L’ancien président de la ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et l’un des principaux acteurs et témoin de la conférence nationale souveraine de 1993, Enoch Djondang estime que les conditions matérielles et financières ne doivent pas poser de soucis pour l’organisation du dialogue national inclusif (DNI). Dans une entrevue accordée dans le studio Saleh Gaba à Ialtchad Presse, le défenseur des droits humains et consultant dit que le Tchad a des ressources pour organiser, sans l’appui des partenaires, un dialogue digne de nom. Entrevue.
Pour éclairer l’opinion nationale sur la capacité du Tchad d’organiser le DNI prévu pour le 15 février prochain. L’ancien président de la LTDH, et l’un des principaux acteurs de la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1993, Enoch Djondang, affirme que le pays dispose de moyens conséquents ( matériels et financiers) pour organiser ce rendez-vous sans l’aide des partenaires. Le défenseur des droits humains balaie du revers de la main l’argument des autorités de la transition qui réclame un appui financier des partenaires. « L’État peut bien et souverainement, si c’est un dialogue national, si c’est l’affaire des Tchadiens, on n’a pas besoin de tendre la main aux partenaires », dit-il.
À propos de l’aspect sécuritaire du dialogue, il rappelle que le pays n’a pas un passé reluisant. Il cite les assassinats politiques, les disparitions forcées et des rancunes entre les acteurs politiques. Et pour assurer la sécurité des participants, il suggère aux acteurs de la crise tchadienne qui craignent pour leur sécurité personnelle, pourraient participer en visioconférence. Enoch Djondang propose aussi que les représentants de ces acteurs puissent participer aux travaux. Il insiste sur la vertu du dialogue et demande aux Tchadiens de s’interroger sur l’importance de la tenue du DNI. Selon lui, l’on doit s’assurer qu’en termes de condition, on a les mêmes visions des choses. « Il faut que tous ceux qui sont concernés soient là. Que ce soit de façon directe ou indirecte », insiste-t-il.
Au sujet du calendrier du DNI, Enoch Djondang, souligne qu’il ne faut pas faire du copier-coller. Selon lui, les pays d’Afrique francophones reproduisent les mêmes choses, d’un pays à un autre. À son avis, les réalités ne sont pas les mêmes, surtout en ce qui concerne la transition. Concernant le message du président du conseil militaire de la transition à la nation le 31 décembre, M. Djondang note que c’est à l’occasion de cette déclaration que la plus haute personnalité de l’Etat dont la charte lui confère tous les pouvoirs a parlé d’un dialogue souverain. Pour lui, la logique voudrait que le PCMT rattrape le processus en cours. Il estime que le processus en cours allait dans une autre direction. « Ce n’était pas une direction d’ouverture, de conciliation », dit le défenseur des droits de l’homme.
Par expérience à la 1re conférence nationale souveraine de 1993, Enoch Djondang propose que la souveraineté du dialogue déclarée par le PCMT soit réaffirmée dans un règlement intérieur du DNI dans ses contours et implications. À son avis, dès lors que le PCMT proclame solennellement le caractère souverain et exécutoire de plein droit du DNI, tous les préalables bloquants de certains acteurs publics potentiels seront à la charge du dialogue. Il soutient que les résolutions du dialogue seront immédiatement traduites en décrets et lois signés et promulgués par le PCMT. Il ajoute aussi que le CNT devra cesser toute activité durant le DNI jusqu’à la mise en place des institutions redéfinies de la transition. « Pour garantir le caractère exécutoire, souverain du DNI et éviter les surenchères et la cacophonie habituelle néfaste de la classe politique tchadienne, le PCMT doit nommer quelqu’un au-dessus de la mêlée qui va reprendre l’organisation pratique du DNI », suggère-t-il.
Les conditions pour réussir le DNI
Pour la bonne organisation et la réussite du DNI, M. Énoch affirme qu’il y aura des sacrifices à consentir mutuellement entre les acteurs. Selon lui, tous les problèmes ne pourront pas être traités par le seul DNI. Et soutient que le pays est fragilisé. M. Enoch Djondang propose que tout ce qui pourrait relever de la gestion d’un gouvernement responsable et issu des urnes, c’est-à-dire d’un programme politique, devrait être différé. Il estime que ce n’est pas la peine de croire que le bourrage de littérature garantirait la mise en œuvre de tous les désirs. Pour lui, la transition devrait se limiter à l’essentiel pour normaliser la situation générale du pays et le rendre gouvernable en restaurant la justice, l’égalité des citoyens et de paix.
Jules Doukoundjé