Le Conseil paix et sécurité de l’Union Africaine (UA) se réunit ce 10 mai à Addis Abeba, en Éthiopie suite à la situation sociopolitique au Tchad. Il va se pencher sur le rapport de la mission de l’UA envoyée à N’Djamena, le 29 avril sou l’égide du Nigérian Bankole Adeoye et l’ambassadeur djiboutien, Mohamed Idriss Farah, président du Conseil de paix et sécurité de l’UA. Des décisions sont attendues à l’issue de cette réunion.
Le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine examine le rapport de sa mission dépêchée semaine dernière à N’Djamena, capitale tchadienne, suite à la situation sécuritaire du pays. Il faut rappeler qu’après le décès du président tchadien Idriss Deby, l’armée s’est emparée du pouvoir et a mis à la tête Mahamat Idriss Deby Itno, fils du défunt chef de l’État. Un Comité Militaire de Transition (CMT) a été mis en place suscitant des contestations de l’opposition politique démocratique et de la société civile. Ces mécontents dénoncent un coup d’État institutionnel et réclament un retour à l’ordre constitutionnel. Depuis lors des manifestations pacifiques violemment dispersées se répètent à travers le pays. Conséquences, des Tchadiens meurent et sont blessés graves pour avoir manifesté. Ce lundi, cette réunion du Conseil de sécurité de l’UA va se servir des éléments recueillis dans le rapport de mission afin de prendre des à l’encontre du Tchad. Sanctions ou pas sanctions.
Des sources révèlent que le rapport de l’enquête de l’UA au Tchad pose aussi des conditions au Conseil militaire de transition qui a pris le pouvoir. Le rapport note entre autres, le respect strict d'une transition de 18 mois maximum, l'organisation d'un dialogue national inclusif aboutissant sur un partage du pouvoir entre militaires et civils, comme cela s'est fait au Soudan. Rappelons que le Conseil paix et sécurité semble divisé sur une ligne de conduite face à la situation qui prévaut au Tchad. Selon les sources divergentes, certains pays proposaient la suspension du Tchad de l’UA en raison de la prise de pouvoir qu'ils qualifient de « coup d'État militaire ». D’autres proposaient à l’UA de déroger exceptionnellement à ses principes et d’accompagner la transition au Tchad. Car, argumentaient-ils que ce pays « est un verrou essentiel contre le terrorisme en Afrique et qu'il est fragile ».
Sur les traces de la mission de l’UA
Le Conseil paix et sécurité de l'UA a envoyé le 29 avril sa mission au Tchad. Cette mission a rencontré les nouvelles autorités, à commencer par le chef du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby, fils de l’ancien président, les partis d’opposition, les organisations de la société civile, les diplomates en poste à Ndjamena ainsi que les représentants des organisations religieuses. Objectif : veiller à la bonne marche de la transition en cours.
Signalons qu’une manifestation timide a eu lieu le 8 mai, violemment dispersée par la police. La coordination des actions citoyennes a déploré une dizaine de blessés dont trois graves et une cinquantaine d’arrestations sur l’ensemble du territoire. Le Procureur de la République de Ndjamena note une vingtaine d’arrestations dans la capitale et un manifestant blessé par balle réelle. Le 19 avril, Addis Abeba, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat avait réitéré l’attachement indéfectible de l’UA aux solutions pacifiques des problèmes africains par la voix du dialogue et de la recherche du consensus.
La France a salué, lundi dernier la formation par la junte d'un gouvernement de transition dirigé par un Premier ministre civil incluant plusieurs membres de l'opposition. Elle demandait aussi que la transition soit d'une durée limitée. Paris relevait que limiter la transition permettrait au retour rapide à des institutions démocratiquement élues. La France affirmait aussi soutenir l’initiative de l’UA d’accompagner le Tchad dans la transition.
Moyalbaye Nadjasna