Le Tchad célèbre ce 27 mars la journée mondiale du théâtre (JMT). La rédaction a échangé avec quelques artistes professionnels, passionnés de ce métier.
Mako Fiz alias « Le Chinois Noir », de son vrai nom Fizouné Richard, web-humoriste, créateur des contenus, la célébration de cette journée doit rappeler les hommes et femmes de théâtre l'importance de cet art. Il soutient qu'elle doit aussi rappeler les autorités l'existence de ce secteur incontournable pour la sensibilisation, l'éducation, etc. afin de mettre des moyens pour le théâtre tchadien. Selon Mako, les comédiens tchadiens ont toujours fait de leur mieux surtout avec amour et dévotion pour représenter le Tchad partout où ils peuvent, « mais le manque d'accompagnement fait que ce secteur a dû mal à décoller comme ailleurs », dit-il. Le web-humoriste a pris son propre exemple pour illustrer les difficultés de ses confrères, « personnellement je me sens vraiment artiste que quand je suis en dehors du Tchad. Parce qu'on reconnaît simplement l'importance de ce que je fais », a-t-il expliqué. Il estime que l'artiste tchadien a d'abord un problème de reconnaissance chez lui, « le statut de l'artiste est encore en grossesse. Quand il sera né, on espère que l'artiste aura un petit budget pour ses créations, des salles de spectacles qui répondent aux normes internationales, le droit d'auteur et l'accompagnement du ministère de tutelle », a-t-il lâché. Mako pense qu'il est temps que la population et les autorités s'investissent à bras le corps pour le décollage de ce pouvoir, « sinon c'est le Tchad qui perd », dit-il.
Alhadj Tawa, artiste, présent sur scène depuis de nombreuses années dit être heureux de célébrer cette journée étant à l'extérieur du pays. Tout comme Mako, Tawa a souligné les difficultés du théâtre au Tchad. Il estime que le véritable problème, c'est « la négligence des responsables chargés même de cette plateforme culturelle, le manque d'attention et d'ouverture pour la formation, manque de la promotion culturelle surtout le 6e Art, manque d'implication de la haute autorité de l'État », a-t-il relevé. Il souligne que le théâtre tchadien peut se faire une place si un investissement conséquent est fait de la part des artistes et des autorités.
L'artiste Abicho Abouna alias Gagnarké n'est pas du reste. Il est présent sur scène depuis 30 ans. Il explique que le théâtre tchadien est en retard, « mais ces dernières années, la population y compris le gouvernement commence à prendre conscience de ce métier fédérateur et de cohésion sociale », a-t-il déclaré. Il affirme qu'il y a des difficultés qui font en sorte que ce métier stagne dû à l'absence des écoles de professionnel, manque de soutien financier, des salles de spectacle, etc. « Dommage, que ces derniers temps, des « tiktokeurs » usurpent le titre d'artiste et sont considérés plus que nous les professionnels de ce métier », s'est-il plaint. Il exhorte le gouvernement d'union nationale à sa tête le Premier ministre et aussi le Président de Transition à trouver un cadre idéal pour que le théâtre tchadien trouve sa lettre de noblesse.
Abderamane Moussa Amadaye