Après la levée des mesures restrictives prises par le gouvernement dû à la Covid-19, pour limiter le nombre des passagers dans les minibus et taxis, les vieilles habitudes ont repris. Les passagers sont embarqués au-delà de nombre de places et contraints à payer plus cher. Nos équipes de reporters sur le terrain ont sillonné quelques stations des minibus à N’Djamena. Reportage.
Depuis l’arrivée du covid-19 au Tchad, le gouvernement a pris des décisions pour instaurer des mesures barrières afin de stopper la propagation de la pandémie. La suspension de la circulation des minibus est l’une des décisions. Après un temps de chômage, les chauffeurs des minibus ont reçu l’autorisation de reprendre le travail et de circuler librement. Cette autorisation est conditionnée par le respect strict du nombre des passagers : pas plus de 10 passagers. Le non-respect de cette mesure est sanctionné par une amende. Cette décision a conduit le Syndicat National de Transports en Commun Urbains, inter urbain et Provincial du Tchad (SYNAT) à prendre aussi une décision d’augmenter le prix du transport. Mais ce dernier temps, le constat montre le contraire, les chauffeurs ne respectent plus la décision de l’État. Ils continuent à prendre le double du prix initial. Ce comportement inadmissible est à l’origine de frustration chez bon nombre de passagers. Pour le chargé de la communication du SYNAT Mahamat Ahmat Hassan Harre, depuis que les autorités ont levé le mot d’ordre limitant les places dans les minibus, le syndicat a pris une nouvelle décision en fixant à quatre passagers par chaise pour un tarif de 150F ou 100F par client selon la distance.
Toutefois, sur le terrain, la réalité est autre. Les chauffeurs n’appliquent pas les prix fixés par le syndicat de transporteurs. « Les chauffeurs trompent les clients, les prix ont changé, c’est redevenu normal comme avant la pandémie », a dit le chargé de communication de SYNAT. Il demande à la population de refuser de se faire escroquer par des agents de bus qui leurs font payer le double du prix. Il précise que les chauffeurs qui refusent d’appliquer la décision répondront à une commission d’enquête qui sera mise sur pied , « on va mettre sur pied une commission d’enquête qui fera un contrôle. Les contrevenants seront amendés », ajoute-t-il.
Au marché à mil
À l’arrêt des minibus du marché, les chauffeurs et leurs apprentis ne respectent pas le prix fixé par le syndicat. Ils n’appliquent que ce qui est autorisé par leur délégué. Ils embarquent 3 personnes par siège pour une somme de 250 f par passager. Pour le délégué des transporteurs de ce marché, leurs transporteurs respectent la limitation de nombre de places. « Ici, nous prenons 3 personnes et chaque passager paye 250f pour aller à Farcha et 150F pour le marché de Dembé », explique-t-il sous le sceau de l’anonymat. Selon lui, ceux qui prennent 4 passagers à 250f sont des escrocs, et donc ils ne sont pas dans leur organisation. Selon Isaac Ousman, chauffeur de minibus au marché à mil, ils ont leur organisation, celui qui ne respecte pas, il paye une amende de 6.000 FCFA. « Nous avons un délégué qui surveille tout. si un chauffeur prend plus de trois passagers par chaise, il le rappelle à l’ordre», confie-t-il.
Ces difficultés dans les transports en commun à N’Djamena sont constatées dans presque tous les terminus des bus.
Toutefois, les clients réfutent certaines allégations des transporteurs. Selon eux, les chauffeurs refusent délibérément de diminuer le prix de transport urbain. Beaucoup de clients se font ainsi arnaquer par les apprentis des minibus en payant le double du tarif normal. « Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’ils prennent 3 personnes à 250f. Au début, c’était deux personnes par siège à 250f. Normalement le prix c’est 200f », dit Clémentine une usagée rencontrée au marché à mil. En abondant dans le même sens, Halimé, passagère témoigne, « Hier j’ai pris un bus ici au marché à mil, on était 4 personnes par siège. J’ai payé 250f. Quand on donne un billet, ils prennent 250f, mais si tu as la monnaie, ils prennent 200f. Par contre, ils refusent systématiquement de prendre 150f. » Un autre passager Éric préfère prendre le taxi pour éviter les entourloupes des chauffeurs des minibus. Selon lui, les chauffeurs de taxi au moins respectent le prix fixé par le syndicat des transporteurs.
Beaucoup de passagers lancent un appel aux autorités compétentes pour faire respecter les décisions. En attendant une éventuelle nouvelle décision, les chauffeurs et les apprentis se frottent les mains.
Orthom L’or