à la société civile pour décentraliser l’État.
Moyalbaye Nadjasna