Réunion sur la sécurité : Feu vert pour la répression des manifestants ?

Written by  Mai 17, 2022

La marche organisée par la coordination des actions citoyennes Wakit Tama le 14 mai dernier a fait tache d’huile dans la sphère politique tchadienne. Au lendemain de cette marche, le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby a présidé la réunion mensuelle sur la sécurité avec les membres du gouvernement de transition. Il a instruit les forces de sécurité et le corps judiciaire d’appliquer la loi dans toute sa vigueur face au débordement de la marche. Ainsi, les leaders de Wakit Tama dont Me Max Loalngar sont mis aux arrêts. Chronique décryptage avec un analyste politique.

Dans sa communication à la réunion mensuelle de sécurité au lendemain de la marche organisée par la coordination des actions citoyennes Wakit Tama, le PCMT a instruit son gouvernement à appliquer la loi dans toute sa vigueur. Il appelle ainsi les magistrats et les acteurs de l’appareil judiciaire à jouer pleinement leur rôle face à ce qu’il appelle dérive et trouble à l’ordre public. Allusion est faite ainsi au débordement des marcheurs le 14 mai dernier qui sont allés saccager quelques stations-service de la compagnie française Total Énergies. Pour lui, la marche est une grande responsabilité au même titre qu’elle doit être un droit fondamental. Il lève l’équivoque sur l’amalgame qui règne entre marcher pacifiquement pour exprimer son opinion et marcher pour causer des troubles à l’ordre public. « La marche doit strictement être soumise à des règles bien définies et comprises par tous. Le droit implique de devoir, le non-respect des règles qui définissent le droit et les devoirs des uns et des autres doit être établi et soumis à la rigueur de la loi », a-t-il précisé. Il ajoute que nul n’a le droit de porter préjudice aux avoirs des étrangers qui vivent légalement au Tchad ni les pays amis et frères qui ont fait le choix d’investir au pays. Au lendemain de cette communication, les leaders de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama sont traqués et mis aux arrêts. La dernière arrestation est celle du coordonnateur de Wakit Tama Me Max Loalngar ce mardi 17 mai 2022. Ces arrestations sont parfaitement illégales et sont exécutées de la manière la plus rébarbative possible.

Pour l’analyste politique Dr Evariste Ngarlem Toldé, une menace réelle plane sur les libertés collectives et individuelles suite à cette communication du PCMT. Et que l’on est en train de restreindre le droit de manifester qui est un droit constitutionnel. Selon Dr Évariste, le Tchad amorce un recul démocratique même si le pays est sous un régime d’exception. Il souligne que ce sera désormais un bras de fer entre les sociétés civiles et les pouvoirs publics parce que les partisans de Wakit Tama ne se laisseront pas faire. « Ce sera une situation chaotique vu les répressions, les arrestations et les tueries. Cette communication du PCMT laisse présager que le gouvernement prendra des dispositions pour interdire les marches prochaines. On est en train d’avancer sur un chemin glissant où on risque d’arriver à une transition sans un dialogue national et souverain et qui aboutira à d’interminables manifestations ». L’analyste politique de préciser que e gouvernement ferait mieux d’encadrer les manifestations que d’empêcher les gens de manifester. Il suffit de les encadrer. Sinon cela donne l’impression que le gouvernement et le Conseil militaire de transition (CMT) avaient, bien avant, l’intention d’arrêter les leaders de Wakit Tama même s’il n’y avait pas ces casses.

Kouladoum Mireille Modestine

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