Mahamat Nour Ibedou Secrétaire Général de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDDH), est réhabilité dans ses fonctions, par une décision de la Cour d’Appel de N’Djamena, ce 21 mai. Qu’est-ce qui a motivé cette suspension?
Mahamat Nour Ibedou dans un échange téléphonique a relevé à la rédaction qu’il n’a pas été suspendu pour cause de malversation financière. « L’organisation n’a même pas d’argent. Il y a de cela une année, M le défunt président Idriss Deby a demandé à son ministre de la justice de m’arrêter. Pour qu’il arrive à organiser ses élections, il faut que je sois destituée de la CTDH. Le ministre ne sachant que faire a demandé au juge de me suspendre sans raison », explique-t-il. Selon le SG de la CTDDH, l’ancien Garde de Sceaux M Djimet Arabi s’est décarcassé pour monter un membre de la CTDDH, « détourneur » du fonds la CTDDH contre lui. « Ce monsieur a porté plainte contre moi à la justice, un prétexte. En principe quelqu’un qui a été chassé d’une organisation ne peut pas porter plainte. Et les juges du Tribunal de la grande Instance ont pris une ordonnance, nous avons fait opposition d’appel avec notre avocat, mais l’ordonnance a été encore confirmé et nos avocats ont interjeté l’appel de la Cour d’Appel », dit M. Ibedou. Il rajoute, comme le système judiciaire est dans la poche de feu Deby Itno, le président de la Cour d’Appel M. Timothée a préféré retarder le dossier pour ne pas se prononcer jusqu’à ce que la décision de réhabilitation soit prise ce 21 mai 2021.
« Pour ma réhabilitation, disons que le premier argument, c’est d’abord le fait que les gens qui donnent de l’ordre n’existent plus. Donc le juge avec l’arrivée de M. Ahmat Mahamat Alabo, qui a dit que les juges sont libres de dire le droit, le juge de la Cour d’appel a dit le droit sans crainte et sans un ordre quelconque », affirme le SG de la CTDDH. Selon lui, sa réhabilitation n’est pas un évènement, car il travaillait toujours comme SG de la CTDDH malgré sa suspension. « Je n’avais pas accordé de la considération à quoi que ce soit. Pour moi, ils ont réparé la bêtise de ceux qui ont fait ça », confie Ibedou.
Autre sujet, autre position. D’après lui, dans leur nouvelle organisation Wakim Tama, ils ne reconnaissent pas le Conseil militaire de transition CMT. Pour lui, le système Deby est toujours-la. « Je suis sûr qu’il va y avoir une reprise en main de la Justice. Il faut vraiment du temps pour que les choses se remettent au niveau de la justice. A mon avis, les membres de gouvernement n’ont pas assez de pouvoir avec ce CMT-là. M. Alhabbo avait dit qu’il faille libéré les manifestants arrêtés, mais jusque-là ils ne les ont pas été libérés, ce qui prouve que le CMT est tout puissant », martèle-t-il. Espère que les juges vont respirer, poursuit-il.
De la politique à la société civile
Mahamat Nour Ibedou est né en décembre 1956 à Mongo dans la province du Guera au centre du pays. Du mouvement politico-militaire à la défense des droits humains. Préoccupé par la dictature d’Hissène Habré, Ibedou intègre alors le Mouvement politico-militaire Mosanat, le Mouvement pour le salut national du Tchad qui s’est opposé au régime de Habré.
Huit mois plus tard, Mosanat signe un accord avec un groupe rebelle dirigé par le colonel Idriss Deby Itno pour former le Mouvement patriotique du salut (MPS). Ensemble ils chassent Hissène Habré du pouvoir un jour du 1er décembre 1990. Mahamat Nour Ibedou sera le tout premier chef de mission du président Deby. Mais deux ans plus tard, en 1992, Bledou n’aperçoit aucun changement. Il claque la porte du MPS.
En 2011, il décide d’abandonner la politique pour militer dans la société civile en créant avec quelques autres personnes la CTDDH, une organisation de défense des droits humains. Il milite et préside à sa destinée depuis plus de 10 ans.
Moyalbaye Nadjasna