Une conférence sur les conflits africains contemporains

Fév 21, 2022

L’université de N’Djamena a organisé une conférence-débat sur le thème État importé, territorialité tourmentée et sociétés complexes face aux conflits africains contemporains ce samedi 19 février à l’amphithéâtre de la faculté de médecine. C’est professeur Bertrand Badié, émérite des universités des sciences politiques de Paris qui a animé la conférence. Reportage.

Le conférencier Bertrand Badié retrace dans sa présentation, l’histoire politique de certains Africains colonisés par la France. Pour lui, d’une manière ou d’une autre, les colonisés et les colons ont marqué l’histoire. Cette histoire est marquée par l’importation de la culture occidentale vers l’Afrique qui ne s’adapte pas aux réalités de la région. « Les Africains se trouvent confus dans la confrontation de ces deux cultures même après la colonisation. Il est difficile pour les Africains d’afficher leur identité culturelle aux yeux du monde. Je pense qu’il est temps pour l’Afrique de réécrire son histoire et d’arrêter de se consoler sur le dos du colonisateur », a-t-il précisé. Plus loin, le professeur parle de la victimisation des Africains. Selon lui, les Africains doivent arrêter de se victimiser. Si la culture que le colonisateur a imposé aux Africains ne les convient pas, ils peuvent valablement travailler pour le changer après les indépendances. Indique-t-il. Il prend l’exemple des problèmes de réconciliation entre l‘Algérie et la France qui à son avis, ne le concerne pas. Bertrand Badié se sent mille fois proche de l’Algérie dans sa quête pour sa dignité et sa liberté.

Quelques participants sont intervenus pour donner leurs contributions à l’exemple de Dr Ngariera Rimadjita et Dr Mahamat Fouda Djourab. Pour le chirurgien Ngariera, la compréhension du présent et du futur découle du passé. Il invite les jeunes à lire pour découvrir les choses qu’ils ignorent. Vous risquez de prendre des décisions inadaptées si vous ne vous référez pas au passé et c’est seul par la lecture que vous allez le découvrir. Insiste-t-il. « Nous avons été incapables de corriger les effets de la colonisation qui ne correspond pas à nos réalités culturelles. C’est une question d’intérêt. Je ne vois pas pour quel intérêt le colonisateur viendra nous demander de changer la culture qu’il nous a importée si on ne le fait pas nous-même», a-t-il souligné. Intervenant à son tour,  Dr Mahamat Fouda Djourab s’appuie sur la sociologie pour étayer son intervention. De son avis,  les sociétés évoluent, se transforment, s’adaptent se nouent des relations et les dénouent aussi. Alors ce qui se passe depuis le soleil des indépendances jusqu’à nos jours, est pire que ce que le colon a fait, a-t-il ajouté. Pour lui, les Africains sont étrangers à leur propre culture donc elle ne peut pas se développer avec des étrangers culturels. « Dans nos rencontres, nous reproduisons ce qui a été déjà fait sans les contextualiser. Aussi longtemps que nous serons incapables de définir un modèle de gouvernance, nous allons toujours attendre des autres qui viendront nous donner leur modèle », argue-t-il. Pour finir, le professeur Bertrand Badié reprend la parole pour dire qu’il ne comprend pas ce qu’on appelle démocratie universelle et qui peut décider de son applicabilité dans le monde. Pour lui, personne ne peut proclamer une soi-disant démocratie universelle, aux autres, conclut-il.

Kouladoum Mireille Modestine

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