Eaux, électricité, carburant, gaz et denrées alimentaires sont des nécessités du quotidien dans la vie des ménages. Au Tchad, l’accès à ces besoins vitaux est un problème sérieux. Une situation qui rend difficile la vie des Tchadiens. Un véritable casse-tête. Qu’est-ce que pourrait être à l’origine ? Chronique.
Difficile à comprendre et très difficile à réaliser aujourd’hui à N’Djamena capitale tchadienne. Depuis une semaine, les ménages souffrent pour recharger leurs bonbonnes de gaz butane. A brouette, à moto ou en véhicule, des chefs de famille et des majordomes ou « domestiques » parcourent des quartiers sans lueur d’espoir. Interrogation. Mystère et boule de Crystal. Comment ces ménages se débrouillent pour, ne serait-ce que, faire la cuisine ? Voilà la pénurie sévit. Et le charbon et le bois de chauffe sont interdits. Le Tchadien se demande dans combien de temps encore son ménage va continuer à en souffrir ?
Hier c’était la pénurie du gasoil qui défrayait la chronique dans les médias. Jusque-là aucune raison claire n’a pu élucider cette pénurie à N’Djamena et sur le territoire national. Aucune explication. Ni la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT), ni l’Autorité de Régulation du Secteur pétrolier Aval Tchad (ARSAT) d’ailleurs suspendue, ni la mini-raffinerie aucune de ces institutions pétrolières n’a daigné dire un mot aux Tchadiens. Ils croient ne pas redevables à la population tchadienne. Eux, les intouchables de ce qui reste de cette république de clans, des amis, des familles et des brillants incompétents.
L’eau c’est la vie, l’électricité, c’est la vue, a-t-on coutume de scander la Société nationale d’électricité et celle des Eaux, dans ses spots publicitaires qui courroucent les téléspectateurs. Des sociétés d’État qui existent sans rendre les services auxquels les abonnés ont droit. Elles se permettent encore de croire qu’elles servent les Tchadiens. Tellement les Tchadiens peinent au quotidien pour profiter de leurs services qu’ils immigrent peu à peu vers le solaire, affectueusement appelés « panneaux ». Bientôt, espérons que ces sociétés feront faillite. Et c’est tant mieux pour tous…enfin peut-être.
La souffrance est partout que dans certains quartiers, lorsqu’il n’y a pas l’électricité, que lorsque l’eau ne coule plus, les gens se rouent vers les pompes à motricité humaine chez les voisins. L’électricité alors, c’est carrément la terreur des N’Djaménois. L’électricité arrive, s’il arrive à 1heure du matin pour être repris dès 7h. La majorité des Tchadiens des vieux quartiers centraux dorment dans le noir, vivent dans le noir. Et se réveille le lendemain avec des dirigeants aussi ténébreux et magouilleurs dans leurs décisions que fanfarons dans leurs promesses. Ils n’anticipent rien. Ils ne prévoit rien. Ils n’ont aucune solution, navigue à vue. Alors que gouverner c’est prévoir, et prendre soin des siens. Gouverner pour eux c’est rester dans le déni. Dans l’obscurité de l’incompétence.
J’erre en ville à la recherche de ma bonbonne de gaz. Et d’un peu de lumière. Je n’ai toujours pas trouvé ma bonbonne de gaz. Mon quartier est plongé dans l’obscurité. Mon « taco » manque de carburant, les stations-services manquent d’essence et de gasoil. J’ai de la peine pour mon pays, pour tous ces braves gens qui se remettent toujours à Dieu, à Allah. Je suis tenté de paraphraser le titre du roman du défunt écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma… « Allah n’est pas obligé », ce titre va parfaitement à ce pays. Les pénuries ne sont pas l’affaire de Dieu, mais celle d’hommes et d’incompétence.
Moyalbaye Nadjasna