Après la menace des responsables de la manufacture de cigarettes du (MCT), située à Moundou dans le sud, de fermer l’usine, si le gouvernement n’abandonne pas l’idée d’augmenter la taxe sur le paquet de la cigarette. Le secrétaire général (SG) de l’association pour la défense des droits des consommateurs (ADC), Daouda El Hadji Adam réagit contre les agissements de la MCT qui cherche, selon lui, à manipuler ses employés en menaçant de fermer l’usine. Il appelle les autorités à maintenir la taxe de 100 f sur chaque paquet de cigarettes. Entrevue.
Aux grands maux, il faut des grands moyens tels semble être la devise de l’ADC face à la Manufacture des Cigarettes du Tchad (MCT). L’association pour la défense des droits de consommateurs (ADC) bande ses muscles et va en guerre contre la MCT, implantée au Tchad depuis 1968. Le Secrétaire général (SG) de l’ADC réagit aux menaces des patrons de la MCT de fermer l’usine de Moundou si les autorités tchadiennes maintiennent leur décision d’augmenter la taxe sur les paquets de cigarettes made in Moundou. « Depuis quelques jours, nous constatons avec amertume et indignation que la MCT, filiale du Groupe Imperial Tobacco Brands se livre à des manœuvres de désinformation et de manipulation de l’opinion publique et des pouvoirs publics pour saper les efforts du Gouvernement dans la mise en œuvre de l’article 6 de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), traité de santé publique ratifié par le Tchad le 30 janvier 2007 », affirme Daouda El Hadji Adam. Selon lui, dans ce domaine précis, le Tchad a réalisé des avancées considérables, faisant du Tchad, l’une des premières Nations en Afrique. Ce qui est réconfortant, selon M. Daouda, dans l’engagement de l’ADC aux côtés du Gouvernement dans le domaine de la santé et particulièrement celui de la prévention sanitaire. « En tant qu'acteur de la société civile engagée dans la lutte antitabac, il est de notre devoir d’éclairer l’opinion publique et les décideurs sur ces agissements et les manœuvres fallacieuses orchestrés par ce loup qui se transforme en agneau », dit-il.
Le défenseur des droits de consommateurs souligne que l’opinion publique et les décideurs doivent comprendre que les arguments et stratégies développés par la MCT, malheureusement, relayés par certains organes de presse, ne sont pas nouveaux. Selon lui, les compagnies de tabac dans le Monde ont toujours fait usage du mensonge et de la manipulation pour vendre leur produit mortel aux consommateurs et à des prix faiblement taxés.
A son avis, le choix de la période n’est ni fortuit, ni une simple coïncidence. La MCT cherche à travers ses actions médiatiques et de chantages à influencer le processus budgétaire en cours au titre du projet de budget 2022 pour faire annuler ou réduire le montant de la taxe spécifique de 100f sur chaque paquet de cigarettes instituées par la loi des finances 2019, dédiée au financement de la couverture sanitaire universelle. « Nous demandons à la MCT de cesser d’instrumentaliser et de torturer moralement les quelques rares travailleurs tchadiens exploités pour servir sa cause », ajoute Daouda El Hadji Adam. Il rappelle que, selon l’OMS, le tabac est une cause majeure de décès, de maladie et d’appauvrissement. Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le Monde. Plus de 80 % du 1,3 milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire dont le Tchad. Selon le défenseur des droits des consommateurs, au-delà de la dimension sanitaire, la consommation de tabac est un véritable fardeau économique pour la collectivité. À cause du faible niveau de taxation des produits du tabac au Tchad, les maigres taxes collectées par l’État sur le tabac demeurent sont en dessous des coûts supportés par l’État et les fumeurs. À cela s’ajoutent les coûts liés aux pertes de productivité associées aux morbidités, ou encore les coûts environnementaux du tabagisme.
Toujours selon M. Daouda, pendant plus de 50 ans, la MCT a opéré au Tchad en position de quasi-monopole dans un marché hyper rentable qui lui a permis d’engranger d’énormes bénéfices. En dépit des dégâts énormes sur la santé des consommateurs tchadiens, de leur appauvrissement, elle se permet d’afficher son cynisme en faisant allusion au nombre d’emplois créés et le montant des impôts versés. « Nous tenons à préciser que ces impôts sont constitués essentiellement des taxes supportées par les fumeurs, victimes de cette compagnie. La MCT n’est qu’une collectrice pour le compte de l’État et non contributeur direct. Que la MCT cesse d’entretenir cet amalgame »..
Jules Doukoundjé