L’abattoir frigorifique de Farcha est partiellement fermé depuis plus de 7 mois. Les employés de ce grand abattoir qui ravitaille toute la région d’Afrique centrale réclament 5 mois d’arriéré de salaire et leurs droits sociaux. Depuis plusieurs mois, les employés se battent pour la réouverture de leur entreprise, mais sans une réponse favorable du ministère tutelle. Reportage.
L’abattoir moderne, appelé communément abattoir frigorifique de Farcha, situé dans le 1er arrondissement de la commune de N’Djamena, ne fonctionne plus depuis plus de 7 mois. Cette fermeture inquiète les employés qui réclament plusieurs mois de salaire et leurs droits sociaux. Créé en 1958, cet abattoir moderne avait la capacité d’abattage de plus 5 000 têtes de bovins par jour. Aujourd’hui c’est à peine à 400 têtes. Il est partiellement fermé. Le personnel crie à la mauvaise gestion par les responsables. Certains soupçonnent cette fermeture parce qu’une société arabe chercherait à reprendre les activités avec un autre personnel. Plus de 200 employés et leurs familles sont ainsi contraints à vivre sans salaire depuis plusieurs mois.
Pour Tahir Ali Brahim, membre du collectif des employés de l’abattoir de Farcha, la société les a laissé tomber, mais les responsables ne savent pas quoi faire pour faire fonctionner l’abattoir. Il rappelle que l’abattoir frigorifique de n’a jamais rencontré une si grande difficulté depuis sa création. Selon lui, le ministre de l’élevage a fermé l’abattoir pour rien. Le porte-parole du collectif des employés estime que parmi ce personnel, plusieurs sont des chefs des familles et sont abandonnés dans la nature. « On leur demande de faire quelque chose pour nous, mais rien. Ils ne font que nous donner les rendez-vous fallacieux qui n’apporte rien de concret », dit un employé la rage dans la voix. Selon lui, l’abattoir marche bien, toutes les machines fonctionnent normalement, il est fermé pour des raisons que les employés ignorent.
Selon les employés, c’est le ministre de l’Élevage qui est la cause de leurs souffrances. C’est lui, selon eux, qui a donné l’ordre de fermer l’abattoir. Le personnel est inquiet par la fermeture d’un grand abattoir qui alimentait toute l’Afrique centrale en viande. Pour trouver une solution idoine à ce problème, les employés ont rencontré le ministre de tutelle en juillet dernier, puis celui des Finances, mais sans une suite favorable. Pour les employés, cette fermeture partielle est à l’origine de la création de 6 aires d’abattages dans la ville de N’Djamena. Ces aires illégales et non contrôlées par les services vétérinaires ravitaillent les marchés de la capitale en viandes, mais ces viandes. Tahir Ali Brahim ajoute par ailleurs que l’abattoir de Farcha fournit de meilleures viandes sous le contrôle qualité des médecins vétérinaires. Cette viande est distribuée partout dans les provinces du pays et même exportée.
Ali Issa Abba un autre employé est aussi inquiet. Il accuse le ministère d’avoir délibérément mis au chômage des pères des familles . « C’est le ministère qui veut fermer la maison sur nous. On travaille, et on fait des recettes et ils refusent de nous payer », dit-il. Il va plus loin dans les accusations en indexant le ministre de l’élevage d’être à l’origine de la création des aires d’abattage qui font une concurrence déloyale à l’abattoir de Farcha. M. Ali Issa Abba confie que sur les 22 chambres froides de l’abattoir, 12 seulement fonctionnent.
Un autre syndicaliste qui s’exprime sous couvert d’anonymat affirme que l’État accorde une ligne budgétaire de plus 300 millions des F CFA pour le fonctionnement de l’abattoir de Farcha. Selon lui, l’abattoir même génère de recettes de plusieurs millions par mois. « Au début, c’était 8 mois de salaire, l’État a payé 3 mois et il reste encore 5 mois », explique l’ex-employé et membre d’une plateforme syndicale des employés de l’abattoir.
L’abattoir frigorifique de Farcha compte 121 personnels directs et 168 personnels indirects. Si rien n’est fait dans les jours à venir pour sauver l’emploi de ces 289 employés et leurs familles, ils menacent de continuer d’organiser les marches devant le ministère tutelle. Pour réclamer 6 mois d’arriéré de salaire et leurs droits sociaux, les employés de l’abattoir de Farcha ont organisé un setting devant le ministère de l’élevage hier, 16 novembre. Mais ils ont été violemment dispersés par la police, 4 manifestants sont grièvement blessés.
Jules Doukoundjé