Le Tchad a célébré la fête de saint sylvestre dans une gaieté à bon enfant. Certains fêtards se sont donné rendez-vous dans les bars et les restaurants de la capitale. D’autres ont choisi la place de la nation pour assister aux tirs de feux d’artifice organisés par la Mairie de la commune de la capitale, N’Djamena. Reportage.
Il est 20 heures, l’heure locale de N’Djamena. Ce soir, c’est le 31 décembre la veille de la fête de Saint-Sylvestre. Les N’Djamenois surnomment ce jour et cette nuit de la fin de l’année 2021, « le 31 ». Les bars et restaurants des quartiers sud de la capitale tchadienne se remplissent petit à petit. Pour attirer les clients dans leurs cafés, appelés communément alimentation, les propriétaires de ces bistrots à la tchadienne n’hésitent pas de mettre la main à la poche pour peindre les lieux, les réaménager, etc.
Sur l’avenue Monseigneur Mathias Ngarteri, appelé communément l’axe CA7, l’ambiance est à son paroxysme. Sur cette avenue, surnommée par les noctambules, « rue de joie ou la rue princesse » les décibels des variétés musicales font craquer les tympans. Pour ce jeune rencontré dans un bar dancing, « la vie n’a pas sa copie, on vit qu’une seule fois et si l’occasion se présente, il faut s’éclater à fond ». À peine 25 ans révolu, le jeune homme complètement ivre peine à se tenir debout. Il explique qu’il attendait cette occasion depuis plus de 3 mois. À quelques mettre, dans un autre bar, il n’y a plus de place, plusieurs clients sont contraints de rester debout au comptoir sirotant leurs bières.
Marie Antoinette Nera a quitté la banlieue Koundoul, à la sortie sud de la capitale tchadienne, pour venir célébrer le saint Sylvestre avec ses copines. Elle explique que chaque année, elle et ses amies se cotisent pour fêter dans les bars dancing. Pour elle, la fête de cette année est mieux que celle de l’année dernière. Marie Antoinette affirme que l’an dernier, à cause de la covid19, la fête n’a pas été belle comme elles avaient souhaité à cause des restrictions sanitaires. Mais cette année, dit-elle, les autorités ont permis aux gens de se défouler.
Moursal, la capitale d’ambiance
Au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement de la commune de N’Djamena, connu par le déhanchement de ces jeunes filles qui déambulent dans les coins et les recoins, à la recherche d’une âme sœur, semble calme. L’avenue Kondol, avec ses bars et restaurants aux jeux de lumière, qui attirent les clients comme le feu attire les insectes, a perdu sa lettre de noblesse. Dans ce quartier, les bars dancing n’ont pas fait le plein comme autrefois. Moursal a changé, sa particularité maintenant est que ses bistrots sont prisés par certains ceux qu’on surnomme « les vétérans ». Ils préfèrent fêter dans la discrétion.
Chagoua et ses débits de bières traditionnelles
Il est 21h 30 min au quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement. Ce quartier est connu par le nombre pléthorique de ses débits de bières traditionnelles, appelés communément cabaret. Malgré les bars dancing et les boîtes de nuit, les cabarets sont toujours bondés de clients la nuit de la Saint-Sylvestre. Dans un cabaret situé non loin du chef de carré 4, des jeunes et des personnes âgées consomment leur « bilibili », la bière traditionnelle, en chantant et en dansant. Pour la vendeuse de cette bière locale, Koumabi, les temps sont durs. Selon elle, en cette période de fin d’année, l’argent se fait rare et certaines personnes préfèrent se rabattre sur les bières locales. Selon elle, certains viennent prendre quelques calebasses de bières locales avant d’aller dans les bars dancing.
Kabalaye rafle la palme d’or
Au quartier Kabalaye, dans le 3e arrondissement, l’ambiance est à la fête. Ce quartier est le préféré des communautés étrangères telles que les Camerounais, les congolais et les centrafricains. Sur l’avenue Jean Betel Bokassa, la plupart des bars dancing sont tenus par les expatriés camerounais. Ces détenteurs de ces lieux mondains affirment qu’ils se sentent à Yaoundé ou à Douala. Dans les rues de ce quartier, l’on peut facilement identifier les travailleuses ou professionnelles de sexe se déhanchent dans de tenues légères à la recherche de potentiels clients. Le quartier Kabalaye est connu pour ses filles de joie. Elles traînent dans les rues du quartier jusqu’au petit matin. Pour certaines filles que la rédaction a rencontrées dans les bars, la fête de Saint-Sylvestre est une occasion de se refaire une santé financière. Une jeune fille assise devant sa bière en faisant circuler de bulles de fumée de cigarette est venue de Maroua, ville du nord du Cameroun comme elle dit « se chercher ». Elle affirme qu’elle vient chaque année à N’Djamena, durant les fêtes de fin d’année à la cherche des clients. Dans ce quartier, la bière coule à flots et la musique fait vibrer les cœurs et les corps des fêtards.
Place de la Nation, le terminus
À la place de la nation, située en face du palais rose, le palais de la présidence du Tchad. Ici, la Mairie a mieux organisé la fête avec de jeux de lumière qui attirent les jeunes venus de plusieurs quartiers de la ville. À minuit 00, heure de N’Djamena, les feux d’artifice sont tirés par jeunes pour célébrer le Nouvel An. À cet instant des jeunes gens se donnent des accolades pour se souhaiter les vœux du Nouvel An. La nouvelle année est accueillie par des cris de joie, chacun espérant qu’elle puisse apporter du mieux et du nouveau aux Tchadiens.
Jules Doukoundjé