L’appel à la marche pacifique de la Coordination des Actions Citoyennes dénommée Wakit Tama de ce 19 mai, sur toute l’étendue du territoire national, n’a pas eu d’impact. Un important dispositif militaire a quadrillé la ville étouffant dans l’œuf la manifestation.
Dans les quartiers tels qu’Ambatta, Gassi, Atrone, Habbena, Chagoua, pour ne citer que ceux-là, le constat est des militaires partout. L’ambiance est timide. Pas de concert de sifflet, de tintamarre, de vuvuzela, comme lors de la marche du 27 avril. Ces quartiers ne grouillent pas de manifestant. Les rues sont presque vides. Les carrefours, les avenues, sont bondés d’hommes en treillis.
À Atrone, dans le 7e arrondissement, il y a une forte présence des forces de l’ordre. Quatre (4) véhicules de gendarmes postés au sous-poste de police, deux autres en face de l’ex-marché. À la station APG du même quartier, on dénombre 11 véhicules des éléments du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP), notamment 8 véhicules bourrés d’hommes en treillis et 3 véhicules-citernes d’eau chaude.
À Gassi, quelques manifestations sporadiques ont été signalées. Mais très vite dispersées par des policiers qui ont fait usage des gaz lacrymogènes.
À Abena, le siège du parti Les Transformateurs est surveillé par deux véhicules des éléments du GMIP. Tout autour, un groupe de jeunes tente de se rassembler, mais il a été dissuadé par la présence des policiers qui patrouillent sans cesse le secteur.
À Chagoua, précisément sur l’axe CA7, réputé être un bastion de contestation et de brûlure des pneus, il n’y a rien à signaler. La circulation sur cet axe n’est pas perturbée comme lors des précédentes marches. Aucune présence policière sauf à proximité de la base du GMIP où un véhicule est stationné.
Au rond-point de l’avenue 10 octobre, c’est tout un bataillon composé des gendarmes, gardes nomades et policiers qui sont stationnés. Près d’une centaine de véhicules sont garés là, prêts à arpenter les rues des quartiers Atrone, Kamnda, Abena.
Aux quartiers Moursal, Paris-Congo, Ardep-djoumbal, Kabalaye, Sabangali, le calme règne. Même scène à Walia, où la manifestation du 27 avril a été la plus violente. Interrogé, un jeune affirme que le jour choisi pour la marche ne convient pas. « Le mardi, les gens sont occupés par leurs activités. Sinon le samedi, c’est le week-end et il n’y pas vraiment d’activités. Donc je propose aux organisateurs de revoir leur stratégie », conseille-t-il.
Ceux qui sont sortis marcher se sont divisés en petits groupes chacun dans son quartier exigeant la démission de la junte, brûlant pneus et drapeaux français tout en dénonçant l’UA en signe de mécontentement du soutien de cette institution à la junte militaire.
Bilan
Plusieurs arrestations ont eu lieu à N’Djamena. M. Yasine Abdramane Sakine, président du parti réformiste a été arrêté et plusieurs autres dans les villes du sud du pays où les citoyens ont répondu à l’ordre de manifester du mouvement Wakit Tama.
Il faut le rappeler, le 7 mai, le gouvernement de transition en place au Tchad a autorisé les manifestations pacifiques assorties des conditions. Depuis cette date, deux marches ont été autorisées, respectivement le 12 et le 15 mai. Ces marches qui s’apparentent à un soutien à la junte militaire au pouvoir ont été encadrées par la Police. Deux autres marches sont autorisées ce 20 mai.
Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar