Le président du tribunal de Grande Instance d’Abéché, Abderamane Ahmat Atim a été menacé le 29 décembre dernier par un haut gradé de l’armée nationale. Raison de menace : il a assigné le colonel à comparaître. Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT), et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT) condamnent cette énième menace proférée aux magistrats et appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités. Reportage.
Le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT), informent l’opinion nationale de la tentative d’assassinat qui a eu lieu le 29 décembre dernier, contre Abderamane Ahmat Atim, président du tribunal de grande instance d’Abéché. Pour les 2 syndicats, ce plan macabre a été ourdi et mis en exécution par le colonel Sebit Djouma résidant aussi à Abéché.
Pour le président du SYAMAT, Taoka Bruno, cette énième agression pose encore le problème de la sécurité du personnel judiciaire en général et celle des magistrats en particulier. Pour les deux syndicats qui défendent les intérêts des magistrats tchadiens, cette situation doit interpeller les plus hautes autorités.
Face à cette situation qui frise un appel à mort contre les acteurs judiciaires, les 2 syndicats rappellent le caractère entier de leurs revendications et interpellent le gouvernement sur son devoir régalien de protéger les citoyens et surtout les magistrats. Les magistrats tchadiens exigent l’arrestation immédiate de l’auteur de l’agression pour qu’il réponde de ses actes devant la justice. Ils souhaitent aussi que la mise en œuvre du déploiement immédiat des agents de sécurité dans les différentes juridictions. Au cas contraire, ils aviseront.
Pour le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, c’est inadmissible que les acteurs judiciaires soient menacés et continuent à l’être sans que les autorités n’y mettent fin à cette barbarie contraire aux pratiques d’un État de droit. Selon lui, la justice est symbole de l’État, elle est le baromètre. Il affirme aussi que la justice est incarnée par les juges, les avocats, les greffiers, les huissiers et les notaires. A son avis, si ceux qui incarnent cette institution peuvent être menacés, intimidés, subir de violences, tués, il y’a un réel problème. « Si la justice auprès de laquelle le citoyen qui subit l’injustice peut se réfugier est menacée ceux qui l’incarnent, que pourra faire ce dernier », s’interroge Me Djerandi Laguerre Dionro.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats du Tchad condamne cette ixième menace à l’égard d’un magistrat, en l’occurrence le président du tribunal de grande instance d’abéché. Selon nos sources, le procureur de la République a été saisi.
La rédaction a contacté le président du Tribunal des grandes instances pour des plus amples explications, mais nos appels sont restés sans suite.
Jules Doukoundjé.