Charbon : Lazina propose 100.000 f contre l’abandon de ce commerce

Mar 03, 2022

Le ministre de l’environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina a promis au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons dans les marchés de N’Djamena, une somme de 100.000 F CFA à chacune si elles abandonnent le commerce de ce produit. Il leur donne une semaine pour liquider le reste de leurs marchandises, après ce délai elles seront passibles de poursuite judiciaire. Cette proposition du ministre est diversement appréciée par les vendeuses. Reportage.

Une semaine après une décente musclée sur le terrain et soldée par une importante saisie des sacs de charbon de bois dans les marchés de la capitale tchadienne, N’Djamena, le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina propose une somme de 100. 000 F CFA à chacune des 64 femmes vendeuses de charbon de bois pour pouvoir changer d’activités commerciales. Il a fait cette proposition au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons de bois dans les marchés de N’Djamena. M. Mahamat Ahmat Lazina donne une semaine à celles-ci pour liquider le reste de leur charbon. Après ce délai, la garde forestière fera le tour des marchés et celles qui continuent cette activité, seront poursuivies. Au sujet des sacs de charbon saisis la semaine dernière, le ministre annonce qu’il va mettre à la disposition de la maison d’arrêt de Kléssoum et dans quelques hôpitaux de la capitale.

Mais cette proposition du ministre de l’Environnement divise les femmes vendeuses de charbon de bois. Celles du marché Goudji, un quartier situé dans le 8e arrondissement, au nord de la capitale, se sont résignées en acceptant la proposition du ministre Lazina. 

Une vendeuse rencontrée dans ce marché qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, explique que les 100. 000 f CFC proposés par les autorités, ne se suffisent pas pour commencer une activité génératrice de revenus. Selon elle, les femmes vendeuses de charbon du marché de Goudji sont contraintes d’accepter la proposition de l’État, parce qu’elles ne veulent pas simplement désobéir à l’autorité. Elles affirment avoir conscience de la difficile décision qu’elles ont prise, mais s’en remettent à Allah le Tout Puissant.

Dans la plupart des marchés des quartiers sud de la capitale tchadienne, leurs consœurs, aussi vendeuses de charbons de bois, rejettent de manière unanime la proposition du ministre. Du marché Dombolo en passant par les marchés de Dembé et Taradona du quartier Chagoua les femmes vendeuses de charbon sont unanimes, il faut résister à la décision ministérielle.

Pour Dorkemdéné Marie-Jeanne, veuve et vendeuse de charbon de bois au marché Dombolo, c’est grâce à ce commerce qu’elle élève seule ses 5 enfants depuis plus de 3 ans. Elle souligne qu’elle est l’épouse d’un militaire qui a perdu sa vie au front en défendant la patrie. Et aujourd’hui c’est en monnaie de singe que les autorités la remercient. La jeune veuve dit qu’elle a une dette de plus 100.000 francs à rembourser à son fournisseur de charbon résidant à Kousseri au Cameroun. Mme Marie-Jeanne estime que les 100.000 F CFA proposés par le ministre de l’Environnement sont insuffisants et ne peuvent pas éponger ses dettes. Elle suggère au ministre Lazina de recenser d’abord les besoins réels des femmes vendeuses de charbon, tout en prenant compte leurs énormes dettes avant de faire une proposition. Mme Larbiih, vendeuse de charbon aussi, accepte la proposition du ministre, mais affirme aussi que la somme proposée par le ministre est dérisoire. Selon elle, il faut que le ministre paye leurs colossales dettes avant de faire de propositions. Elle estime que les femmes de Goudji qui ont accepté la proposition ne vivent peut-être pas les mêmes réalités que les autres vendeuses de charbon. Certaines vendeuses affirment qu’elles ne vont pas arrêter ce commerce. Car disent-elles, le Tchad est un État de droit et que chacun est libre de choisir le genre de commerce pour exercer. Elles exhortent au ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat à déployer ses agents dans les forêts pour contrôler ceux qui abattent les arbres. Elles soulignent enfin qu’elles vont à Kousseri au Cameroun pour se procurer du charbon de bois et non de la coupe abusive des bois provenant du Tchad.

La décision du ministre d’allouer 100.000 francs aux 64 vendeuses de charbon de bois dans les marchés de N’Djamena a suscité beaucoup de suspicions et des interrogations. De nombreux analystes et défenseurs des droits humains s’interrogent sur la provenance de l’argent que le ministre doit payer ces vendeuses. Ils estiment que dans le budget du Ministère, aucune ligne budgétaire n’a mentionné une somme pareille pour les femmes vendeuses de charbon de bois.

Jules Doukoundjé

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