Village situé à 10 km au nord-est de N’Djamena, Gaoui est un village habité par les Kotoko. Il a été la capitale de la civilisation Sao. De nos jours, le village est reconnu pour son architecture traditionnelle, son patrimoine traditionnel et la poterie. Il abrite également le musée rénové du peuple Kotoko. Ialtchad Presse s’est rendu dans le village Gaoui pour réaliser une série de trois reportages.
Selon la petite histoire, Gaoui est le nom donné à ce village par le Sultan Ouaddaï, résidant dans sa cité capitale Ouara, l’actuelle ville d’Abéché. Pendant ces temps immémoriaux, le sultan a reçu des commentaires sur ce village à travers ses émissaires, « les Kotoko sont un peuple qui vivait bien organisé avec beaucoup de richesse. » Alors, le Sultan a décidé de les envahir afin de soumettre leur village. Il a échoué, à trois reprises, dans sa tentative de conquérir ce village. Lors de sa dernière tentative, il a donné le nom « Gaoui » qui signifie dur en arabe local à ce village. Autrement dit dur à conquérir.
Selon le guide du musée Mahamat Djibrine, Gaoui était un village bien construit et clôturé avec un mur de 6 mètres de long et 2 mètres d’épaisseur. Il se compose de 4 quartiers : Tikir, Tiké-Gaou, Gamé et Hidé. « Ces 4 quartiers ont chacun une porte d’entrée principale, des notables, des plantons et les administrés. Chaque chef de quartier s’organise avec ses administrés pour développer sa circonscription. Une véritable fédération », explique-t-il. Le palais du sultan est une joyeuse architecture construite en étage avec de la terre battue et date de plus de 150 ans. Mahamat Djibrine affirme qu’à l’époque, le peuple Kotoko était des grands Hommes qui vivaient de la pêche, de la chasse et de la cueillette. C’est la coupe abusive des arbres qui a fait fuir les animaux vers le parc national de Zakouma, dit-il. « Au temps jadis, en dehors du palais du Sultan bien construit, l’argile est utilisée pour fabriquer différents objets. La poterie fait partie intégrante des activités du peuple Kotoko ». Selon le guide, l’argile sert à fabriquer les ustensiles de cuisine, de coffre-fort, des greniers, à construire des maisons, et surtout à fabriquer des pompes funèbres sous forme de jarre. Les Sao l’ont introduit sous la forme fœtale pour être enterrés. M. Mahamat Djibrine ajoute que de nos jours encore, ces descendants des Sao vivent avec les revenus de la poterie qui fait partie de leurs principales activités.
On trouve aussi au village de Gaoui l’ancien palais du sultan situé juste à côté du palais moderne. Ce palais est désormais un site touristique. Selon le guide, le palais est construit depuis plus de 2 siècles. Un peu loin du village dans l’ancien palais se trouve le panthéon des sultans : 13 sultans sur les 16 y sont enterrés.
Kouladoum Mireille Modestine