Le Tchad a fêté sa 61e année d’indépendance hier mercredi 11 août. Le Conseil Militaire de la Transition (CMT) et certaines personnes ressources souhaitent une transition apaisée pour un Tchad meilleur. Reportage.
13 heures passées lorsque le défilé militaire marquant les 61 ans du Tchad est terminé à la place de la nation de N’Djamena capitale du Tchad. En face de nous se trouve une trentaine de responsables, nous rencontrons Monsieur Nassour Guelendougssia Waïdou, ancien premier ministre qui s’apprête à quitter. Il accepte de répondre à nos questions. « En 1960 j’avais 13 ans, 60 ans après c’est-à-dire, en 2021, je suis à 74 ans. Je remercie le Bon Dieu de m’avoir permis d’avoir cet âge. Cela m’a permis aussi de me mettre au service de ma nation un tant soit peu. Quand on est responsable, on pense aux autres et non au soi-même. Aux jeunes frères, je leur demande de penser d’abord à leur vie, on ne travaille pas pour soi, mais pour le peuple. C’est tout ce que je peux dire », déclare-t-il. Un peu à ses côtés se trouve, madame le ministre Secrétaire général Adjointe du gouvernement. D’un air très jovial, s’exprime « Si sur le plan militaire nous avons su nous positionner dans la sous-région, pour le développement économique de notre pays, il reste encore beaucoup à faire. C’est la raison pour laquelle, je souhaite de tous mes vœux la paix pour notre pays afin qu’on puisse aussi décoller à l’instar des autres pays. »
Plus loin, on aperçoit un ex-secrétaire général du MPS, Emmanuel Nadingar, mais aussi juste à sa droite, un leader religieux Bishop Amane Mamaté, Président de l’Alliance des Églises Pentecôtistes au Tchad. Selon Emmanuel Nadingar, commémorer un anniversaire c’est en même temps une occasion de réjouissance, mais aussi un espoir pour un peuple. « C’est quand on est rassuré qu’on peut libérer son énergie. Je pense que nous devons mobiliser ensemble notre volonté pour construire positivement notre pays », estime-t-il. Pour le leader religieux, Bishop Amane Mamaté, C’est une fierté d’avoir une longévité de 60 ans. Il indique que pour un pays, c’est petit, mais pour un homme c’est important, avant de préciser que l’âge de 60 ou 61 c’est l’âge mur. D’après lui, s’il fallait faire une évaluation de 61 ans d’indépendance du Tchad, c’est triste. Ce qu’il faut peut-être faire dit-il, c’est de s’asseoir et réfléchir chaque année sur notre devenir. « Je souhaite que les Tchadiens déposent les armes. Vous avez vu le défilé avec les armes de tous les calibres. Si on réfléchit ensemble, Ce n’est pas pour tuer un Français, un Russe ou ceux qui nous les ont vendus, mais on tuera un Tchadien. Il faut réfléchir à la façon qu’il faut construire et non de se tuer », affirme l’homme de Dieu. Bishop Mamaté informe qu’ils reviendront prier pour la paix de la nation. Selon lui, si les Tchadiens n’ont pas la volonté de faire la paix, Dieu n’oblige personne. « La paix vient aussi de la volonté de tourner le dos au mal. Les Tchadiens doivent dépasser leurs préjugés et construire leur pays, car l’avenir de leurs enfants en dépend », lance-t-il.
Le président du CMT s’adressant à la nation tchadienne
Le président du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Deby Itno s’est adressé, la veille, 10 août à la nation. Selon lui, le CMT obéit au souci cardinal de faire face à l’urgence absolue. Cette urgence précise-t-il, c’est de devoir défendre le Tchad contre toute agression et de préserver les acquis de paix et de la stabilité puis garantir ainsi, l’unité et la cohésion nationale. Pour lui, la guerre n’est pas finie et la menace d’attaques par d’autres groupes armés venus de l’étranger demeure. Il insiste sur l’objectif du CMT qu’est d’assurer la continuité de l’État, la survie de la nation et l’empêcher de sombrer dans le néant, la violence et dans l’anarchie. « La seule et unique raison d’être du CMT, c’est le Tchad, le Tchad éternel. Dans un sursaut patriotique, nous devons faire taire les rancœurs et les incompréhensions, transcender les intérêts égoïstes et surmonter les divisions pour nous concentrer sur l’essentiel, l’intérêt supérieur du Tchad. Aucun pays ne peut avancer sur le chemin du progrès si la haine est le pain quotidien de ses filles et de ses fils », note-t-il. Mahamat Kaka, informe que dans les prochains jours, et après les consultations en cours, un Conseil National de Transition, représentatif de toutes les provinces et de toutes les forces vives de la Nation sera également mis en place de façon consensuelle et concertée. Il explique que le CNT va exercer un contrôle législatif de l’action gouvernementale afin d’offrir au pays les bases d’une nouvelle constitution.
« L’objectif du processus est de nous permettre d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes dans les meilleurs délais. La démocratie et la liberté introduites au Tchad en 1990 sont et resteront des valeurs irréversibles ».
Moyalbaye Nadjasna