Depuis une semaine, le village Oundouma, situé à environ 20 km de la Sous-préfecture de Koundoul accueille un flux de réfugiés. Il sont plus de 10 000 en situation de détresse. Ils proviennent du Cameroun voisin fuyant un conflit meurtrier qui a opposé les Arabes au Massa Mosgoum. Retour sur l’état des lieux du site d’accueil et le plaidoyer de ces réfugiés. Reportage.
Sur leur visage désemparé, se lit la désolation. Ce sont la plupart des chefs de famille qui sont sans repères. Les enfants très nombreux certains jouent sous une fine pluie qui crépite sur des petites marres d’eau boueuse sur le site argileux de l’école officielle d’Oundouma. D’autres enfants assaillis par la faim éclatent en sanglot sous les regards tristes de leurs parents. Ils viennent du Cameroun voisin, naguère pays stable, fuyant le conflit meurtrier qui a opposé, lundi 10 août 2021 dans la zone de Ngassa. Selon les sources concordantes, la cause de ce conflit serait liée à des trous creusés par les massa Mosgoum pécheurs pour capturer les poissons après l’inondation. Les Arabes des éleveurs estiment que ce n’est pas une bonne idée et demandent que ces trous soient refermés. Les pécheurs refusent et le conflit a dégénéré. Raïsse Brahim est habitant du village Oundouma, il est chargé de communication de l’organisation du village d’accueil. Selon lui, tout le village Oundouma était surpris le 11 août dernier par cet important afflux des réfugiés vers 5heures du matin. C’est plus de 10 000 personnes soit environ 2001, ménages de 5 personnes par famille.
Brahim Martin Assinga, réfugié venu du village Kidam. « Je n’ai pas une idée sur le nombre de morts, mais beaucoup de personnes ont perdu leurs vies. Depuis notre arrivée au Tchad, nous avons été bien accueillis. D’abord par la population de Oundouma, ensuite par les organisations en charge du dossier. Il y a les forces de sécurité qui veille sur nous nuit et jour. C’est rassurant. Nous sommes très reconnaissants envers le Tchad, un pays très hospitalier », dit-il. Pour le chef de village Sidam coté Cameroun, c’est par contrainte qu’il est là. « Vraiment, je trouve cette situation pénible étant donné que nous sommes des pères de famille. Et nous nous retrouvons dans une pareille situation, impuissants, devant nos enfants qui ont faim. Nous sommes presque à une semaine. Je vous assure à l’heure où je vous parle, j’ai tout perdu, cabris, poulets, canards. Je me demande comment je vais me réorganiser », confie-t-il. Il souligne par ailleurs qu’ils ne sont pas concernés par le conflit, c’est un problème entre Massa et Arabe qui finalement les font payer les pots cassés. Eldjima Alloaou, une autre réfugiée, « nous souffrons avec cette pluie qui ne s’arrête pas depuis notre arrivée. Nos enfants ont faim, nous sommes reconnaissants pour l’accueil et la sécurité au tour de nous, mais nous avons faim. Je pense que nous ne demandons pas trop n’est-ce pas ? »
Ce sont des milliers des personnes qui ont d’abord trouvé refuge au village Liberia avant d’être relocalisés à Oundouma. La situation semble critique, mais les organisations humanitaires sont à pied-œuvre pour leur porter assistance..
Moyalbaye Nadjasna