Une pré-campagne morose

Avr 03, 2024

Les candidats à l’élection présidentielle du 6 mai prochain sont connus. Ils sont au total 10 personnes. En attendant les recours de ceux qui ont été disqualifiés, la précampagne électorale est drôlement ennuyante. Pourquoi?

Elle ne lève pas, comme disent les spécialistes. Elle n’accroche presque personne. Elle s’annonce terne et n’intéresse pas les Tchadiens. Parce qu’elle est loin de leur préoccupation. Ils n’ont toujours pas d’électricité malgré toutes les promesses du pilote président de transition et de son copilote de Premier ministre. Ils ont à peine l’eau pour étancher leur soif. La vie est chère, le ramadan est dur, la fête de fin de ramadan et ses charges les assaillent, ils sont essorés, écœurés de voir et d’entendre des politiciens sans envergures faire des promesses sans retenues.

Les premiers coupables de cette morosité sont bien évidemment le président de transition et son Premier ministre. Le fameux pilote, Mahamat et le réputé copilote, Masra. Ils ont de la misère à maîtriser leur plan de vol et à mettre un peu de la joie dans l’avion Tchad.

D’abord, le président de transition. Il n’a quasi rien fait pour rassurer les Tchadiens. Il a même contribué par ses actes à faire disparaître le peu d’espoir né à la mort de son père. Il s’est obstiné à une chose : comment conserver le pouvoir. Et cela semble lui réussir. Bref, les voix discordantes sont écartées, voire marginalisées. Il a réussi à soumettre de vieux partis comme l’Union nationale pour le Développement et Renouveau (UNDR), le parti pour les libertés et le développement (PLD) en les avalant dans une gigantesque coalition hétéroclite baptisée Tchad uni. Mieux, il a réussi à faire des chefs ces partis les subalternes du parti de son père, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS).

Ensuite, le Premier ministre de transition. Beaucoup des Tchadiens ont misé sur lui croyant qu’il affait tenir sa promesse de la quête d’un Tchad juste et égalitaire. Depuis qu’il est Premier ministre les choses se sont empirés. Par exemple, certains N’djamenois n’ont pas d’électricité depuis le début de ramadan. Rien ne semble marcher. Le Premier ministre est lui aussi obsédé par son maintien au poste de Premier ministre. Dans cette galère tchadienne, il est le plus heureux des Tchadiens allant jusqu’à danser le « gourna » dans son salon, oubliant pourquoi plusieurs tchadiens ont applaudi son arrivée à la primature. Un ancien premier ministre disait que Masra ne faisait pas de la politique, mais de la communication. Finalement il ne fait ni la Com ni la politique. Il fait autre chose…

Enfin, c’est une première au pays que le Président de transition et son Premier ministre sont tous candidats à la même élection. Le président peut, à la rigueur, assumer ses fonctions de président et battre campagne pour son élection. Par contre, le Premier ministre ne peut pas faire pareil, même si a priori rien ne l’interdit. Pour être sérieux, il devait démissionner. Sinon ces élections ne seront qu’une comédie. Et les Tchadiens n’iront pas voter parce qu’il ne sert à rien de voter, se diront-ils.

Bello Bakary Mana

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