La décision du président du Conseil militaire de la transition (PCMT), Mahamat Idriss Deby Itno à fixer, seul, la date du Dialogue national inclusif (DNI). Cette décision ne fait pas l’unanimité. Certains accueillent avec faveur la nouvelle. D’autres estiment qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires, avant de fixer la date du dialogue. Reportage.
Lors de son message à la nation le 31 décembre dernier, le PCMT Mahamat Idriss Deby a annoncé que le DNI aura lieu le 15 février prochain. Mais cette date n’est pas acceptée par tous. Certains pensent que c’est une bon pas vers un dialogue. D’autres, par contre, pensent qu’il faudrait d’abord trouver un accord avec les politico-militaires avant de fixer une date.
Pour le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), Me Adoum Mahamat Boukar, le PCMT a pris tout le monde par surprise. Il affirme qu’il faut bien préparer ce dialogue pour que cet évènement réussisse. Selon lui, le contexte n’est pas le même que lors des différents forums que le pays a pu organiser par le passé. Pour Me Adoum, ce dialogue se prépare dans un contexte particulier, parce que le président de la République a été tué au combat. Il estime qu’il faut profiter de cette malheureuse occasion, « il faut que les différents acteurs s’entendent sur la date de la tenue de ce DNI ».
Selon lui, cette date est une décision unilatérale n’aide pas à la conclusion d’un accord de paix globale avec les politico-militaires. Il pense aussi que le délai serré va compliquer la bonne organisation de ce grand rendez-vous. Me Adoum Mahamat Boukar explique que c’est maintenant que le Comité technique spécial (CTS) va se rendre dans les prochains jours à aller à Doha (Qatar) pour rencontrer les politico-militaires, « c’est une négociation que personne ne connaît l’issue ». Le président par intérim de la LTDH suggère que la date soit fixée seulement après avoir obtenu un accord de paix. Et c’est en ce moment que l’on peut ensemble fixer une date du dialogue. « J’ai vraiment de craintes et d’inquiétudes par rapport à la tenue et à la réussite du dialogue », dit le défenseur des droits humains.
Emboîtant les mêmes pas, le vice-président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Younous Mahadjir, dit que leur position est claire. Le syndicaliste affirme que son organisation a envoyé au PCMT toutes ses propositions sur la tenue DNI.
Au sujet de la date fixée par le PCMT, le vice-président de l’UST et membre de la plateforme de la société civile, Wakit Tama, souligne que c’est faisable. Sauf que, ajoute-t-il, tant qu’il n’y a pas un compromis avec les autres, que ça soit avec la société civile ou les politico-militaires il n’y aurait pas un dialogue accepté par tous.
L’opposant Salibou Garba insiste en disant que l’annonce de la date du DNI est incompréhensible, étant donné que les préparatifs ne sont pas encore terminés. Pour l’homme politique, des nombreux écueils ne sont pas aplanis. « On a vu comment le CODNI a opéré, usant souvent de passages en force, tripatouillant les positions acquises lors des séances publiques », explique Salibou Garba. A son avis, les préalables importants posés par les politico-militaires sans lesquels on ne saurait parler d’un dialogue utile et de paix sont à peine effleurés. Or, selon l’opposant, de ce pré-dialogue, en présence des partenaires, de la communauté internationale, découlera le format et autres dispositions pratiques, « je crois que ceux qui ont pris le pouvoir par terre recherchent uniquement les effets d’annonces ».
Jules Doukoundjé